Benoîte Groult, militante féministe française, décrit le Deuxième Sexe comme « LE livre des femmes par excellence ». Depuis quarante ans, l’essai existentialiste est considéré comme LE texte fondateur du féminisme moderne. Retour sur ce livre qui fit énormément de bruit.
Qui est l’auteur ?
Simone de Beauvoir est née le 9 janvier 1908 dans le 6ème arrondissement de Paris. La fille d’avocat étudie au cours Désir, une école réservée aux filles de « bonne famille », et elle s’y démarque par ses capacités intellectuelles. Dès l’âge de 15 ans, l’adolescente se destine à une carrière d’écrivaine. Après son bac elle étudie les mathématiques, les lettres et la philosophie. C’est dans les amphithéâtres de la Sorbonne qu’elle rencontre Jean-Paul Sartre, l’homme avec qui elle formera le couple mythique libertin.
Dans sa carrière, la philosophe, romancière, mémorialiste et essayiste écrit plusieurs livres
avant de décrocher le prix Goncourt pour les Mandarins. Ses œuvres sont lues à travers le monde, mais un seul continue de faire couler beaucoup d’encre. Commentaires, études et controverses, 72 ans après, le Deuxième Sexe persiste à faire parler de lui, mais alors pourquoi ?
Le Deuxième sexe n’est pas un livre militant
Dans son livre, l’autrice prône des causes féministes : l’indépendance sexuelle, l’avortement, le lesbianisme et le rôle de mère. Ainsi, ce qu’on pourrait penser être un livre militant, ne l’est pas en réalité. En effet, l’historienne Marine Rouch démontre que Simone de Beauvoir a écrit « à la façon des encyclopédies », et qu’il s’agissait « de tout dire dans les moindres détails ».
Cette dernière a entamé un vrai travail de recherche. Elle a travaillé sur de nombreux textes d’écrivains et de philosophes afin de déconstruire les mythes. Elle s’appliqua également à comprendre la perception de la femme dans la médecine, la biologie, l’histoire ou encore la sociologie. C’est par ses études qu’elle comprit qu’elle n’était pas née femme, mais qu’elle l’était devenue.
« On ne naît pas femme on le devient »
C’est la célèbre formule qui résume l’ensemble des thèses de Simone de Beauvoir. Selon la philosophe, être une femme n’est pas quelque chose de naturelle, une femme ne suit pas « un destin biologique prédéfinit ». Ce sont plusieurs facteurs qui viennent créer la femme et sa supposée « féminité naturelle ». Dans une interview, Simone de Beauvoir s’explique, « bien avant que l’enfant en soit conscient, on inscrit dans son corps, par la manière de le traiter et de l’éduquer, ce qui plus tard apparaîtra comme le destin ».
Être une femme selon Simone de Beauvoir
Selon Simone de Beauvoir, devenir une femme c’est devenir un être oppressé, limité, et inférieur à l’homme. En fonction de son sexe, l’enfant suivra une éducation fondamentalement différente du genre qui lui est opposé. Au début du XXème siècle, les petites filles apprennent progressivement à se soumettre, à s’occuper du foyer, des enfants, et de leur futur mari. Les quelques femmes qui tentent de s’émanciper sont pointées du doigt par le reste de la société. Les savants, les poètes, et intellectuels de l’époque, estiment qu’une femme n’a pas les capacités psychologiques et intellectuelles nécessaire pour faire des études supérieures. Sa réelle place est auprès de ses enfants.
Sortir de cet état d’oppression
Dans une interview de 1975, Simone de Beauvoir explique que la condition de la femme ne pourra s’améliorer que si elle s’arrête de se résigner. La femme doit cesser de se soumettre à la passivité, et pour cela il faut remonter aux origines du problème, à la petite enfance.
Pour Simone de Beauvoir, la mère est à la base de cette discrimination. C’est à elle d’insuffler à ses filles l’esprit d’initiative et d’indépendance.
À lire aussi : Tokyo 2021 : Des JO sans état d’urgence sanitaire