Comment j’ai rencontré mon père est une comédie émouvante et actuelle avec Albert Delpy, François-Xavier Demaison, Isabelle Carré, Diouc Koma et Owen Kanga. L’intrigue est plutôt insolite : un enfant adopté rencontre un migrant sans papiers qu’il croit être son père, pour la simple raison qu’il a, comme lui, des origines Africaines.
Pour la sortie du film en DVD et BLU-RAY (le 11 octobre), nous avons rencontré le réalisateur Maxime Motte et Albert Delpy qui tient le rôle du grand-père de l’enfant. Entretien avec un réalisateur signant son premier film et un acteur plus que confirmé.
VL : Votre film est sorti au cinéma le 7 juin dernier. Comment se sont passées les rencontres avec le public en France cet été ?
Maxime Motte : Formidablement bien. On a eu de la chance d’avoir un bel accueil de la part des spectateurs. Ces projections étaient l’occasion de parler du film et de le partager. Et comme c’est une comédie, je me suis caché au fond des salles pour voir si les gens riaient bien, et ils riaient !
C’était également l’occasion d’échanger, à la fois sur la comédie mais aussi sur tout ce qu’on voulait raconter sur les autres thématiques : l’adoption, l’immigration clandestine… C’était un pari pour nous d’en parler de cette manière-là. Et le pari semble réussi, car plusieurs fois on nous a remercié d’en avoir parlé sur un fond de comédie. Notre démarche a bien été accueillie.
VL : Pourquoi aviez-vous pensé tout de suite à Albert Delpy pour le rôle d’André, le grand-père ?
Maxime Motte : Déjà parce que c’était le personnage en chair et en os, et ensuite parce qu’il a cette fantaisie naturelle. C’est quelqu’un qu’on a envie de filmer, et moi aussi j’en avais envie.
VL : Il semble que le personnage du grand-père soit central au film car il est aussi un père que son fils rencontre et apprend à connaître.
Maxime Motte : La figure du père est centrale au film, c’est vrai. Le film parle aussi de la relation entre Eliott (François-Xavier Demaison) et son père André. Eliott est surprotecteur avec son fils, parce qu’il reproduit l’inverse de ce que lui a donné son père.
VL : Comment décririez-vous votre personnage ?
Albert Delpy : C’est beaucoup de moi… Maxime m’a sûrement étudié en douce ! Je me sentais comme un poisson dans l’eau. Et avec Bernard Marbaix et Robert Lemaire, on s’entendait comme « larrons en foire ». Je les ai vraiment adorés, ce sont deux acteurs formidables. J’ai beaucoup ri.
VL : Pourquoi votre personnage vous plait-il autant ?
Albert Delpy : Parce qu’il se sacrifie. Il va jusqu’au bout, c’est beau. Et aussi parce que même sa mort est drôle.
VL : Comment évolue le personnage d’André ?
Maxime Motte : Il semble d’abord très dur et égoïste, et d’une certaine manière il exploite le clandestin (Diouc Koma) comme il exploiterait n’importe qui. Puis, on se rend compte qu’il n’est pas un personnage superficiel, et qu’il veut aider à la fois son fils et son petit-fils Enguerrand (Owen Kanga).
VL : Quel a été le retour du public sur ce personnage ?
Maxime Motte : D’après ce qu’on a pu me dire ou ce que j’ai pu lire, les spectateurs ont bien aimé ce personnage. J’étais content de cela. C’est un personnage qui n’a pas d’interdit. C’est aussi quelqu’un de très direct, ce qui peut être très amusant. Puis il finit par se sacrifier. Il a beaucoup plus d’épaisseur que ce qu’on ne le croit au début.
VL : Y-a-t-il eu une scène dure à jouer ?
Albert Delpy : Oui, quand André doit parler du passé et dévoiler son côté intime et sentimental. Il doit parler du passé, du jour où sa mère est partie. C’était dur à jouer car le personnage se livre.
Maxime Motte : C’est le moment où il doit se confier alors que c’est un personnage plein de pudeur. C’est le genre de personne qui a besoin de dire les choses à l’aide d’une plaisanterie ou d’un petit pic ironique.
VL : Qu’est-ce que ça vous fait d’être demandé par de jeunes réalisateurs ?
Albert Delpy : J’adore ! Je m’amuse comme un fou. C’est important pour un acteur d’être heureux.
VL : Vous avez tourné avec des metteurs en scène et des réalisateurs très célèbres (Henri Verneuil, Doillon, Mocky, Polanski, Tacchella…) même dans des « petits » rôles. Lesquels vous ont le plus marqué et pourquoi ?
Albert Delpy : J’ai beaucoup aimé jouer dans Ridicule, dans les trois films que j’ai fait avec ma fille, et Comment j’ai rencontré mon père. J’adore mon rôle dans ce dernier, et c’est pour ça que je veux le défendre. J’ai moi-même perdu mon père quand j’avais dix ans, donc le sujet de la paternité me touche énormément.
VL : « Comment j’ai rencontré mon père » est une comédie sur l’immigration. Peut-on rire de tout ?
Albert Delpy : Oui, car dans ce film on rit d’une belle manière, on ne se moque pas.