Le film documentaire, Allende Mi abuelo Allende (2015), est une plongée dans l’univers intime du leader chilien Salvador Allende. Le film a été primé lors l’édition 2015 de la quinzaine des réalisateurs de Cannes : il a reçu le premier Prix documentaire L’Oeil d’or.
Au-delà du mythe politique : de Salvador Allende au Chicho
Salvador Allende (1908-1973), médecin, fondateur du parti socialiste chilien, a été président du Chili de 1970 à 1973, année de sa mort lors du coup d’État du 11 septembre 1973 du général Augusto Pinochet (que la CIA, Central Intelligence Agency, aurait aidé). C’est un leader charismatique connu dans le monde entier, et plus particulièrement en Amérique latine, notamment pour ses prises de paroles en faveur d’une « voie chilienne vers le socialisme » avec l’Union Populaire (à travers la nationalisation du cuivre, une réforme agraire).
Mais ne cherchez pas la politique dans ce film de l’intime, vous ne la trouverez pas ou si peu au détour de quelques conversations, de quelques témoignages d’un membre de la famille de Marcia, petite-fille du Chicho, surnom affectif que sa famille donne à Salvador Allende.
Marcia veut entendre et comprendre son histoire familiale enfouie
Car le film documentaire, Allende Mi abuelo Allende (2015), raconte l’histoire de la réalisatrice Marcia Tambutti Allende, petite-fille de Salvador Allende, qui souhaite rompre le silence latent au sein de sa famille depuis la mort de son grand-père. Pour cela, elle va interroger les membres de sa famille qui ont connu le leader chilien. Comme sa grand-mère Hortensia Bussi (1914-2009), femme de Salvador Allende, surnommée la Tencha, qui s’exprime si peu sur sa vie avec le leader chilien. Les scènes, où Marcia interroge sa grand-mère, sont très touchantes, notamment quand la Tencha tente de faire comprendre à sa petite fille que ses questions l’ennuient. Dans sa démarche, elle est seulement soutenue au début par son cousin, Alejandro Allende.
Interroger les silences, les oublis, les non-dits dans cette famille déchirée par le coup d’État de Pinochet
Le film met en relief la difficulté de parler, de dire l’avant, l’après de cette histoire terrible qui s’est déroulée au Chili. Dire l’avant, raconter le gouvernement de l’Union Populaire. Mais aussi dire l’après, et l’exil forcé de la famille de l’ancien président chilien destitué par le coup d’État de Pinochet.
Elle confond ses souvenirs avec ceux de ses proches et filme des scènes où ils découvrent ensembles des photographies de la famille. Elle espère tellement des commentaires et des anecdotes sur ces instants de vie.
Marcia parle des personnes disparues, son grand-père bien sûr mais aussi sa tante et sa grande-tante.
Sa tante, Beatriz Allende (1943-1977) surnommée Tati, médecin de formation, fut la plus proche collaboratrice de Salvador Allende durant sa présidence. Comme la mère de Marcia, Maria Isabel Allende Bussi, Tati est restée jusqu’au bout avec son père dans le Palais de la Moneda (palais présidentiel chilien) bombardé. Marcia tente de comprendre le pourquoi de son suicide à Cuba en 1977 alors qu’elle était mère de deux enfants.
Elle évoque plus brièvement sa grande-tante qui s’est également suicidée.
Marcia Tambutti Allende suscite merveilleusement bien ces témoignages. C’est son premier film, peut-être le dernier, c’est surtout une réussite…à découvrir rapidement car on se laisse porter par ce récit haletant de la famille de Salvador Allende et de l’histoire du Chili.
Pour voir la bande annonce en espagnol, cliquez ici.