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Willow et la fantasy dans les années 70-80 | Seriefonia

A l’approche de Noël, on vous amène dans les contrés du fantasy avec notamment l’histoire du très beau film Willow.

[« EXTRAIT SONORE : Willow »]

[« SérieFonia : Season VII : Opening Credits » – Jerôme Marie]

C’est la septième saison déjà… & C’est toujours SérieFonia… Ce mois-ci, je vous invite à continuer notre exploration de l’histoire des œuvres comptant parmi les plus cultes de la pop-culture. Et après Wolfgang Petersen, Klaus Doldinger et Giorgio Moroder sur L’Histoire sans Fin… Après Richard Donner et John Williams sur Superman… Voici venue l’heure de nous intéresser à une autre collaboration gagnante… Si je vous dis George Lucas… Je suis sûr que vous pensez immédiatement (et une nouvelle fois) à John Williams… Après tout, ensemble, ils ont réinventé l’art de la science-fiction au cinéma en 1977…

[« Star Wars, A New Hope – Main Title » – John Williams]

Puis l’art de l’aventure en 1981…

[« Raiders of the Lost Ark – The Raiders March » – John Williams]

Mais il ne faudrait pas oublier qu’en 1988, il s’est également frotté à un autre genre d’envergure… La Fantasy… Et c’était non plus avec John Williams… Mais avec James Horner…

[« Willow – Willow’s Theme » – James Horner]

Aahhh… J’adore quand ça claque d’entrée… Avouez qu’on en fait plus des comme ça ! Ça nous transporte immédiatement. Ça nous « raconte » tellement de choses. Les sons, uniques, des nombreux instruments à vent choisis, opèrent en invitation au voyage. L’amplitude de la mélodie… et la largesse de l’orchestration… deviennent instantanément les miroirs sonores du format visuel qu’offre le cinémascope. Ce Willow… Sorti à une époque où la Fantasy ne se faisait pas si foisonnante que ça sur les écrans… Difficulté des effets spéciaux oblige… George Lucas y pense depuis près de 15 ans mais n’est en mesure de commencer à réellement le développer qu’au sortir de la finalisation du Retour du Jedi en 1983. Tout comme Star Wars se voulait une relecture de Flash Gordon… et Indiana Jones un héritier direct des romans pulp et des serials d’antan… Son histoire, ou plutôt son univers, lorgne ouvertement vers celui qui continue de régner en Maître incontesté du genre… Le Seigneur des Anneaux de J. R. R. Tolkien…     

[« The Lord of the Rings, 1978 – Escape to Rivendell » – Leonard Rosenman]

Ça, c’était un extrait de la partition de Leonard Rosenman pour l’adaptation animée de Ralph Bakshi en 1978… Celle d’Howard Shore pour la première trilogie de Peter Jackson n’arrivant que bien plus tard, je fais en sorte de rester bien ancré dans ce contexte de mid-seventies et mid-eighties. Et en ce temps-là, les deux films qui s’imposent en standard de la Fantasy au cinéma sont tous deux de 1981. Bien que l’un d’entre eux relève plus de la mythologie…

[« Clash of the Titans – The Kraken » – Laurence Rosenthal]

… Puisqu’il s’agit du Choc des Titans, réalisé par Desmond Davis et mis en musique par Laurence Rosenthal, sur des effets spéciaux de Ray Harryhausen. Le film sort donc aux Etats-Unis le 12 juin 1981… Suivi de très près (juste une petite semaine d’écart) par le trop souvent oublié à mon goût Dragonslayer de Matthew Robbins ; composé par le grand Alex North et plus connu en France sous le titre Le Dragon du Lac de Feu…

[« Dragonslayer – Resurrection » – Alex North]

Voilà… Tout ça, c’était pour vous resituer un peu le contexte. Oh… Mais, attendez… J’allais en oublier un. En fait, non, c’est pas vrai du tout mais je cherchais à établir un peu de suspense. Car en 1983… Même année que Le Retour du Jedi, donc… Peter Yates a l’audace de proposer celui qui, depuis, reste l’un des nanars les plus adorés de l’univers en mélangeant un peu tout… Fantasy, SF, aventure… J’ai bien sûr nommé… Krull ! 

[« Krull – Theme from Krull » – James Horner]

C’est là que James Horner entre en scène. Mais j’y reviendrai juste après. Car pour être totalement fairplay, certains d’entre vous se sont peut-être déjà étonnés que je n’ai pas encore cité Conan… voire même Dar l’invincible (The Beastmaster)… respectivement sortis en 1981 et 1982… Mais, à mon humble sens, ces derniers relèvent plus des spécificités des récits dits de « Sword ans Sorcery »… Mais oui, oui… Bien sûr que c’est aussi de la Fanatsy… Et de la sacrément bonne, même !

[« Conan the Destroyer – Net Fight » – Basil Poledouris]

Bon, là, c’était le deuxième opus de Conan, Le Destructeur, toujours magistralement mis en musique par Basil Poledouris. Mais comme j’en connais un qui m’en voudrait à mort si je ne vous glissais pas également un peu de Dar l’invincible, je ne peux que m’exécuter… De toute façon, si je ne le faisais pas, je crois bien que je serai viré ! Pas vrai Alex ?!…

[« The Beastmaster – A Hero’s Theme » – Lee Holdridge]

En même temps, je ne me force pas, hein… J’avoue que ce Dar l’invincible reste l’un de mes p’tits plaisirs coupables. En revanche, la musique de Lee Holdridge n’a rien de coupable, elle ! Bref… Passons… Grosso modo, ça y est, le décor est planté et il est grand temps d’en arriver à celui qui nous rassemble aujourd’hui… Le Nelwyn apprenti magicien qui va soudainement se retrouver responsable de la destinée d’une Princesse en devenir et se lancer dans une aventure de prime abord bien trop grande pour lui… Quoi ?… Comment ça ma vanne est déplacée ?… Juste parce que les Nelwyn sont un peuple de petite taille… interprétés par des comédiens atteints de nanisme ?… Mais non, au contraire, c’est justement là tout le propos du film !

[« Willow – The Nelwyns No. 2 » – James Horner]

Un film que, d’ailleurs, George Lucas choisi de ne pas réaliser lui-même. Ni même d’écrire ! Certes, l’histoire est la sienne… L’univers est le sien… Mais il préfère en laisser les clés au jeune comédien qu’il avait précédemment engagé sur American Graffiti en 1973, soit un an avant qu’il devienne la star de la série Happy Days… Ron Howard. Bien qu’il triomphe dans le rôle de Richie Cunningham durant les 7 premières saisons du show, le jeune homme n’aspire déjà en réalité qu’à une chose : devenir réalisateur. En 1977, il écrit lui-même et met en scène son premier long-métrage, Grand Theft Auto… Mais, forcément très accaparé par Happy Days, il doit attendre jusqu’en 1982 pour renouveler l’expérience avec Night Shift ; dans lequel il embauche d’ailleurs son partenaire à l’écran, Henry Winkler, Fonzie en personne, dans le rôle principal. Deux comédies aux retombées somme toute plutôt confidentielles… Mais sa carrière est néanmoins sur le point de changer. Car en 1984, c’est à lui que l’on doit… ça…

[« Splash – End Titles » – Lee Holdridge]

Daryl Hannah en sirène… Tom Hanks en jeune entrepreneur séduit… et, ah bah tiens, Lee Holdridge à la musique… Splash rencontre son p’tit succès. Fort de ce dernier, Ron Howard est alors invité à prendre la relève de Robert Zemeckis (qui a été débarqué par les exécutifs de la Fox qui n’avaient pas aimé son A la poursuite du diamant vert) sur le projet Cocoon… L’amusante, certes, mais surtout touchante histoire de Séniors retrouvant une nouvelle jeunesse après avoir plongé dans une piscine remplie d’œufs Aliens… Littéralement, c’est le mythe de la fontaine de jouvence. Le film est beau… Le film fonctionne… Mais sa musique, elle… Bah… Elle le transcende. Ni plus ni moins… 

[« Cocoon – The Ascension » – James Horner]

Le réalisateur Ron Howard venait de rencontrer le compositeur James Horner… Comme si les planètes étaient en train de s’aligner. Alors oui, OK, pour sa comédie suivante… Gung Ho, qui est totalement tombée dans l’oubli, il collabore avec Thomas Newman… Mais il faut dire qu’à cette période-là, Horner est un chouïa occupé ! Car entre 85 et 86, il signe les partitions de pas moins de 8 films ! Dont… Natty Gann, Commando, Le Nom de la Rose, Fievel et… Aliens !!! En gros, avec également Star Trek II et III sur son CV… En sus de Brainstorm ou Gorky Park… James Horner est en plein boom. C’est le « p’tit jeune » avec lequel on doit désormais compter au sein de l’industrie… Et comme si ça ne suffisait pas encore… Willow allait bientôt débarquer et tout exploser…  

[« Willow – Willow’s Journey Begins » – James Horner]

Vous les avez entendues ?… Les 4 notes… Ta-lin-lin-lin… LA signature Hornerienne par excellence… Même s’il ne les a pas inventées. La preuve : je leur consacrais déjà un SérieFonia lors de la saison 3 (en 2020)… Restez jusqu’en toute fin d’émission : je vous le rediffuserai dans la foulée. Mais pour l’heure, restons sur Willow. Une création que George Lucas et ses équipes se targuaient de présenter comme résolument 100% originale… Comme l’annonçait fièrement l’accroche du documentaire Willow : The Making of an Adventure, diffusé à l’époque, en 1988…

[« EXTRAIT : Willow, The Making of an Adventure »]

Alors, entendons-nous bien… J’adore Willow… Mais le coup du 100% original, faut quand même déconner. Parce que, bon, ça parle quoi Willow ? C’est l’histoire d’un être de petite taille, à la vie simple dans un village simple… Tiens comme Frodo le Hobbit… dont les enfants découvrent un bébé placé dans un panier à la dérive… Tiens comme Moïse… une petite fille dont la prophétie dit qu’elle sauvera un jour le monde de la tyrannie de la reine Bavmorda. Bien qu’il s’attache immédiatement au bébé, Willow est chargé par le conseil du village à rendre l’enfant à ceux de son espèce… mais une fée le convainc plutôt de trouver la magicienne Fin Raziel ; car c’est elle qui saura guider la jeune Elora vers son destin. En chemin, il rencontre Madmartigan, un guerrier-briguant au grand cœur… Tiens, comme Han Solo… qui va progressivement se lier d’amitié avec lui et devenir son protecteur contre les créatures et autres armées envoyées par Bavmorda…  

[« Willow – Death Dogs » – James Horner]

Aventure, magie, action… Romance aussi, lorsque Madmartigan rencontre la belle Sorsha… Grand spectacle et effets spéciaux à la pointe de ce qui pouvait se faire en ce milieu des années 80… Tout y est !  Les péripéties s’enchaînent à un rythme effréné jusqu’au dénouement final… Dont chacun sortira inévitablement grandi et changé à jamais. Alors, certes, ce n’est ni une suite ni l’adaptation d’un roman préexistant, mais de là à dire que c’est du jamais vu, ce n’est pas tout à fait vrai. Un peu de Star Wars, un peu de mythologie… Beaucoup de Seigneur des Anneaux… Willow, tout en se laissant apprécier pour lui seul n’en reste pas moins le direct héritier d’une longue liste de récits fondateurs et déjà maintes fois revisités. N’empêche… la magie opère… et le film, près de 40 ans après… reste inlassablement dans les mémoires et dans les cœurs des amateurs de fantasy…

[« Willow – Elora Danan » – James Horner]

Clairement, George Lucas aurait aimé produire SON Seigneur des Anneaux… Mais, des fois, il s’avère plus simple de développer son propre univers-inspiré plutôt que d’obtenir les droits d’une œuvre à succès. Et s’il y pense depuis le début des années 70, il n’en sait pas moins que pour créer de toute pièce un monde de fantasy, avec ses nombreuses créatures et autres particularités à caractère fantastique, il faut des effets visuels et spéciaux à la pointe… En gros, il faut attendre que les techniques évoluent. Eh en cela, Lucas est un acteur majeur pour l’industrie. Car en créant sa société ILM (Industrial Light & Magic), il a – en son temps – ni plus ni moins que révolutionner l’art de faire des films… Néanmoins, lorsqu’il décide de s’attaquer enfin à Willow, le réalisateur n’est plus franchement en état de grâce… Certes, Le retour du Jedi a fait un carton quelques années plus tôt… Mais ses deux productions suivantes se sont… comment le dire gentiment ?… Bah… Vautrées, quoi. Et pas pour rire…

[« Howard the Duck – Main Title » – John Barry]

A sa sortie, Howard… Une nouvelle race de héros, puisque c’est de lui qu’il s’agit… rafle toutes les récompenses. Juste… Pas les bonnes. Aux Razzie Awards, il remporte les titres de… Plus mauvais film de l’année… Pire scénario… Pires effets spéciaux… Pire révélation… et est également nommé pour les pires réalisateurs, comédien et… bande originale ! Ouch, ce n’est plus une douche froide, c’est les chutes du Niagara. Pourtant, je l’aime bien moi ce film… Et depuis toujours. Je n’oublie pas l’avoir vu au cinéma avec ma grand-mère et mes cousine… dont l’une que j’ai fini par appeler « Totoche » eh bien… tout le reste de notre adolescence ! Bon, OK, le film est ce qu’il est… mais la musique est tout de même de John Barry ! Quant à l’autre échec… Alors, je ne me l’explique pas… et je ne me l’expliquerai jamais. C’est juste… Un de mes films préférés…

[« Labyrinth – Into the Labyrinth » – Trevor Jones]

Labyrinth… Porté par Jim Henson et David Bowie… Voilà, pourtant, un bel exemple d’univers où absolument tout est à créer… Au même titre que Dark Crystal, d’ailleurs… qui était sorti en 1982. Je ne l’ai pas cité plus tôt car il reste un film de marionnettes… Un film hors normes et, selon moi, hors catégorie… Un chef d’œuvre en tout point unique. Et qui reste, dans le genre, tout simplement inégalé. Mais il n’empêche que Labyrinth se pose là, lui aussi. Malheureusement, il n’a remporté qu’un peu moins de 13 millions de dollars sur le territoire américain… Or, il en a couté 25. Alors, forcément… Ca dépend, ça dépasse… Mais ce type de préoccupations n’a jamais empêché George Lucas de défier l’entendement et d’aller au bout de ses idées… De ses rêves même je dirais…  

[« Willow – Willow Captured » – James Horner]

Le tournage de Willow se déroule entre avril et octobre 1987, à travers l’Angleterre, le Pays de Galles, la Californie et la Nouvelle-Zélande. Pour Ron Howard, la tache est ardue… Il doit gérer un grand nombre de comédiens-figurants, des cascadeurs par dizaines… et le tout dans des endroits peu facilement accessibles. De plus, tout le film ou presque repose sur les frêles épaules d’un tout jeune acteur de 18 ans, atteint de nanisme et se retrouvant pour la première fois devant une caméra à visage découvert. Car oui, bien que Warwick Davis ait déjà joué dans Le retour du Jedi… Le costume poilu de Wicket le Ewok le dissimulait intégralement et ne laissait transparaître, en réalité, qu’une prestation de mime. Allez, juste pour le plaisir… Les Ewoks… John Williams les accompagnait… comme ça…

[« The Return of the Jedi – Parade of the Ewoks » – John Williams]

Pour incarner le parfois rustre mais toujours intrépide Madmartigan, la production se tourne vers Val Kilmer qui, disons-le tout de suite, excelle dans le rôle autant par son impressionnant charisme que par son maniement des armes. Il faut bien se rappeler qu’en 1988, on le connait encore assez peu… Il n’a débuté que 4 ans plus tôt dans la comédie Top Secret!, mise en musique par Maurice Jarre…

[« Top Secret ! – Happy Ending » – Maurice Jarre]

Puis a littéralement crevé l’écran face à Tom Cruise dans le Top Gun de Tony Scott…

[« Top Gun – Return to Carrier » – Harold Faltermeyer]

Avec Willow, sa carrière est définitivement lancée. Mais pas seulement. Car le film va également avoir un immense impact sur sa vie privée. Sur le tournage, il rencontre Joanne Whalley, qui interprète Sorsha… L’élixir d’amour qui pousse les deux personnages l’un vers l’autre opère également puissamment sur les deux comédiens… Et tous deux se marient l’année-même de la sortie du film ! Deux enfants plus tard, ils divorcent cependant courant 1996, mais resteront néanmoins assez proches après leur séparation. Ah… J’aime quand la réalité rattrape la fiction…

[« Willow – Arrival at Snow Camp » – James Horner]

Le travail effectué sur les flûtes et percussions de la musique de Willow continue, aujourd’hui encore, de se poser en référence du genre. A l’orchestre traditionnel, James Horner n’hésitait pas à ajouter un gong d’opéra chinois, un tambour Sud-Américain, jumelé à des percussions irlandaises… et même quelques coupes en plastique ! Le nombre de flutistes fut repensé à la hausse… et les sonorités si spécifiques du shakuhachi, de l’ocarina, de la flûte de pan, de la quena… et même des coquilles de conque et des hautbois médiévaux… Sans oublier des cornemuses, des guitares, de la mandoline… constituent tout un arsenal de sonorités multi-ethniques qui apporte aux images ce qu’elles peuvent parfois peiner à obtenir seules dans cette volonté acharnée de proposer un « ailleurs » aussi géographique qu’intemporel…

[« Willow – The Sled Ride » – James Horner]

Un peu plus d’une douzaine de leitmotivs… Une approche analytique et métaphorique de la composition… Dans les pages du magazine Dreams, l’ancêtre de CinéFonia, dont j’avais l’honneur d’être le rédacteur en chef… le Maestro nous confiait à quel point sa partition pour Willow lui apparaissait comme étant la balance parfaite entre musique de film au sens strict et musique de concert… Des propos d’ailleurs cités dans le livret du double CD sorti chez Intrada ! Son travail sur les cycles et les harmonies relève du génie à l’état brut et transcende amplement sa simple condition de « petite » musique pour l’image. La preuve : si visuellement le film, lui, a tout de même pris un gentil coup de vieux (c’est pas moi qui le dit mais Ron Howard lui-même dans les bonus de l’édition bluray)… Sa musique, elle, est toujours aussi immédiate et percutante. En un seul mot… Vivante. 

[« Willow – Willow the Sorcerer » – James Horner]

Pour la partie classique, il convoque l’esprit de Schumann. Pour celle plus concrètement filmique, celui de Kornglod… En juxtaposant ainsi les sons du réel à ceux invoquant plus précisément la magie, Horner fait – très tôt – de son Willow une pièce incontournable de sa disco-filmographie. L’utilisation massive des 4 notes de la mort y déferle en signature décomplexée d’une œuvre en constante évolution dont chaque nouveau projet se veut la nouvelle pierre. Derrière la caméra, Ron Howard ne pouvait espérer mieux…  Côté effets spéciaux, le film innove également en proposant une technique encore inédite de morphing… permettant la transformation physique d’un personnage traversant successivement différents stades d’incarnations animales. Il y a des créatures toutes petites… des animaux qui parlent… un monstre géant à plusieurs têtes… Autant de défis visuels à relever ; tantôt grâce aux récents miracles de l’informatique, tantôt par la précision de l’animation de figurines image par image… A bien des égards, Willow est un grand film… Et aurait mérité bien plus de succès qu’il n’en a eu. Critiques mitigées… Recettes suffisantes mais pas fofolles pour autant… Pendant longtemps, aucun futur n’a même été envisagé. Au grand dam de George Lucas qui, lui, en avait pourtant des idées !  

[« Willow – Airk’s Army » – James Horner]

Bien avant le rachat de son studio Lucasfilm par Disney et la sortie de la « série télé qui n’existe pas »… j’y reviendrai juste après… le réalisateur donne une première suite à Willow… sous la forme d’un roman ; coécrit avec l’auteur de comics Chris Claremont en 1995. Ça s’appelle (en français) Willow, Lune d’ombre… et ça inaugure la trilogie des Chroniques de la Terre d’Ombre. En VO, ce premier opus s’intitule plus simplement Shadow Moon… et l’héroïne en est véritablement Elora, désormais âgée de 12 ans… et non plus Willow qui, pour le coup, a totalement changé de personnalité. Les deux auteurs développent un récit beaucoup plus sombre… où Madmartigan et Sorsha sont décédés… et où Willow lute constamment avec ses propres démons. Lucas veut se frotter à la Fantasy pour adulte… et s’émanciper de son propre film… Enfin celui de Ron Howard. Honnêtement, c’est plutôt pas mal… Mais, malgré tout, l’ambiance est si radicalement différente de celle du film que l’on peine à s’y sentir dans le même univers… Bon… De toute façon… tout vaudra toujours mieux que ça… 

[« Willow, The Series – End Credits » – Xander Rodzinski]

Peut-être aurait-il mieux valu que la série télé produite pour Disney+ en 2022 s’inspire un peu plus des écrits de Lucas et Claremont ?… Parce que là… Non mais là… C’est même pas que c’est mauvais… C’est que c’est insupportable. Jusqu’à la musique… Sans aucune nuances et lourdes à souhait comme vous avez tout juste pu l’entendre… Avec Xander Rodzinski à la composition, James Horner doit littéralement se retourner dans sa tombe… Heureusement, les parties signées James Newton Howard sont un peu plus respectueuses… Mais que faire de toute façon devant des images si peu soignées… Un casting si peu crédible… une histoire qui oublie d’en raconter une tant elle est davantage occupée à bien cocher toutes les cases de l’ensemble des préoccupations consensuelles du moment… Franchement, je ne le dis pas souvent… mais là, c’est un calvaire de nullité de chaque instant ; allant jusqu’à conclure ses aventures sur des chansons pop… Un bel exemple d’hérésie. D’ailleurs, les décideurs de chez Disney eux-mêmes m’ont très vite donné raison… Diffusée à partir du 30 novembre 2022 sur la plateforme, ces 8 petits épisodes qui resteront sans suite… et donc sans fin… sont purement et simplement supprimé du catalogue dès le mois de mai 2023. Aucune sortie DVD… Aucune sortie Blu-ray… Willow, la série n’existe déjà plus… Et c’est très bien comme ça. Mais bon… Histoire d’être un minimum fairplay, je vous passe quand même un p’tit peu de James Newton Howard… ça vaut ce que ça vaut… Mais c’est là quand même…  

[« Willow, the Series – Nelwyn Village » – James Newton Howard]

Bien entendu, c’est avec James Horner que l’on va se quitter… En 2013, soit moins de deux ans avec sa disparition accidentelle le 22 juin 2015… Il était l’invité d’honneur du concert-évènement annuel Hollywood in Vienna. Jamais ou presque sa musique n’avait été jouée en live… et encore moins en sa présence. Le temps de cette soirée à jamais gravée dans les mémoires colossonophiles (et sur disque bluray), le Maestro a littéralement revécu ses musiques à travers une émotion de chaque instant… En larmes, il observait chaque geste du chef David Newman… et recevait l’amour palpable de chaque personne présente dans la salle. Forcément, au milieu de la sélection de thèmes s’enchainant les uns après les autres, Willow était là… toujours aussi aventureux, généreux et universel…

[« Willow – Theme (Live) » – James Horner]

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