Selon les croyances populaires, la fête nationale française célèbre la prise de la Bastille, événement clé de la Révolution française survenu le 14 juillet 1789. Cependant, bien qu’elle y fasse inéluctablement référence, la fête nationale a été instituée pour célébrer la Fête de la fédération du 14 juillet 1790, journée d’union nationale où une foule fut réunie autour du roi Louis XVI qui prêta serment à la Nation et à la loi. Cette journée particulière donne lieu chaque année à un défilé militaire sur les Champs-Élysées, ainsi qu’à une multitude de feux d’artifices dans tous le pays et l’organisation de divers bals populaires.
Période comprise entre l’ouverture des États généraux le 5 mai 1789, et le coup d’État du 18 brumaire de Napoléon Bonaparte le 9 novembre 1799, la Révolution française est l’une des périodes cruciales de l’histoire de France, puisqu’elle marque la fin de l’Ancien Régime, ainsi que celle de la société d’ordres et des privilèges. La portée universelle de ses idées dont l’ampleur toucha une large partie de l’Europe continentale en font d’autre part, une étape importante de l’Histoire en général. Le bouleversement historique, tout autant que les massacres dont elle fut la cause, demeurent une source inépuisable de débats et une référence aussi bien positive que négative depuis plus de deux siècles.
La Révolution française a été de nombreuses fois traitée ou simplement évoquée au cinéma, et toujours dans des styles très différents. De manière « humoristico-historique » par exemple, dans le film culte de Sacha Guitry, Si Versailles m’était conté… sorti en 1954. Ce long-métrage est connu pour sa distribution prestigieuse et la qualité de narration propre à son auteur. Une séquence particulièrement célèbre met en scène les journées des 5 et 6 octobre 1789 : une foule assiège Versailles, avec à sa tête une paysanne incarnée par Edith Piaf entonnant le Ah ! ça ira. Une autre scène pour le moins cocasse présente six grands personnages autour d’une table, spéculant sur la peine de mort : Louis XVI, Marie-Antoinette, la Princesse de Lamballe, Maximilien de Robespierre, Antoine Lavoisier et André Chénier. À la fin de la conversation, Lavoisier déclare : « Je ne me vois pas mourant sur l’échafaud. », ce à quoi tout le monde répond : « Moi non plus. »
… « Et pourtant tous les six, ils devaient y passer. »
Une quinzaine d’années plus tard, Jacques Demy réalise Lady Oscar, qui sort sur les écrans en 1979. Il s’agit de l’adaptation d’un manga japonais à succès, La Rose de Versailles, publié à partir de 1972 et inspiré du mythe du chevalier d’Éon. Oscar François de Jarjayes est une jeune femme dont le père, militaire de carrière, n’a jamais pu avoir de fils. Après sa naissance, il décida de l’habiller et de l’éduquer comme un homme. En grandissant, Oscar devient une fine lame et est engagée en tant que garde du corps de la reine Marie-Antoinette. Si une grande partie des personnages du film ont bien existé, les protagonistes principaux, à savoir Lady Oscar et son entourage, sont totalement fictifs. Le film tourne autour de la quête identitaire et sexuel d’Oscar, tiraillé entre sa morphologie féminine et sa prédestination à devenir un homme en société, le tout sur fond de Révolution française. C’est un long-métrage assez particulier, dans la mesure où il fut une commande adressée à Jacques Demy par un producteur japonais et tourné en anglais, la grande majorité des acteurs étant britanniques.
Le réalisateur polonais Andrzej Wajda a également réalisé un film sur la Révolution française : Danton, sorti en 1983. Il s’agit d’une œuvre biographique, adaptée d’une pièce de théâtre, L’Affaire Danton de Stanisława Przybyszewska. Très bien accueilli par la critique, le film a reçu entre autre le prix Louis-Delluc 1982 ainsi que le César du meilleur réalisateur pour Andrzej Wajda. Pourtant, le scénario prend de grandes libertés par rapport à l’Histoire, et se focaliser uniquement sur un personnage pour une période aussi importante que la Révolution française sonne un peu prétentieux. De plus, Danton est une œuvre doublement historique servant à dresser un portrait de la situation politique de la Pologne en 1982, au moment où le régime communiste vient d’interdire le syndicat Solidarnosc et d’arrêter ses principaux dirigeants. Les qualités du film reposent principalement sur l’interprétation magistrale de Gérard Depardieu dans le rôle de Danton, ainsi que sur la réalisation soignée de Wajda qui font de ce long-métrage un drame psychologique oppressant.
Le grand spécialiste des films d’aventures et d’action à la française, Philippe de Broca, s’attèle à son tour à la réalisation d’un drame sur fond de Révolution française : Chouans !, sorti en 1988. L’intrigue suit une famille de noble pendant la Chouannerie, une guerre civile qui opposa républicains et royalistes dans l’Ouest de la France, en Bretagne, dans le Maine, l’Anjou et la Normandie à partir de 1792. Cette famille est sous l’autorité du Comte Savien de Kerfadec, gentilhomme éclairé et passionné de sciences, dont les enfants, tiraillés entre le souffle révolutionnaire et la résistance face à la montée de la République se déchireront. Le film bénéficie d’un casting talentueux avec entre autre Philippe Noiret, véritable monstre sacré du cinéma français, assisté de Sophie Marceau, Stéphane Freiss et Lambert Wilson. La réalisation de Philippe de Broca est toujours aussi soignée et agrémentée de reconstitutions remarquables, le tout servi par des scènes d’action réussies et un propos intelligent trop souvent délaissé : le destin de la noblesse pendant la Révolution française.
En 2006, le Marie-Antoinette de Sofia Coppola, avec Kirsten Dunst dans le rôle-titre, effectue un bon score au box-office international. Cependant, bien que les critiques soient généralement positives, toutes dénotent un beau spectacle sans aucune profondeur. L’historien Jean Tulard écrivit à ce sujet pour le Figaro : « C’est Versailles sauce Hollywood […] Tournée dans le château, l’œuvre éblouit par un déploiement de perruques, d’éventails et de pâtisseries, une symphonie de couleurs, du rose bonbon au noir crépusculaire, une musique où Rameau côtoie les rythmes modernes, le tout masquant quelques erreurs grossières et des anachronismes volontaires. » Pour faire court, l’intérêt de Marie-Antoinette réside uniquement dans son aspect esthétique, du en grande partie aux décors et aux costumes. Sofia Coppola pèche par son incapacité à représenter les mentalités de l’époque autrement que par des clichés, rendant ainsi un film dénué d’authenticité. Par ailleurs, l’une des aspirations du film est de mettre en scène les frivolités de la jeune Marie-Antoinette, mais son célèbre amant, Axel de Fersen, est absent du scénario… La Révolution n’est pas le sujet de ce long-métrage et n’est évoquée que dans la dernière partie du film.
Et enfin, en 2012, Benoît Jacquot dresse à son tour un portrait fantasmé de Marie-Antoinette dans son film Les Adieux à la reine, adapté du roman homonyme de Chantal Thomas. Le film narre l’histoire fictive de la jeune Sidonie Laborde, orpheline de père et de mère, qui vient d’être engagée comme lectrice de la reine Marie-Antoinette peu avant la Révolution française. Petit à petit, Sidonie tisse une relation avec la reine, qu’elle pense être de l’amitié… Malgré des qualités narratives et filmiques indiscutables qui lui vaudront notamment le prix Louis-Delluc, Les Adieux à la reine est un ramassis de fantasmes et de racontars comme l’on peut en souvent entendre sur les personnages historiques controversés. Passez votre chemin.
Il existe cependant un film qui a eu pour ambition de mettre en scène la période révolutionnaire, sans pour autant prendre parti et en délaissant tout fantasme historique. Il s’agit de La Révolution française, réalisé par Robert Enrico et Richard T. Heffron, sorti en 1989.
La Révolution française de Robert Enrico et Richard T. Heffron
Cette gigantesque fresque historique fut à l’origine commandée par l’État français pour accompagner les célébrations du bicentenaire de la Révolution française. Le film fut réalisé avec un budget de plus de 300 millions de francs et divisé en deux époques de près de 2h et 45min chacune : Les Années lumière et Les Années terribles. Le choix des titres renvoie à l’imagerie populaire de la Révolution française, mais également à la pensée des libéraux du XIXème siècle, comme Madame de Staël, qui démontraient la dualité de la période, entre sa face idéale de 1789, et le règne des jacobins, synonyme d’horreur et de bains de sang.
Il paraît évident que La Révolution française n’est pas intéressant d’un point de vue purement cinématographique. Le film a pourtant le mérite de présenter avec précision et pédagogie les principaux évènements ayant eu lieu entre la réunion des États généraux le 5 mai 1789 et l’exécution de Robespierre le 28 juillet 1794. Le serment du jeu de paume, la prise de la Bastille, l’abolition des privilèges, la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, les procès de Louis XVI et de Marie-Antoinette, l’assassinat de Marat, etc. autant d’évènements racontés à l’aide de moyens gigantesques : près de 200 rôles, 30 000 figurants et 40 000 costumes. L’intégralité de la période révolutionnaire n’est pas traitée dans le film, car elle s’étale jusqu’au coup d’État du 18 brumaire de Napoléon Bonaparte en 1799. Cela dit, mettre en scène les cinq dernières années de la Révolution aurait obligé à introduire des personnages historiques totalement absents du reste du film et l’aurait rendu trop long et ennuyeux.
La Révolution française jouit avant tout d’une équipe artistique d’exception. Réussir à créer une telle fresque cinématographique sur la Révolution était un pari réputé impossible, mais les producteurs Alexandre Mnouchkine et Antoine de Clermont-Tonnerre n’ont pas failli à leur mission. Pour mener à bien leur projet ils ont tout d’abord sollicité les services de Jean Tulard, historien spécialiste de la période révolutionnaire, pour coller un maximum à la réalité historique. La première partie du film fut dirigée par Robert Enrico, réalisateur du grand classique français Le Vieux Fusil, sorti en 1975 et premier lauréat du César du meilleur film. La seconde partie fut confiée à Richard T. Heffron, un réalisateur moins connu, ayant majoritairement participé à la création de séries et de téléfilms américains. La réalisation est soignée, simple, efficace et sert tout à fait convenablement son sujet. Indépendamment d’une poignée de trucages quelque peu grossiers, le film est parfaitement acceptable d’un point de vue visuel et n’a pas pris une seule ride. Le seul véritable défaut du film est du au plurilinguisme du casting, qui nécessita des redoublages français pour la plupart des acteurs étrangers. La musique du film fut quant à elle composée Georges Delerue, qui signe une partition magistrale au thème principal orgueilleux et conquérant. Ce dernier intitulé L’Hymne à la liberté fut également mis en parole et interprété par Jessye Norman, une soprano à la voix imposante également connue pour avoir chanté la Marseillaise lors de la célébration du bicentenaire sur la place de la Condorde à Paris.
Le film dispose en outre d’un casting international hors-pair. Côté français, nous avons tout d’abord Jean-François Balmer, qui, de sa voix nasillarde et son air innocent, incarne un Louis XVI irréprochable, ainsi que le jeune François Cluzet qui continue de prendre son envol après des rôles remarqués dans L’Été meurtrier (1982) et Association de malfaiteurs (1987), en livrant une interprétation touchante de Camille Desmoulins. De nombreux acteurs anglophones sont en tête d’affiche, telle Jane Seymour, la sublime James Bond girl de Live and Let Die plus belle que jamais dans la peau de Marie-Antoinette, Sam Neill dans le rôle de La Fayette, l’immense Peter Ustinov dans celui de Mirabeau, et enfin Christopher Lee, qui endosse sans grande surprise le costume du bourreau Sanson. L’Allemagne et la Pologne sont mises à l’honneur avec Klaus Maria Brandaeur, très convaincant dans le rôle de Danton et surtout Andrzej Seweryn, dont l’interprétation de Robespierre fut très remarquée. D’autres grands noms du cinéma viennent compléter ce casting déjà prestigieux : Michel Duchaussoy, Jean Bouise, Claudia Cardinale, Michel Galabru…
Comme nous l’avons préalablement expliqué, le film met en scène de manière ludique et efficace les principaux épisodes de la Révolution française, et les présente souvent comme des successions d’évènements fortuits plus que comme des actes prémédités. Plusieurs scènes sont ponctuées par un grand nombre de citations légendaires à l’instar de celle que prononça Mirabeau aux États généraux le 23 juin 1789 : « Allez dire à ceux qui vous envoient, que nous sommes ici par la volonté du peuple et que nous n’en sortirons que par la force des baïonettes ! ». Les créateurs du film ont même reconstitué la fameuse nuit du 14 au 15 juillet 1789, lors de laquelle le duc de La Rochefoucauld aurait réveillé Louis XVI pour lui annoncer que la Bastille avait été prise par les parisiens. Une occasion d’insérer un dialogue mémorable : « C’est une révolte ? », « Non sire, c’est une Révolution. » Quelques scènes phares du film sont représentées de manière légèrement scabreuse comme le Serment du jeu de paume, dont les metteurs en scène ont probablement puisé leur inspiration dans le célèbre tableau de Jacques-Louis David. La lecture de la Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen par La Fayette rappellerait presque, quant à elle, Moïse énonçant les Dix Commandements aux Hébreux. La propagation de la Marseillaise, hymne national français, est en revanche mise en scène de manière émouvante.
Robespierre étant l’un des personnages les plus controversés de la Révolution française, son portrait brossé dans le film rejoint parfaitement de nombreuses hypothèses concernant son son rôle dans l’instauration de la Terreur et la nature autoritaire du Comité de salut public. Plusieurs séquences soulignent par ailleurs sa fragilité mentale, voire son impuissance – mis en relief par la remarque que lui adresse Danton : « Tu n’as pas de couilles Robespierre, tu es un eunuque ! ». Le film dénonce en outre son fanatisme démesuré, en représentant sa volonté d’instaurer un gouvernement révolutionnaire fondé à la fois sur les principes de terreur et de vertu, ainsi que son obsession pour le culte de la Raison et de l’Être suprême. Sur le banc des extrémistes, Marat n’est pas épargné par le scénario et présenté comme homme impitoyable, appelant sans cesse au massacre et à la dictature : « Je veux 100 000 têtes ! », à l’image de Saint-Just, soutien indéfectible de Robespierre dont les principes intransigeants et l’éloquence implacable en firent l’un des principaux orateurs du procès de Louis XVI. Même si Danton tient une place importante au sein du film, sa réputation d’homme brutal, grossier et vulgaire y est bien représentée. Quant à Desmoulins, il est vu comme un idéaliste sensible et naïf.
Malgré un penchant relativement dantoniste, La Révolution française ne se permet pas de prendre parti entre royalistes et révolutionnaires. Les séquences mettant en scène les exactions du peuple français sont accompagnés d’une musique victorieuse comme lors de la prise de la Bastille, permettant ainsi de souligner le bouleversement axiologique qui s’opère avec la Révolution. Pourtant, le film ne bascule pas dans une vulgaire condamnation de l’Ancien Régime et ne lésine pas sur les atrocités commises par les révolutionnaires. Les massacres de septembre sont filmés avec un réalisme terrifiant et le scénario insiste par ailleurs sur le martyre de la Princesse de Lamballe, dont le seul crime fut de rester fidèle à la reine. Les membres de la famille royale, sont, à ce titre, clairement présentés comme des victimes, progressivement humiliées par leur peuple. Certaines scènes sont d’une dureté incomparable, comme celle où Marie-Antoinette est séparée de son fils. Le film évoque le désintérêt que Marie-Antoinette aurait pu porter à la France, notamment lorsqu’elle manque de s’endormir aux États généraux et illustre ses relations extra-conjugales avec Axel de Fersen, Madame de Polignac et la Princesse de Lamballe sans pour autant les exagérer.
Le bouleversement politique de la Révolution française, s’accompagne d’une désacralisation de la fonction du roi. Un transfert de pouvoir s’opère entre le corps du roi et le corps de la souveraineté populaire. Le roi de France, en la personne de Louis XVI, se retrouve défiguré et la réalité de son pouvoir considérablement affaiblie. De multiples séquences du film illustrent parfaitement les atteintes portées au roi, comme celle mettant en scène la journée du 17 juillet 1789 où le roi reçoit la cocarde tricolore de Bailly, ou encore lorsque les sans-culottes pénètrent aux Tuileries et le forcent à porter un bonnet phrygien. Le roi est victime d’une dégradation physique, il n’y a plus de respect pour son corps, tout le protocole vole en éclat. Progressivement, Louis XVI devient prisonnier de son propre peuple, sous-traité par rapport aux hommes ordinaires. Dans le film, une citation du roi met particulièrement en lumière cet état de fait : « La constitution se doit d’assurer la liberté de tous les Français, je vois qu’elle ne s’applique pas à moi ! ».
La singularité de la Révolution française réside également dans l’émergence d’un nouvel acteur sur la scène politique : le peuple. Dès 1789, on assiste à l’irruption des masses dans l’espace public ainsi qu’à la violence des mouvements populaires. Cet aspect de la Révolution est très bien présenté dans le film, lorsque les femmes et la Garde nationale marchent sur Versailles en octobre 1789 et l’invasion du Palais des Tuileries par les parisiens en juin 1792. Le film insiste également sur l’hystérie collective, et dénonce une certaine bipolarité de la foule ainsi qu’un phénomène de masse. Lorsque Marie-Antoinette se présente au balcon, en l’espace de quelques secondes la foule crie successivement « Abattez la putain ! » et « Vive la reine ! », ce qui semble dénué de logique.
Le film met également en exergue la perspective de régénération qui accompagna la Révolution française. L’objectif étant de faire table rase du passé, il faut annihiler tout ce qui attrait à la royauté, refaire le genre humain et faire des Français les membres égaux d’une Nation régénérée. Le film met en scène ce processus de transformation de l’être notamment à travers la reconstitution de fêtes révolutionnaires, comme la Fête de la fédération, véritable symbole de l’unité retrouvée. Ces fêtes représentent une nouvelle forme de sacralité ainsi qu’un moyen infaillible de délivrer un message. La volonté de régénération fut suivie d’un besoin quasi-vital d’éliminer les ennemis de la Révolution française, une préoccupation qui nourrit la politique de la Terreur, période caractérisée par les exécutions de masse et un net affaiblissement du respect des libertés individuelles. La Terreur instaure un climat de peur permanente et est un moyen infaillible de lutter contre les adversaires politiques. On crée alors le concept d’ennemi intérieur pour légitimer l’action, ce qui est très bien abordé dans le film lorsque Marat appelle aux Massacres de Septembre.
Cette « paranoïa révolutionnaire » est habilement développée dans Les Années terribles, avec la présence du tribunal révolutionnaire et la mise en scène de grands procès dont il fut l’instigateur – celui de Marie-Antoinette, des dantonistes, etc. L’aspect totalitaire revêtu par la Convention n’est pas oublié et dépeint par les chefs d’accusation portés contre les inculpés. Ainsi, Marie-Antoinette est accusée d’inceste sur le petit Louis-Charles (communément appelé Louis XVII), et Hébert de sympathie envers la monarchie, alors qu’il était l’un des plus grands animateurs de la Révolution française. Les Années terribles sont un tableau tristement authentique de la cruauté et de la sauvagerie qui régirent les années de Terreur et nous rappellent que plusieurs centaines de milliers de personnes trouvèrent la mort pendant cette période. Une scène particulièrement désagréable nous montre l’échafaud recouvert du sang des exécutés, au point de faire venir des nettoyeurs. Certains des évènements les plus macabres de la Révolution, comme la guerre de Vendée, sont simplement évoqués.
Malgré des qualités évidentes, La Révolution française s’avéra être un échec commercial cuisant, sûrement du en partie à sa longueur. Il reste cependant le meilleur film traitant de cette période et de loin le plus complet. Il est à ce titre, régulièrement utilisé par les enseignants pour illustrer leur cours, notamment en classe de 4ème. C’est un film à voir au moins une fois, l’expérience en vaut la peine !