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C’est quoi ces contenus « masculinistes » qui posent problème sur les réseaux ?

Ce dimanche, la ministre de l’éducation nationale Elisabeth Borne a déclaré sur le plateau d’LCI que des séquences de la série à succès « Adolescence » seront diffusés dans les classes à partir de la 4ème. Cette série mettant en scène les dérives de la montée du masculinisme ainsi que ses conséquences chez les plus jeunes servira ainsi de support pédagogique pour les élèves, afin de prévenir face à l’ascension d’une idéologie qui tue.

Le masculinisme, un contre-mouvement du féminisme ?

Dans les médias et l’actualité se fait entendre de plus en plus le terme de « masculinisme » pour cause de sa montée en puissance. Ce mot en -isme désigne une idéologie reposant sur plusieurs postulats, ayant notamment pour but de clamer « la cause des hommes ». Globalement, le masculinisme défend une logique inverse au mouvement féministe : les hommes seraient les victimes des femmes qui auraient pris trop de pouvoir et de place via la multiplication des mouvements féministes tel que Metoo. Les masculinistes défendent donc le retour à une soi-disante « une ère révolue », celle où les hommes pouvaient afficher fièrement leur virilité et leur supériorité aux femmes qui auraient depuis volé leur place dans chaque sphère de l’espace public. D’où la corrélation entre le regain des idées conservatrices et la multiplication des idéaux masculinistes.

Une vraie terminologie s’est construite autour de cette idéologie, ce qui lui donne encore plus d’épaisseur et de crédibilité pour ses nouveaux adhérents. Le terme « incel » revient par exemple fréquemment et désigne les hommes célibataires malgré eux, une situation fortement instrumentalisée par les masculinistes. Utilisé pour illustrer la souffrance des hommes maintenant « dominés » par des femmes « trop émancipées », le terme « incel » sert de vrai prétexte à une haine banalisée envers les femmes. Ainsi, le masculinisme se construit complètement à revers du féminisme : plus les femmes gagnent leurs droits, plus les masculinistes se radicalisent. C’est pourquoi l’idéologie prône le dénigrement des femmes « modernes », sensibilisées aux idées progressistes.

Même si le masculinisme est de plus en plus abordé aujourd’hui, selon l’historienne Christine Bard, cette idéologie s’inscrit directement dans la continuité de l’antiféminisme, et existe depuis des siècles. Le terme est ainsi abordé pour la première fois au XIXème siècle par Hubertine Auclert, journaliste à l’origine du mouvement des suffragettes.

Comment les contenus masculinistes se sont imposés dans notre quotidien

La diffusion de la série Adolescence dans les collèges francais s’ancre dans un contexte où le masculinisme se structuralise. En politique, la montée de l’extrême droite, que ce soit en Europe ou en Amérique, donne lieu à une avalanche de discours à penchant masculiniste, ayant tendance a renfermer la femme dans la sphère privée de laquelle elle s’était tant bien que mal extirpée. Ainsi, les hommes de pouvoir américains, comme Donald Trump, Elon Musk, ou même Mark Zuckerberg sont de parfaits archétypes du masculinisme, se distinguant par leur machisme prononcé et l’éloge d’une virilité à entretenir.

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Les réseaux sociaux sont devenus un terrain particulièrement propice à la culture du masculinisme.  Aidés par le phénomène de la bulle de filtre, les hommes s’y retrouvent assiégés de contenus masculinistes : conseils pour séduire, culte de la salle de sport, masculinité toxique, discours mysogines… Ainsi, en likant une seule vidéo masculiniste sur Internet, l’algorithme plonge l’utilisateur dans une « manosphère » alimentée par des créateurs de contenus vénérés par des millions de followers comme Andrew Tate (10,7 millions d’abonnés sur X). Dans les cas les plus extrêmes, certains contenus haineux font même l’apologie du crime, que ce soit le viol où le meurtre. Les effets du masculinisme sont ainsi immédiats et concrets dans notre quotidien, et notamment à l’origine de féminicides. En 2018 à Toronto, un homme de 25 ans se considérant sur Internet comme un incel avait alors tué 8 femmes en fonçant dans la foule avec sa camionnette.

Une double menace

La montée du masculinisme est une vraie menace que ce soit pour les femmes ou pour les jeunes hommes susceptibles d’y être happés. Le masculinisme est en effet à l’origine même de la souffrance masculine qu’il prétend combattre. En stigmatisant les hommes qui acceptent leur féminité, qui osent se montrer vulnérable ou qui ne correspondent pas à son vision de l’homme hétérosexuelle aux multiples conquêtes, le mouvement forge un idéal masculin toxique et source de mal être. Ce mal être se traduit ensuite par une haine viscérale des femmes, qui sont alors considérées comme la cause de cette souffrance.

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