Agatha Christie fait partie des auteurs dont l’œuvre a été la plus lue et reprise à travers le monde. Quarante-quatre ans après son décès, ses romans policiers aux dénouements toujours inattendus continuent de faire l’objet de nombreuses adaptations. A l’occasion de la sortie prochaine du Mort sur le Nil de Kenneth Branagh, retour sur 5 points fondamentaux pour comprendre qui était vraiment la célèbre romancière britannique.
1 / La « reine du crime«
Agatha Christie tient son surnom du genre littéraire dont elle est devenue l’icône. Si elle a publié quelques romans d’amour sous le nom de plume de Mary Westmacott, c’est bien les œuvres policières qui ont fait sa renommée, considérée par beaucoup comme l’un des écrivains les plus importants et novateur du genre. Autrice de 61 romans policiers, 190 nouvelles réunies en une quinzaine de recueils, 18 pièces de théâtre et quelques poèmes, Agatha Christie est considérée aujourd’hui comme l’un des écrivains les plus connus et les plus lus au monde, et la manière dont elle dresse ses enquêtes y est pour beaucoup. Elle s’attache en effet à écrire majoritairement des œuvres détectives se déroulant à huis clos, captant toujours très bien le lecteur qui tente de trouver le coupable d’un mystérieux crime grâce aux nombreux indices qu’elle laisse. Mais si elle s’amuse à guider ses lecteurs, ce n’est souvent que pour mieux les surprendre avec des coupables inattendus. Son intérêt pour les enquêtes policières pourrait bien avoir été poussé par sa passion pour l’oeuvre d’Arthur Conan Doyle et son célèbre Sherlock Holmes. Un intérêt assumé, l’un des plus célèbres tandem de Christie étant Hercule Poirot et son fidèle capitaine Hastings, un hommage non dissimulé à Sherlock Holmes et au docteur Watson.
Le saviez-vous ? L’attirance d’Agatha Christie pour les poisons, souvent utilisés pour les crimes de ses romans, serait le fruit de son métier pendant la Première Guerre mondiale. Engagée comme infirmière bénévole avant de devenir assistante-chimiste, elle obtient ensuite un diplôme de pharmacienne. La « reine du crime » connaissait donc très bien son sujet…
2 / Des œuvres cultes
Agatha Christie, ce sont surtout des œuvres ayant traversé les générations,devenues de véritables classiques. Ses romans ont été traduits plus de 7200 fois à travers le monde, et sont vendus à plusieurs millions d’exemplaires encore chaque année. Dix Petits Nègres, qui a récemment été rebaptisé Ils étaient dix, a par exemple était écoulé à plus de 100 millions d’exemplaires. Mort sur le Nil, Le Meurtre de Roger Ackroyd, Le Couteau sur la nuque… ses romans ont pour la plupart connu un succès planétaire. S’inspirant souvent de ses propres aventures et de son quotidien pour dépeindre l’environnement de ses enquêtes, Agatha Christie puise par exemple dans ses nombreux voyages au Moyen-Orient dans le cadre du travail d’archéologue de son mari pour poser le cadre de ses intrigues.
Le saviez-vous ? Ce sont par exemple ses propres mésaventures lors d’un voyage retour à Londres en 1928 qui lui inspireront Le Crime de l’Orient-Express. Mais le succès de l’œuvre d’Agatha Christie réside aussi bien-sûr dans le fait qu’elle se repose grandement sur deux héros très réguliers : les détectives très différents l’un de l’autre mais devenus de véritables icônes : Hercule Poirot et Miss Marple.
3 / Des personnages emblématiques
Au fil des années, le nom d’Agatha Christie est devenu indissociable de celui d’Hercule Poirot et de Miss Marple. Le premier, célèbre détective belge moustachu, apparaît dans trente-trois romans et cinquante-deux nouvelles de la romancière. Personnage imbu de sa personne et ayant une estime très conséquente de son intelligence, il parvient toujours à résoudre ses enquêtes en mettant en évidence de petits détails paraissant insignifiants pour les autres. Le héros d’Agatha Christie s’est tellement imposé dans l’imaginaire collectif qu’il est devenu l’emblème de la ville d’Ellezelles, en Belgique. Miss Marple est la deuxième héroïne la plus connue de l’œuvre d’Agatha Christie, apparaissant dans pas moins de douze romans et vingt nouvelles. Présentée comme une « détective à domicile » curieuse de tout, sachant tout, mais ne s’éloignant jamais trop de son village de St.Mary Mead, elle aurait été envisagée pour résoudre l’enquête de Mort sur le Nil, mais Agatha Christie lui aurait préféré Hercule Poirot car l’Egypte aurait été un voyage « trop périlleux » pour elle.
Le saviez-vous ? Agatha Christie aurait écrit la fin des aventures de ses deux héros au début de la Seconde Guerre mondiale, et les aurait gardés cachés dans le coffre d’une banque londonienne pendant plus de trente-cinq ans. Dans La Dernière énigme, publié fin 1976, après la mort de la romancière, on suit la dernière aventure de Miss Marple. Hercule Poirot quitte la scène est quant à lui publié en 1975, son intrigue se déroulant au même endroit que la première aventure du détective belge. On y découvre la fin de carrière du brillant moustachu, qui aura même le droit à sa nécrologie dans le New York Times !
4 / Des adaptation multiples
Si l’oeuvre d’Agatha Christie a réussi à s’implanter autant et traverser les générations, c’est aussi parce qu’elle a fait l’objet de multiples adaptations. Une très grande partie de ses romans et nouvelles ont été repris au cinéma, à la télévision, au théâtre ou même en bande-dessinée, et plusieurs fois pour certains d’entre eux ! Kenneth Branagh sera par exemple à la réalisation d’une nouvelle adaptation de Mort sur le Nil en octobre prochain avec un casting impressionnant, trois ans après avoir sorti Le Crime de l’Orient Express qui mettait en scène Johnny Depp et où il incarnait Hercule Poirot. Le détective moustachu a eu également le droit à sa série britannique pendant plus de vingt ans, et plusieurs téléfilms notables. Miss Marple n’est pas vraiment en reste non plus, puisqu’elle a eu le droit à deux séries télévisées, et plusieurs films et téléfilms. On pourrait aussi citer la série des Petits Meurtres d’Agatha Christie diffusée sur France 2 et qui revisite avec brio les principales affaires de la romancière. Dix Petits Nègres, qui a plusieurs fois été adapté à la télévision et au cinéma également, fera bientôt aussi son grand retour avec une série sur M6…Bref, les œuvres d’Agatha Christie ne cessent d’être adaptées, reprises, revisitées depuis des années…On décompte une quarantaine adaptations cinématographiques et une plus d’une centaine pour le petit écran !
Le saviez-vous ? La Souricière (The Mousetrap), adaptation d’Agatha Christie elle-même de sa nouvelle Trois Souris est la pièce de théâtre qui totalise le plus grand nombre de représentations consécutives au monde. Présentée pour la première fois en 1952, elle a eu le droit a plus de 23 000 représentations !
5 / Une influence sur des générations entières
Plus encore qu’avec ses adaptations, Agatha Christie a profondément influencé la culture telle que nous la connaissons aujourd’hui. Que ce soit par son œuvre ou par sa vie, la femme de lettres britannique a été une source d’inspiration pour de nombreux auteurs. En début d’année 2020 sortait par exemple La Dame de l’Orient Express de Lindsay Hashford, qui reprend un épisode majeur de la vie d’Agatha Christie à bord de l’Orient-Express, mêlant réalité biographique et fiction.
Le saviez-vous ? En décembre 1926, très affectée par la mort de sa mère et l’infidélité de son mari, Agatha Christie disparaît, et la police retrouve sa voiture abandonnée. La presse britannique s’emballe, criant au suicide ou au meurtre. Elle est retrouvée douze jours plus tard dans un hôtel et prétend ne se souvenir de rien. Qu’a-t-elle fait pendant cette disparition ? Si certains pensent que c’était un coup de publicité pour un nouveau roman, personne n’aura jamais la réponse. Ce mystérieux épisode inspirera Brigitte Kernel en 2016 pour son livre Agatha Christie, le chapitre disparu dans lequel elle se glisse dans la peau de la romancière pour imaginer les raisons de cette disparition. Si l’on peut également citer la série Arabesque qui est une inspiration assez claire de Miss Marple, nombreux sont les auteurs à s’être inscrits dans la lignée de la reine du crime et à s’efforcer de perpétuer son œuvre.