Alors que la diffusion de Un si grand soleil approche à grand pas (lundi 27 août 20h40), nous avons pu rencontrer son producteur Toma de Matteis pour évoquer la fabrication de la série.
C’est quoi Un si grand soleil ? Claire revient à Montpellier après dix sept ans d’absence, afin de faire découvrir à Théo, son fils adolescent, sa ville natale. Quelques heures plus tard, elle est en garde à vue, accusée du meurtre d’un ami d’enfance. Pour se disculper, Claire n’aura d’autre choix que de percer tous les secrets du passé, notamment celui de la mort de sa sœur Angèle… Tout en se confrontant à Manu, chargé d’enquêter sur le meurtre dont elle est accusée, elle retrouvera également Julien, sa passion de jeunesse, qui a entre-temps fondé une famille. Assumera-t-elle les sentiments qu’elle ressent tour à tour pour les deux hommes ?
De part sa dimension titanesque, la production d’un feuilleton quotidien est un vrai challenge pour un producteur. Pourquoi décide-t-on de se lancer dans une telle aventure ?
Toma de Matteis : C’est effectivement un gros pari, c’est même un pari total. Il y a déjà à la base une passion pour ce type de format, c’est un format que j’aime beaucoup. Mais il y a aussi quelque chose qui pour un producteur est assez exceptionnel à vivre : même si ça peut être vrai sur des séries plus courtes, il y a la possibilité de créer un monde, une architecture. C’est la création d’un univers visuel, de personnages, de règles du jeu et de la manière dont ça fonctionne entre les personnages. C’est quelque chose que l’on retrouve ailleurs mais là dans une dimension plus importante avec 50 personnages, un nombre important d’univers qui cohabitent au sein de la même série (univers professionnels différents, des sociologies différentes,..) et qu’il faut parvenir à faire vivre tous ensembles. Il y aussi quelque de l’ordre de l’édification de ce monde qui est passionnante. Il y a une dimension technique, artistique, financière : on touche avec ce type de projets à la totalité de son métier de producteur. Cette passion qui nous anime sur la production d’un feuilleton quotidien, je la rapproche de la passion qu’il y a chez un triathlète qui n’a pas tellement de raisons de s’infliger toutes ces disciplines à la suite si ce n’est le plaisir du challenge.
Et puis enfin, ce sont des aventures collectives car on ne peut y arriver qu’avec celles et ceux qui vous accompagnent sur le projet pour proposer in fine la série la plus chouette possible aux téléspectateurs.
A lire aussi : Interview – Mélanie Maudran : « Un si grand soleil est un engagement de vie »
« La télévision a globalement trop tendance à légitimer le meurtre comme un élément facile de narration«
Vous êtes le 3ème feuilleton quotidien après Plus belle la vie et Demain nous appartient. Comment parvenir à trouver votre spécificité au milieu des deux autres ?
Toma de Matteis : Nous sommes plus dans la dimension romanesque là où par exemple Demain nous appartient est plus dans le polar. On entend préserver le triptyque de ce genre de séries : polar / suspense, romance et une dose de comédie. C’est ce que l’on retrouve dans toutes les séries. Ce qui varie d’une série à l’autre c’est l’endroit où l’on met le curseur, comment on dose tel ou tel élément. Chez nous, la dimension suspense sert plus à générer des questionnements sur le rapport entre nos personnages et c’est davantage ça que l’on va suivre et dans lequel on peut maintenir un vrai suspense. On fait le pari que le public peut se passionner pour ces histoires, ces personnages, sans toujours devoir faire appel à un meurtre pour pimenter le tout. Je trouve que la télévision a globalement trop tendance à légitimer le meurtre comme un élément facile de narration. J’ai toujours été étonné de voir le CSA combattre la présence de la cigarette à la télévision mais ne semble pas gêné que l’on tue des gens à la pelle. On ne se pose en censeur, comme vous l’avez vu, nous aussi on a un meurtre qui lance la série, mais on se dit qu’il y a peut-être un moyen de faire autrement que le tout meurtre. Et si on doit l’utiliser, on va chercher à s’en servir pour voir comment cela impacte les émotions de nos personnages, et leur relation les uns aux autres plutôt que transformer tous nos personnages en enquêteurs comme on peut le voir dans certaines fictions. On fait donc le choix d’être plus réaliste face à ce type d’événements, d’essayer d’être dans la justesse des grands moments d’intensité émotionnelle ressentis par nos personnages.