Elle est considérée comme la première féministe politique. Guillotinée en 1793, sa Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne marque l’histoire du féminisme politique français. Olympes de Gouges marque le commencement de la lutte féminine en politique.
Cette femme humaniste de la fin du XVIIIᵉ siècle, était une grande révolutionnaire, féministe et également engagée contre l’esclavage et la peine de mort. Son combat pour le droit des femmes l’a conduite à écrire la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne. Avec cet ouvrage, Olympe de Gouges, née Marie Gouze, devient la première féministe politique dans l’Histoire française. Retour sur la vie d’une femme émancipée, prête à défier l’autorité pour ses idées.
1- Une femme émancipée
Olympe de Gouges incarne l’émancipation féminine de part ses actes et ses choix de vie. Elle est mariée contre sa volonté à l’âge de 17 ans à Louis-Yves Aubry, un homme de trente ans son aîné. Ensemble ils auront un fils, Pierre Aubry. Au début des années 1770, elle perd ce mari qu’elle déclare ne jamais avoir aimé, et part pour Paris.
De son vrai prénom Marie Gouze, elle se fait désormais appeler Olympe de Gouges. Elle mène une vie de « courtisane » en se faisant entretenir par des hommes fortunés. Elle entretien une relation avec Jacques Bietrix de Rozières qui lui fournit les fonds nécessaires à ses activités mondaines et d’écrivaine. Catégorique sur ce sujet, elle refuse de se remarier, pour rester libre d’écrire ce qu’elle souhaite. Elle publie ainsi des pièces de théâtre défendant l’abolition de l’esclavage et des essais affirmant les droits des femmes. Des pamphlets naissent aussi de sa plume pour appeler à une réforme des institutions. Sa liberté et ses prises de position lui valent d’être mal considérée.
2- Sa place dans la politique
Femme engagée politiquement, Olympe de Gouges publie des textes politiques dès les années 1780. Elle défend les droits des peuples opprimés, y compris les esclaves et les femmes. Pendant la Révolution française, elle diffuse des idées républicaines avec ses pamphlets.
Dès 1788, Olympe de Gouges publie des brochures politiques, notamment Lettre au peuple et Remarques patriotiques, par l’auteur de la Lettre au Peuple. Elle fait de nombreuses propositions de réformes, notamment l’instauration d’un impôt volontaire, essentiellement un impôt sur la fortune, pour réduire le déficit du pays.
La féministe appelle à l’avènement d’un nouveau régime, donnant plus de pouvoir au peuple, mais en maintenant la royauté au pouvoir. Ainsi, elle défend un modèle de monarchie constitutionnelle. Très liée au groupe politique des Girondins, elle perd tous ses soutiens à leur chute, en mai–juin 1793. L’avènement des Montagnards, avec à leur tête Robespierre, la pousse à résister.
3 – Une féministe engagée
Olympe de Gouges est souvent considérée comme une des premières féministes politiques. Elle se bat en effet pour une reconnaissance des droits des femmes en tant qu’êtres humains à part entière. Comme d’autres femmes, elle relève l’hypocrisie des révolutionnaires. Ces derniers proclament la liberté et l’égalité, mais continuent à reléguer les femmes au second plan. Ses écrits dénoncent ainsi le manque d’égalité entre les sexes dans les réformes apportées par la Révolution française, ainsi que le pouvoir légal des pères et maris sur leurs filles et épouses.
Pour appuyer ses propos féministe, elle rédige le 14 septembre 1791 la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne. Cela sera son ouvrage le plus célèbre.
4 – La Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne
Pastiche de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, elle y reprend le texte original, exclusivement genré au masculin, en y intégrant les femmes. Les 17 articles de loi sont encadrés d’un préambule et d’un postambule, lui-même suivi d’un Contrat social de l’homme et de la femme. Elle y aborde les principes de liberté, d’égalité, de révolution et de justice.
Ce projet de texte législatif exige la pleine assimilation légale, politique et sociale des femmes. L’ouvrage s’ouvre sur l’article premier qui dit : « La Femme naît libre et demeure égale à l’homme en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune. »
Son combat pour les femmes se poursuit dans ses œuvres théâtrales, comme Le Couvent ou Les Vœux forcés, en 1790. La même année, Olympe de Gouges qui ne renonce jamais à défendre ses idées, signe une seconde pièce abolitionniste. Alors que l’Assemblée constituante débat de l’utilité des couvents et de la liberté de la femme, elle demande l’instauration du divorce qui sera adopté, et aussi le remplacement du mariage religieux par un contrat civil entre concubins, deux siècles avant le Pacte civil de solidarité (Pacs). En avril 1792, elle conteste la constitution de septembre 1791qui n’a pas intégré le divorce par consentement mutuel et qui, par son caractère censitaire et masculin, l’exclut à double titre du droit de vote.
5 – Une enfant de la Patrie
Grande révolutionnaire, Olympe de Gouges a multiplié les combats pour accorder des droits aux femmes, appelant même Marie-Antoinette à rejoindre la cause.
Très investie politiquement pendant la Terreur, elle dénonce la violence des Montagnards, notamment les massacres de Septembre. Elle critique particulièrement Jean-Paul Marat et Robespierre. Ses textes sur l’égalité des femmes dérangent les républicains au pouvoir. Son affiche Les Trois Urnes, ou le Salut de la Patrie, par un voyageur aérien lui coûte la liberté. Ne lâchant pas l’affaire, elle demande une élection pour choisir le mode de gouvernement : républicain, fédéral ou monarchique. Ce troisième choix est perçu comme une attaque contre le principe républicain.
Le 3 novembre 1793, elle monte sur l’échafaud, place de la Révolution, l’actuelle place de la Concorde. Avant de mourir, à 45 ans, elle aurait soufflé ces derniers mots : « Enfants de la patrie, vous vengerez ma mort ».