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Et si la Crise de l’Euro profitait à l’Allemagne ?

En Juin dernier, des centaines d’allemands manifestaient dans les rues pour témoigner de leur lassitude, de leur exaspération face aux multiples plans de soutien européen dont l’Allemagne est le principal contributeur. Pour tout germanophile et européen ces défilés bien que très modestes glacent le sang car ils marquent la fin d’une époque : celle où l’Allemagne était le principal soutien de l’Europe. Il y a bien, on le sent, un changement d’époque, d’esprit et il n’est plus rare de rencontrer un citoyen allemand se plaindre  de ces « cochons » de grecs mauvais payeurs et un poil arnaqueurs. Et pourtant en y regardant de plus près, il est possible d’affirmer que la Crise profite du moins en partie à l’Allemagne.

 

Ci dessous voici l’évolution des exportations allemandes  en augmentation importante depuis les années 2000. (source les échos)

À comparer avec le taux de change euro / dollar de 2000 à 2011 (source latribune.fr)

On remarque et c’est normal que lorsque l’euro est plus faible l’augmentation des exportations allemandes est plus importante. Il ne faut pas être sorcier pour être conscient que moins un produit est cher pour l’export plus il est facile de l’exporter. Le creux observé en 2010 est en ce sens particulièrement révélateur puisqu’on observe à la fin de cette année un bond des exportations alors que l’euro s’échange à près de 1,25 $ sur cette période contre 1,45 $ un an plus tôt qui correspond à un creux au niveau des exportations (bien sûr les effets de la crise se font alors sentir, il n’empêche que l’évolution est significative). En définitive l’euro faible profite à l’Allemagne forte.

Il est remarquable de comparer ces données avec la situation d’un autre pays hors zone euro mais lui aussi tourné vers l’exportation et bénéficiaire du marché commun. La Suisse et sa monnaie font en pleine période de pessimisme offices de valeurs refuges. Le résultat est simple le Franc Suisse n’a cessé de s’apprécier alors que le dollar et surtout l’euro se dépréciaient. Le résultat est saisissant puisqu’à partir de 2010 alors que l’Euro atteint son plus bas niveau, la Banque Nationale Suisse (BNS) est dans l’obligation d’effectuer des achats massifs de devises étrangères pour lutter contre le renchérissement du Franc Suisse. Cette politique de lutte contre le Franc Fort se poursuit à l’heure actuelle avec un pic à 300 milliards en Septembre 2011 (soit 60 % du PIB) et des stocks régulièrement de 125 à 150 milliards d’euros, tous ces efforts n’ont qu’un objectif maintenir un taux de Change de 1 euro pour 1,2 Frs (contre 1,5 Frs lors de l’introduction de l’euro) seuil au delà duquel le différentiel handicape gravement l’industrie suisse. Dès lors ces prises de position sur les marchés des changes afin de conserver une économie compétitive a coûté l’année dernière près de 60 milliards de Francs suisses. Cette somme est à comparer avec la population et le PIB de la Suisse  500 milliards de Francs Suisses l’année dernière.

(source la BNS )

Il suffit d’imaginer le coût d’une pareille lutte pour un pays comme l’Allemagne pour comprendre pourquoi elle a tout à gagner avec l’Euro, s’il est impossible de chiffrer exactement le maintien  à un taux plancher du Deutsch Mark, celui-ci  coûterait très probablement à la BundesRepublik bien plus que les successifs plans d’aide aux pays du Sud sans prendre en compte l’impact sur l’exportation Allemande.
Le malheur des uns fait le bonheur des autres…
À bon entendeur !

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