Jeudi 24 mars, Ramzan Kadyrov a assuré que ses troupes avaient pris le contrôle de la mairie de la ville portuaire du sud-est de l’Ukraine.
Les combats sont de plus en plus intenses sur le territoire ukrainien. Après l’attaque russe au phosphore blanc sur la ville d’Irpin, ce serait la mairie de Marioupol qui serait tombé aux mains des soldats tchétchènes ce jeudi, si l’on en croit les dires du dirigeant Ramzan Kadyrov. « Les gars rapportent par radio qu’ils ont libéré le bâtiment de l’administration de Marioupol et qu’ils y ont hissé notre drapeau« , les forces ukrainiennes ont « abandonné leur positions« , a-t-il déclaré dans un message publié sur Telegram. Avant d’ajouter : « Inch’Allah, Marioupol sera bientôt complètement nettoyé« .
Néanmoins, dans une vidéo publiée quelques heures après sa déclaration, les images ont démontré qu’il s’agissait en réalité que d’un seul bâtiment officiel de la périphérie. Le maire adjoint de la ville concernée, Petro Andriyouchenko, l’a d’ailleurs confirmé sur LCI vendredi : « Ce n’est pas vrai. Les occupants ne savent où se trouvent notre mairie. Les images qu’ils ont diffusées montrent la périphérie. C’est un grand mensonge« .
Mais alors, qui est Ramzan Kadyrov ? Quel rôle a-t-il dans la guerre en Ukraine ? On vous explique.
Un bras droit de Vladimir Poutine
Âgé de 45 ans et père de 10 enfants, Ramzan Kadyrov est un fidèle du président russe. « Il a proposé à Poutine d’être une sorte de bras armé au service de l’armée russe, d’envoyer des groupes tchétchènes pour participer à des opérations, en devançant parfois l’armée russe« , raconte Jean Radvanyi, géographe et spécialiste de la Russie, pour Marianne.
À la suite de la chute de l’URSS en 1991, deux guerres éclatent opposant les Tchétchènes en quête de leur indépendance face à la Russie. Son père Akhmad Kadyrov, président de la Tchétchénie à l’époque, se fait assassiné dans un attentat à la bombe en 2004. Son fils Ramzan endosse alors son premier rôle politique : vice-président du gouvernement. Puis par la suite, il devient Premier ministre et est finalement nommé président du pays membre de la fédération de Russie par Vladimir Poutine en 2007.
Accusé de violations des droits de l’Homme
Depuis le début de son mandat, plusieurs journalistes et défenseurs des droits de l’Homme ont accusé Ramzan Kadyrov d’avoir instauré une dictature. Lutte anti-LGBT, droits des femmes mis à mal… Sa politique est très controversée.
- Les débordements des « Kadyrovtsy »
Créée de toute pièce, cette milice regroupe quelques milliers de soldats tchétchènes sous les ordres de Kadyrov. Ces derniers sont appelés les « Kadyrovtsy « . Ils ont la réputation d’être des mercenaires sanguinaires utilisés comme renforts aux forces de sécurité intérieures russes. En plus d’être responsables d’un nombre considérables d’exactions dans le pays, les Kadyrovtsy se déploient également à l’international. Ce fut le cas notamment en Syrie en 2016 et plus récemment dans le cadre l’invasion russe en Ukraine.
Ces hommes de main ont été accusés à de nombreuses reprises par des associations de protection des droits de l’Homme pour des enlèvements, meurtres et actes de tortures.
- Droits des femmes imposées
En Tchétchénie, « les autorités tchétchènes imposent aux femmes l’obligation de se vêtir suivant les règles de l’islam, et tolèrent des agressions violentes contre celles dont la tenue est jugée indécente« , relève l’ONG Human Rights Watch dans un rapport. Disparations suspectes, mariages forcés peu importe l’âge et meurtres, font également partie du quotidien des femmes tchétchènes.
- Chasse aux homosexuels
Mis en place en 2017, la campagne anti-LGBT bat son plein depuis trois ans déjà. Selon une journaliste de la Novaïa Gazeta (média de l’opposition russe) et plusieurs ONG, l’armée tchétchène arrête, détient dans des « prisons secrètes » et torture tout personne homosexuelle. Des accusations auxquelles le président Ramzan Kadyrov a répondu sur la chaîne HBO Real Sport en juillet 2017 : « Nous n’avons pas ce genre de personne ici. Nous n’avons pas de gays et s’il y en a, emportez-les au Canada. Prenez-les loin d’ici pour que nous n’en ayons pas chez nous, pour purifier le sang de notre peuple « .
