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« Arrogants » et « paresseux », les salariés français sont boycottés par les Suisses

« Paresseux, râleurs et prétentieux », voici le portrait peu reluisant dressé par les entreprises helvètes. Après le patron de Titan International en février dernier, qui critiquait les Français parce qu’« ils ne travaillent que trois heures » et prennent des pauses sans arrêt, c’est désormais au tour des Suisses de s’en prendre à nos salariés. Et de les discriminer à l’embauche.

Ouvriers du bâtiment, traders, banquiers, il ne fait pas bon être Français en Suisse. En effet, le journal Le Matin Dimanche révèle dans son dernier numéro que la mention « Suisse et résident suisse » figure sur de plus en plus d’offres d’emploi. Un message très clair à l’attention de leurs voisins français. Une réputation qui leur colle à la peau suite à de mauvaises expériences faites par plusieurs entreprises suisses, exaspérée de ce comportement. L’une de ces dirigeantes explique dans le quotidien que « les Français embauchés étaient souvent malades le lundi et le vendredi ». Et d’ajouter, « il y a toujours un problème. Alors que les Espagnols et les Portugais, ça n’a vraiment rien à voir ».

Avec seulement 3% de chômage, la Suisse est une terre d’accueil de choix pour tous les ressortissants de l’Union européenne. D’ailleurs, un quart des travailleurs sont d’origine étrangère, ce qui agace de plus en plus les citoyens. En effet, ces dernières années, le nombre d’immigrants étrangers aurait dépassé d’environ 60 000 à 80 000 celui des départs et plus de 1,2 million d’Européens vivraient actuellement en Suisse. Si en plus les Français sont « revanchards », « revendicateurs », « arrogants », la coupe est pleine.

Trop de scandales

Plus qu’un simple sentiment d’invasion – qui plus est par des malotrus –, c’est une succession de mésaventures qui, comme un retour de bâton, rendent les Suisses méfiants à l’égard des candidats Français. Une situation que le quotidien Le Matin Dimanche explique par les trop nombreuses affaires ayant mis en cause des Français sur leur territoire. La dernière en date, concernait Pierre Condamin-Gerbier, un ancien collaborateur de la banque Reyl & Cie. Actuellement en prison à Berne, son témoignage dans l’affaire Cahuzac, a mis le feu aux poudres. Plus tôt, en 2009, c’est la bruyante affaire Falciani qui mettait les Suisse en rage. A l’époque, Hervé Falciani, un ancien informaticien de la banque HSBC en Suisse, avait vendu un fichier volé comportant une liste d’évadés fiscaux. Ainsi l’attitude de ces messieurs a fortement contribué au désamour des Helvètes. Malgré tout, refuser un poste à une personne à cause de sa nationalité est contraire aux accords de libre circulation signés en 1990 instaurant une égalité de traitement à l’embauche entre ressortissants européens et suisses.

Et s’ils n’avaient pas complètement tort ?

Fin 2011, une étude réalisée par Regus démontrait que les critiques faites à l’encontre des travailleurs français étaient loin d’être méritées. On apprenait alors que plus d’un Français sur deux travaille plus de 9 heures par jour et qu’ils sont 83% à emporter du travail à domicile. Une étude qui se base sur les réponses des Français, pas sur les chiffres. En effet,  à partir des enquêtes européennes sur les forces de travail (Labour Force Survey, LFS) réalisées cette même année, la durée habituelle hebdomadaire du travail déclarée par les salariés à temps complet en France s’élève en moyenne à 39,5 heures. Cette durée place la France au 21è rang. 21/27 – pour le nombre de pays rattachés à l’Union européenne – ce n’est pas brillant. Derrière elle, restent la Belgique, la Finlande, les Pays- Bas, l’Italie, l’Irlande et le Danemark. A titre de comparaison, la durée habituelle hebdomadaire moyenne de l’UE est de 40,4 heures et la plus élevée est celle du Royaume- Uni à 42,2 heures. En Suisse, le temps de travail en moyenne s’établit à 41,7 heures hebdomadaires. Mais derrière les chiffres, il faut connaître la législation, les durées légales de travail. Car si on proposait aux Français de travailler (et donc d’être payés) 41,7 heures par semaine, pas sûr qu’ils se fassent prier. Eh oui, les conditions de travail ne sont peut-être pas étrangères à notre réputation.

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