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On a vu pour vous… Mr Inbetween, la vie compliquée d’un tueur à gages

Désormais disponible sur Disney + , la série australienne Mr Inbetween est une formidable comédie noire à ne pas rater.

C’est quoi, Mr. Inbetween ? Ray Shoesmith (Scott Ryan) officie comme tueur à gages pour Freddy (Damon Herriman), un usurier de la pègre australienne. Avec son crâne rasé, son regard d’acier, sa froideur clinique et ses méthodes expéditives, Ray n’a généralement aucun mal à convaincre ses cibles de rembourser son patron. En dehors de ses heures de travail, il mène pourtant une vie tranquille voire banale : c’est un père aimant auprès de Britt âgée de 8 ans, un homme attentionné avec son frère malade Bruce (Nicholas Cassim), un super pote pour Gary (Justin Rosniak) et un petit ami prévenant pour Ally (Brooke Satchwell), une jolie secouriste qu’il vient de rencontrer. Mais voilà : il n’est pas toujours facile de concilier cette double vie et ce double visage. 

Il aura fallu plus de treize ans à Scott Ryan – créateur, scénariste et interprète de Mr Inbetween – pour  concrétiser son projet : tirer une série de cette histoire de tueur à gages imaginée à l’université, qui a fait un bide au cinéma en 2005 lorsqu’elle est sortie sous le titre Le magicien. Ce n’est qu’en 2018, alors que Ryan a  abandonné son rêve pour devenir chauffeur de taxi, que la série voit enfin le jour grâce au réalisateur Nash Edgerton. C’est lui qui convainc la filiale australienne de FX de commander une première saison de 6 épisodes et Mr Inbetween est chaleureusement accueillie par la critique et le public dans les pays où elle est accessible. Puisque les deux premières saisons sont enfin disponibles en France sur Disney +, il est temps pour nous de la découvrir.

Exerçant la jolie profession de tueur à gages, Ray a une certaine… éthique professionnelle : il respecte à la lettre les ordres de son patron Freddy et les exécute sans poser de question. Qu’il s’agisse d’intimidation, de passage à tabac ou de meurtre, il est implacable et inflexible. Inutile de supplier, de pleurer, de lutter ou de chercher à fuir : comme le montre le pré-générique du premier épisode, Ray remplit ses missions avec un sang-froid absolu digne de John Travolta dans Pulp Fiction. Contrairement à Barry, il fracasse des crânes et abat des gens sans aucun problème de conscience ; ce n’est pas non plus un psychopathe comme Villanelle. Après tout, c’est un job comme un autre – et un job lucratif pour lequel il est très doué. 

Ray, le tueur à gages implacable…

En revanche, quand il ne passe pas des gens à tabac ou pire , Ray est un autre homme. Ce n’est plus le sicaire glaçant à la mine patibulaire, c’est un mec sympa. Et même adorable et plein d’attentions envers ses proches, comme sa fille de 8 ans dont il s’occupe avec tendresse, son frère Bruce atteint d’une grave maladie dégénérative, son meilleur ami ou sa petite amie Ally, une charmante secouriste qu’il vient de rencontrer. Un type calme, posé… jusqu’à ce que son impulsivité prenne le dessus et qu’il mette ses compétences professionnelles à profit pour essayer de résoudre les petits tracas anodins du quotidien. 

A ce stade, vous vous dites sûrement que  vous avez déjà vu beaucoup de choses ressemblant à Mr Inbetween. Une comédie sur un tueur à gages ? Un anti-héros partagé entre des aspects  inconciliables de sa vie ? Un personnage qui cache sa véritable identité à ses proches ? Merci, on connaît. Et du reste, les trois saisons s’appuient sur ces éléments. Si l’intérêt ne réside pas dans l’originalité du point de départ, c’est pourtant une série exceptionnelle – parce que sa puissance narrative, ses qualités d’écriture et son personnage principal sont incroyables. 

Ray est effrayant, dérangeant, glaçant… mais on finit par aimer ce sale type et le trouver sympathique et même touchant, lorsqu’il s’occupe de sa fille, de son frère ou de son chien (dans cet ordre). Tout le mérite en revient à Scott Ryan,  acteur fabuleux qui se glisse dans la peau de Ray avec une maîtrise hallucinante : le contrôle qu’il exerce sur son héros, à la  fois en termes d’écriture et d’interprétation est absolument magistral. La contradiction et l’ambiguïté sont au cœur de la série et du personnage : Ray balance froidement un mec du haut d’une corniche ou menace un autre de tuer toute sa famille, puis il mange une glace avec sa fille à la sortie de l’école. Les deux univers  totalement différents s’équilibrent parfaitement, et on se laisse emporter dans l’un comme dans l’autre dans le sillage des deux… non, des trois Ray. A savoir le proche attentionné et aimant, le tueur froid et sans scrupule et le Mr Inbetween du titre, piégé entre les deux et qui ne sait plus très bien comment gérer. 

… et Ray, le papa poule

C’est donc une comédie noire pure et dure qui, dans de petits épisodes de 25 minutes, entremêle des moments de violence brute (quand Ray menace ou tabasse quelqu’un), de tension à couper le souffle (y compris dans des scènes où, finalement, il ne se passe rien…), un humour inattendu (du genre de celui du mythique épisode Pine Barrens des Soprano), de tendresse (les scènes adorables entre notre héros et sa fille), des dialogues de haute volée (notamment entre Ray et son boss Freddy) et même de profonde émotion… Le tout dans un récit magistralement mené, rempli de scènes fortes dont on ne peut quasiment jamais anticiper la fin. 

Imaginez un crossover entre Barry et Better Things, ou Vincent Vega en papa poule : vous aurez une assez bonne idée de ce qu’est Mr Inbetween. Une série impossible à lâcher, qui se démarque par une écriture intelligente, un héros aussi charismatique que complexe et un mélange permanent entre noirceur, humour et tendresse. Et ce, jusqu’au tout dernier épisode : cinq minutes avant le générique de fin, impossible d’anticiper le dénouement – surprenant et pourtant entièrement cohérent avec tout ce qui a précédé. Mr Inbetween est une tuerie – parfois littéralement, surtout métaphoriquement. 

Mr Inbetween
25 épisodes de 25′ environ. 
Saisons 1 et 2 disponibles sur Disney +

About author

Traductrice et chroniqueuse, fille spirituelle de Tony Soprano et de Gemma Teller, Fanny Lombard Allegra a développé une addiction quasi-pathologique aux séries. Maîtrisant le maniement du glaive (grâce à Rome), capable de diagnostiquer un lupus (merci Dr House) et de combattre toutes les créatures surnaturelles (vive les frères Winchester), elle n'a toujours rien compris à la fin de Lost et souffre d'un syndrome de stress post-Breaking Bad
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