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Séisme à droite après le « retrait » du co-fondateur de l’UMP, Alain Juppé

Alain Juppé veut « prendre du recul » vis-à-vis des « Républicains ». Alors qu’il s’adressait à un parterre de journalistes rassemblés pour écouter les voeux du maire de Bordeaux à la presse, il a profité de cette exposition médiatique pour lancer ce « pavé dans la mare ». Cette annonce intervient alors que « Les Républicains » viennent de se choisir un nouveau chef, Laurent Wauquiez, le 10 décembre dernier.

Retrait en cascades

« Je n’ai pas payé ma cotisation de 2017 et je ne vais pas payer celle de 2018. J’ai fait savoir que je ne souhaitais pas rester à la tête de la fédération LR de Gironde » a déclaré Alain Juppé.  « La composante centriste s’est détachée de LR, ce que je regrette » s’est-il justifié.

En effet, depuis plusieurs mois et le début de la campagne pour la présidence du parti, de nombreux éléments de cette composante centriste se sont écartés du parti. C’est le cas de l’Union des démocrates et indépendants (UDI) qui ne se considère plus « lié par aucune alliance » aux Républicains (LR) affirmait son président, Jean-Christophe Lagarde, le 10 octobre dernier. Puis le groupe « constructif » à l’assemblée s’est également désengagé. Si certains de ses membres ont été exclus d’office, d’autres ont préféré prendre l’initiative en créant le parti « Agir » le 26 novembre à l’image de Fabienne Keller, sénatrice du Bas-Rhin. Certains membres ont depuis filé dans le parti présidentiel « La république en marche » (LRM) à l’image de Thierry Solère tandis que d’autres comme Xavier Bertrand ont choisi de ne plus appartenir à aucune formation politique.

Cet éclatement de la droite conduit à la reconstitution des deux pôles distinctifs connus à l’époque de l’Union pour la démocratie française (UDF) et du Rassemblement pour la république (RPR) dans les années 1980. La création de l’Union pour un mouvement populaire (UMP) en 2002, avait fait la jonction entre ces deux franges politiques jusqu’à aujourd’hui.

La porte-parole LR a réagi à cette annonce :

 

Les élections européennes de 2019 en ligne de mire

« Je prends du recul en attendant de voir ce que devient LR notamment dans la perspective des élections européennes de 2019. Ce sera pour moi un rendez-vous majeur, un point de clivage fondamental. Il y aura ceux qui sont contre et ceux qui sont pour l’Europe » a-t-il continué.

Le 12 novembre dernier, le mentor d’Édouard Philippe avait expliqué qu’il y aurait « peu de choses à changer » au discours d’Emmanuel Macron fin septembre à la Sorbonne où il a appelé à un second souffle dans la construction européenne. Il avait alors appelé à « un grand mouvement central » pour affronter le scrutin des élections européennes.

Questionné sur une possible adhésion à La République en marche, le maire de Bordeaux a répondu : « Je n’en ai pas l’intention. Je veux être libre. J’ai envie de liberté et d’analyse. »

Un engament qui date

En 1976, Alain Juppé, qui avait 31 ans à l’époque, adhère directement au RPR nouvellement créé par Jacques Chirac qu’il a côtoyé dans son cabinet de Premier ministre. Il devient président de la fédération des Landes et embauche dans le même temps au  conseil national du parti en 1979. Il sera alors désigné secrétaire national du RPR chargé du redressement économique et social de 1984 à 1986.

Après un passage à la mairie de Paris, puis sur les bancs du parlement européen, il devient député de Paris en 1986. Après avoir été chargé du budget dans le premier gouvernement de cohabitation d’Edouard Balladur, il devient numéro 2 du RPR de 1988 à 1994 alors que la droite se trouve dans l’opposition. Sortis de l’opposition en 1993, on lui confie le poste de ministre des Affaires étrangères. Quand la droite gagne enfin les élections présidentielles en 1995, Jacques Chirac en fait son Premier ministre. L’expérience sera courte puisque la gauche emporte les élections législatives de 1997 et place son leader, Lionel Jospin, aux manettes du gouvernement.

Entre-temps, il remporte deux scrutins municipaux à Bordeaux (Gironde) en 1995 et 2001. Réélu député en 2002, il contribue à fonder l’UMP la même année et en devient le président. Il sera finalement rattrapé par l’affaire des emplois fictifs de la ville de Paris et écopera lors de son procès de 14 mois d’emprisonnement avec sursis et d’un an d’inéligibilité. Il quitte alors ses mandats de présidents de l’UMP et de maire de Bordeaux avant de s’exiler au Canada.

De retour en France en 2006, Alain Juppé récupère son mandat de maire qu’il conservera jusqu’à aujourd’hui. Après un passage dans le gouvernement de François Fillon en tant que ministre de la Défense et ministre des Affaires étrangères, il suit d’assez loin le combat entre François Fillon et Jean-François Copé pour prendre la présidence LR. En 2014, il annonce qu’il sera candidat à la primaire ouverte de l’UMP pour la présidentielle de 2017. Il sera largement battu par François Fillon au second tour en n’obtenant que 33,5% des suffrages. Au soir de sa défaite, il déclare qu’il ne s’occupera plus dorénavant que de ses fonctions locales.

À lire aussi : Élection à la présidence LR : 3 minutes pour connaître Maël de Calan, le candidat « juppéiste »

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