France

A qui profite le soap opera de la droite ?

Cinq jours après le désastre électoral du 18 novembre, la guerre des chefs dévoile enfin son vrai visage mais l’UMP n’a toujours pas de chef légitime. L’UDI et l’extrême-droite jubilent. La gauche souffle.

 

Finis les fausses courtoisies, les cireurs de pompes, les embrassades familiales. La « guerre des chefs » n’a jamais aussi bien porté son nom.

Dimanche 18 novembre, 23h30. C’est Jean-François Copé qui allume la mèche le premier. « Les militants et les militantes de l’UMP viennent aujourd’hui de m’accorder la majorité de leurs suffrages et ainsi de m’élire comme président de l’UMP » a proclamé, tout fier qu’il était, le député-maire de Meaux. Dix minutes plus tard, François Fillon escorté par une Valérie Pécresse tout-sourire peinait à se faire entendre par la foule de militants en liesse. « Nous avons remonté tous les résultats de toutes les fédérations de France métropolitaine, des départements de l’outre-mer et des Français de l’étranger. Ces résultats me donnent une courte victoire de 224 voix ». L’ex-Premier Ministre a affirmé à son tour sa consécration devant les caméras.

Deux chefs qui revendiquent leur légitimité dans la victoire. Du jamais vu depuis la crise des Verts en 2008. Même le joli minois de la présentatrice de BFM Tv laissait poindre la stupeur. Du côté de Matignon, on en connaît certains qui devaient jubiler sec la tête dans le seau à pop-corns.

C’est à ce moment précis, alors que la soirée électorale battait son plein, que les deux challengers auraient du se rappeler du vieil adage : les plaisanteries les plus courtes sont les meilleures. Pourtant voilà cinq jours que la droite n’a plus de chef légitime et crédible. Cinq jours que les militants et sympathisants ne savent plus où donner de la tête et aux côtés de qui, s’engager dans la course à 2017. Cinq jours que l’affaire sature l’espace médiatique au point d’en faire dresser les cheveux sur le crâne chauve d’un Olivier Mazerolle qui n’en peut plus de siffler la fin de la récréation sur le plateau de BFM Tv.

L’UMP : premier bureau des plaintes de France

La nuit du 18 novembre n’a été en vérité que le point de départ d’une lente agonie d’un parti à présent fracturé. Alors que la Cocoe avait déclaré vainqueur M.Copé avec une petite avance de 98 voix le lundi 19 au soir, le camp de François Fillon a contesté, mercredi 21 novembre, les résultats du scrutin, assurant que 1 304 voix de trois fédérations d’outre-mer ont été oubliées dans le décompte, et que leur réintégration désignerait leur champion comme vainqueur. Le parti est dans l’impasse. François Fillon a alors demandé au fondateur du parti, Alain Juppé, de jouer un rôle de médiateur dans ce conflit. Or Jean-François Copé reste sur sa ligne, incitant les fillonistes à faire une requête devant la commission des recours. De son côté, M.Fillon menace d’un recours en justice si la solution de médiation n’est pas acceptée. La cacophonie est grande et incite soit à la condescendance, soit à la lassitude.

Les autres droites sortent du silence

L’incapacité de l’UMP à se doter d’un chef après trois mois d’une campagne effrénée, est une aubaine pour les autres tonalités de droite. « On vous avez prévenu ! » a déploré Florian Philippot le responsable du FN dès les annonces de victoires des deux candidats. Pour Marine Le Pen interrogée ce matin par Jean-Jacques Bourdin sur RMC, cette élection interne a été l’occasion de voir ressortir avec « une violence ahurissante les égos et les haines » qui se terraient au sein du parti. La chef du Front National est dans ses petits souliers. Sans donner de chiffres elle assure avoir vu les adhésions au parti tripler depuis quelques jours.

Jean-Louis Borloo n’est pas en reste. Le président de l’Union des Démocrates Indépendants (UDI) a revendiqué 1280 internautes souhaitant adhérer au parti en l’espace d’une nuit. Pour lui, le parti unique de droite ne tient plus.

Au sein même de l’UMP, certains non-alignés ont réussi à être épargnés. Il va s’en dire que l’ancien chef de l’État Nicolas Sarkozy demeure le grand vainqueur de cette élection. Le spectre du patron de la France Forte continue de planer dans les esprits nostalgiques des militants. Certains sarkozystes acharnés s’aventurent même à comparer le soir du 18 novembre avec l’appel du 18 juin du Général de Gaulle affirmant le retour nécessaire de l’homme à la tête de la droite.

Finalement, celle que l’on entend pas beaucoup dans tout ce pataquès c’est bien Nathalie Kosciusko-Morizet. L’ex-ministre de l’écologie s’est bien gardée de se mêler des querelles de ses condisciples. Pourrait-elle tirer son épingle du jeu en créant sa propre ligne politique dans la perspective de 2017 ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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