De septembre 2015 à juin 2016, le Collège des Bernardins organise des soirées débats intitulées “les mardis des Bernardins”. Le mardi 10 mai, la question de l’insertion des jeunes dans le monde du travail était mise à l’honneur, un vaste sujet élaboré en collaboration avec les Apprentis d’Auteuil.
« 500 candidatures, aucune réponse positive». C’est de ce verbatim défaitiste et pourtant bien réel que le Collège des Bernardins a choisi ce mardi d’organiser une soirée spéciale consacrée aux jeunes et à l’insertion professionnelle. Pour l’occasion, trois invités ont répondu à l’appel : Henri de Navacelle, directeur général de l’AFORP (centre de formation industriel et technologique), Bertrand Martinot, économiste, et conseiller emploi auprès de la région Ile-de-France, et Richard Streel, restaurateur, ancien apprenti d’Auteuil. L’événement, transmis en direct et disponible en replay sur le site de France Culture Plus, s’est déroulé en deux temps ; 52 minutes de conférence suivies d’une heure de débat avec le public.
Au cœur du débat, la question de l’apprentissage
Aujourd’hui, 1 jeune sur 4 ne trouve pas de travail. Manque de motivation ? De diplôme ? Selon Henri de Navacelle, « La France ne croit pas en sa jeunesse ». Le système éducatif n’est pas adapté aux réalités économiques et sociales, et la diversité des talents n’est pas reconnue. L’apprentissage est considéré en France comme un dernier recours, une solution marginale alors que les apprentis finissent bien souvent par mieux s’en sortir que les jeunes ayant suivis un parcours classique. « Il serait peut-être temps que le système s’adapte » ajoute-t-il. Si on regarde à l’étranger, l’Allemagne est selon Bertrand Martinot un vrai modèle dont il faut s’inspirer. L’apprentissage y est un mode éducatif ancré, voire indispensable dans certaines filières car le jeune est vu comme un investissement, pas comme un fardeau qui coûte cher à l’entreprise. Richard Streel, ancien des Apprentis d’Auteuil devenu restaurateur, vante les mérites de l’apprentissage. Si aujourd’hui il a changé de voie, sa formation d’apprenti en tant que paysagiste lui a beaucoup apporté : d’abord un réseau, mais aussi des expériences très diverses, et un premier pied dans le monde du travail.
Quid des discriminations à l’embauche ?
Si un employeur est plus susceptible d’embaucher un jeune au parcours classique qu’un apprenti, d’autre discriminations existent. La religion, la couleur de peau, et le sexe du candidat entrent en compte, quoi qu’on en dise. Bertrand Martinot rappelle qu’une étude de l’institut Montaigne a montré que parmi un nombre incalculable de CV reçus, un nom ayant une connotation religieuse ou un élément relevant d’une adhésion à un culte pèse dans la balance finale. C’est inconscient, mais bien réel. Pour Henri de Navacelle, ces discriminations relèvent plus de la présentation et de l’attitude des jeunes que du racisme. Un jeune motivé serait selon lui un futur employé.
#LesCompetencesDabord : une campagne de sensibilisation pour lutter contre les discriminations à l’embauche 👇 pic.twitter.com/7qAGMJEwUR
— Ministère du Travail (@Minist_Travail) 18 avril 2016
Quelles solutions pour les jeunes ?
En premier lieu, une révolution pédagogique apparaît comme essentielle. Le système éducatif doit changer pour le meilleur car « quand on fait le pari de la jeunesse, avec des contraintes qu’on ne choisit pas, on peut faire des choses extraordinaires » selon Henri de Navacelle. En second lieu, une révolution du travail est à opérer, et elle doit passer par une réforme afin de donner plus de souplesse au marché du travail, selon Bertrand Martinot. Du côté des jeunes, s’armer de persévérance et de curiosité serait donc la recette du succès.