Le chef du Hamas est décédé à Téhéran à cause d’une frappe israélienne. La nouvelle a été confirmée ce matin par le mouvement islamiste palestinien. Ismaïl Haniyeh s’était rendu à Téhéran pour assister à la prestation de serment du nouveau président iranien, Massoud Pezeshkian.
Leader politique exilé, proche d’Erdogan, mandat d’arrêt international, Ismaïl Haniyeh a eu une vie bien remplie. Une vie, qui s’est arrêtée mercredi à Téhéran à cause d’une frappe revendiquée par Israël. Il était dans la capitale de l’Iran pour la cérémonie d’investiture du nouveau président iranien, Massoud Pezeshkian. Agé de 61 ans et exilé volontairement, Ismaïl Haniyeh vivait entre la Turquie (dont il avait acquis la nationalité en 2020) et le Qatar, d’où il dirigeait le bureau politique du Hamas.
Originaire de Gaza
Ismaïl Haniyeh né au nord de la bande de Gaza, dans le camp de réfugiés al-Chati’, le 23 mai 1963. Studieux, il est diplômé en 1987 de l’Université islamique après avoir obtenu une licence en littérature arabe. Ensuite, il obtient un doctorat de l’Université islamique en 2009. Il a travaillé comme membre du Conseil étudiant de l’Université islamique de Gaza entre 1983 et 1984. L’année suivante, il a été désigné comme président du Conseil estudiantin.
L’homme commence son activité au sein du « Bloc islamique », qui représentait la branche étudiante des Frères musulmans, dans la bande de Gaza. À la création du Hamas en 1987, Ismaïl décide de les rejoindre, lors de la première intifada, la « Guerre des pierres » (1987-93). Emprisonné à plusieurs reprises, il est expulsé par le gouvernement israélien de Yitzhak Rabin vers le Liban en 1992. Lorsqu’il retourne à Gaza, un an plus tard, il est nommé doyen de l’Université islamique.
Homme de confiance au sein du Hamas
Maintenant membre du Hamas, Ismaïl Haniyeh se rapproche d’Ahmed Yassine, chef spirituel du Hamas tué en 2004 par Israël. Très proches, il deviendra l’homme de confiance de Yassine. Cette même année, il devient chef du mouvement Hamas dans la bande de Gaza, suite au martyre du Dr Abdel Aziz al-Rantissi. En vue des législatives palestiniennes de 2006, il est à la tête de la liste « Changement et Réforme », qui remportera ces élections. Le 20 février 2006, il endosse le rôle de Premier ministre de l’Autorité palestinienne présidée par Mahmoud Abbas. C’est à ce moment-là qu’il se fait connaître aux yeux du monde. Dans un contexte de guerre civile avec le Fatah, il ne reste en poste qu’un an.
Toujours lié au Hamas, en mai 2017, il est élu chef du bureau politique du mouvement, succédant à Khaled Meshaal. Ismaïl Haniyeh a été victime de plusieurs tentatives d’assassinat. La dernière avant ce mercredi date de 2003. Des avions israéliens ont mené un raid visant un groupe de leaders de la résistance, à la suite d’une opération martyre des Brigades al-Qassam. L’homme était le père de treize enfants dont certains sont morts dans les bombardements sur Gaza et soupçonnés par l’Etat hébreu d’être des combattants de la branche armée du groupe terroriste.
La cible numéro 1 d’Israël
En exil depuis plusieurs années entre le Qatar et la Turquie, il était la cible numéro 1 de Jérusalem depuis l’attaque terroriste du 7 octobre 2023. En effet, Ismaïl Haniyeh faisait l’objet d’un mandat d’arrêt émis par la Cour pénale internationale (CPI). Son potentiel rôle dans cette attaque avait éveillé les soupçons. Auparavant, il avait affirmé en 2012 que « le Hamas ne reconnaîtra jamais Israël ». En ajoutant : « La lutte des Palestiniens continuera jusqu’à la libération de la totalité de la terre de Palestine et de Jérusalem, et le retour de tous les réfugiés palestiniens chez eux ».
Jérusalem a atteint sa cible ce mercredi, profitant de la présence d’Ismaïl Haniyeh à Téhéran. Sa mort maintenant confirmée, le Hamas a condamné « un acte lâche, qui ne restera pas sans réponse ».