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Constance McCashin (Côte Ouest) : « Des couples de la classe moyenne tentant de vivre le rêve américain »

Durant les premières années de la série Côte Ouest (qui dura de 1979 à 1993), elle fut Laura Avery Sumner. A l’occasion des 45 ans de la série, Constance McCashin revient sur sa participation à cette série culte.

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Tout d’abord, êtes-vous surprise d’être contactée par des journalistes pour parler de votre carrière et de votre personnage ? 

Constance McCashin : Je sais que la série est très populaire en dehors des États-Unis. Je l’ai constaté quand j’étais au Royaume-Uni, en Amérique du Sud. Je suis venue en France, mais personne ne m’a reconnue. Mais c’était il y a longtemps : j’ai quitté la série quand ma fille est née, et elle a 35 ans aujourd’hui. C’était il y a très très longtemps.

Quand vous repensez à cette période, quel est votre sentiment ?

Constance McCashin : Vous voulez dire, quand j’étais actrice ? Quand j’étais très jeune, j’ai été danseuse et j’ai obtenu un diplôme universitaire en Anglais – un diplôme probablement totalement inutile. Au final, c’était un bon diplôme, mais ça ne prépare à rien, n’est-ce pas ? Et puis j’ai emménagé à New York, j’ai fait beaucoup de publicités pour la télévision, j’ai étudié avec un merveilleux professeur qui a changé ma vie. Il m’a vraiment appris la technique. J’ai quitté New York parce qu’il ne s’y passait pas grand-chose à l’époque. C’est-à-dire que j’ai fait du théâtre et beaucoup plus de publicités, mais j’ai déménagé à Los Angeles parce que j’avais un manager qui a ouvert un bureau là-bas, et il m’a dit, tu devrais vraiment aller à Los Angeles parce que je pense que tu pourrais vraiment y travailler. Et la première chose que j’ai faite, trois semaines après mon arrivée, c’est de rencontrer mon mari. Alors voilà. C’était il y a 45 ans. Et en fait, indirectement, mon mari m’a permis de tourner dans Côte Ouest. J’ai fait beaucoup de téléfilms , j’ai fait des pilotes peut-être moins d’un an après mon arrivée à Los Angeles. J’ai eu beaucoup de chance.

On a parlé de Scenes from a marriage comme source d’inspiration pour créer Côte Ouest …

Constance McCashin : Il s’en est inspiré, certainement. La question ne se pose pas. Mais quand il a rencontré la chaîne pour essayer de vendre Côte Ouest, l’idée était inspirée d’un film des années 1950, Les sensuels. Ça racontait l’histoire de couples après la guerre, ils ont acheté des maisons, ils vivent tous dans une impasse, ils sont jeunes et débutent dans la vie. Et quand il a essayé de vendre cette idée à CBS, on lui a dit, « vous savez, nous voulons quelque chose de plus grand. Nous voulons quelque chose de plus clinquant. Il a donc imaginé Dallas, qui ressemble beaucoup au film de James Dean, Géant. et aux romans de l’autrice qui a écrit Géant. Et c’était plus grand, c’était le Texas ! Évidemment Dallas est devenu un énorme succès pour David. Et il a réussi à faire passer Côte Ouest en épisode back-door. C’est probablement comme ça que ça s’est passé, pour ce que j’en sais. 

Dallas, ce sont des riches du Texas, Côte Ouest c’est la classe moyenne et son implication dans la société.

Je pense que vous avez raison. Je pense que les gens aimaient voir ces couples de la  classe moyenne qui essayaient de vivre le rêve américain, d’être propriétaires de leur maison, qui ont des enfants… Et les femmes avaient toutes un métier, ce qui était plutôt inhabituel – même à l’époque, dans les années 80. Enfin, je ne devrais pas dire ça. Ce n’est pas tout à fait vrai, mais peut-être un peu… Mais oui, c’est probablement quelque chose que les gens ont trouvé plus pertinent par rapport à leur vie que Dallas, même si évidemment Dallas a touché une corde sensible et les gens l’ont adorée. Et il y avait des acteurs merveilleux. Vous savez, il y avait un public très fidèle. Je suppose que quand une série est bien écrite et bien jouée, elle trouve naturellement sa place.

Dallas est l’un des meilleurs soap opera des années 80. Mais Côte Ouest est l’une des meilleures séries des années 80 car elle aborde de nombreux thèmes très importants dans la société, comme la place des femmes.

Exactement. Je pense que la série était en avance sur son temps sur ces sujets. Ça dépend de l’endroit où on a grandi, du tempérament de nos parents, de la morale avec laquelle on a grandi. Mais je suppose que pour beaucoup de femmes, peu importe le pays et y compris aux États-Unis, avoir une carrière à temps plein et avoir des jeunes enfants et être la partenaire de votre conjoint, c’était une idée assez nouvelle.

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Constance Mccashin as Laura

Était-ce différent  en tant qu’actrice, de jouer dans une série, surtout dans un feuilleton diffusé aux heures de grande écoute comme Côte Ouest ? 

J’avais un peu tourné dans  un soap opera à New York et de temps en temps, on y tournait un téléfilm ou une série – mais pas comme aujourd’hui où il y a tellement de productions à New York, et c’est merveilleux. Alors parfois, je tournais mais à l’époque, la plupart des ceux qui quittaient New York pour Los Angeles avaient été formés au théâtre, davantage qu’au cinéma ou à la télévision. Et ils allaient à Los Angeles parce que leurs managers et leurs agents pensaient qu’ils pourraient peut-être réussir à la télévision et au cinéma. Parce que s’ils étaient de bons acteurs de théâtre, ça devrait se traduire à l’écran et ils devraient réussir. Je pense que beaucoup d’acteurs qui ont fait cette migration vers l’ouest dans les années 70 et 80 étaient formés au théâtre. Et on parlait de James Dean, de la méthode créée à Moscou, la méthode Stanislavski, à l’Actors studio de New York. Marlon Brando a débuté au théâtre. James Dean faisait de la télévision en direct, à l’époque à New York. Julie Harris a débuté au théâtre, elle était à l’Actors studio. Le métier que ces acteurs ont appris se voyait à l’écran et certains des meilleurs acteurs de cinéma de l’époque ont commencé au théâtre. Et beaucoup d’acteurs qui font de la télévision et du cinéma sont merveilleux. Mais lorsqu’ils essaient de jouer dans une pièce, ils vivent parfois une période très difficile parce que c’est un ensemble de techniques différentes. C’est logique.

Dans Côte Ouest, votre personnage était fascinant, passionnant. Il y a quelques jours, j’ai revu le pilote et la façon dont vous construisez votre couple avec John Pleshette, dans la première saison est très intéressante. Est-ce que c’est difficile de construire un couple dans une série ? 

C’est drôle, je parlais avec John l’autre jour, je le revois avec sa femme dans quelques mois. Je n’avais jamais rencontré John avant. J’ai obtenu le rôle parce que j’avais fait un autre pilote. J’étais à Los Angeles. J’ai rencontré mon mari qui était acteur à l’époque, il faisait une mini-série. Il s’est présenté au casting juste pour passer le temps pendant une pause et on lui a dit : « On cherche une femme pour jouer une seconde épouse, une garce, pour une nouvelle série. » Mon mari a répondu : « eh bien, ma fiancée serait parfaite. » Alors on lui a demandé : « Qui c’est, ta fiancée ? » Et il a dit : « Constance McCashin » et ils ont répondu : « Oh, elle serait géniale. » Et j’ai eu le rôle. C’était une série créée et produite par David Jacobs, Married : the First Year et je jouais la deuxième épouse d’un homme plus âgé. Cette série n’est pas allée au-delà de… Je ne sais pas combien d’épisodes ils ont fait. Mais David est devenu un vrai soutien, mon champion. Il a créé Côte Ouest, on a passé Noël chez lui et il m’a dit qu’il avait écrit ce rôle pour moi et il m’a donné le scénario. C’était un merveilleux cadeau de Noël, non ? 

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Mais je n’avais jamais rencontré John. Et  d’un coup, je dois coucher avec quelqu’un que je n’ai jamais rencontré auparavant. C’est un peu risqué. A moins d’être le coup d’un soir,il faut faire semblant d’être marié depuis 10, 15 ans alors qu’on vient à peine de rencontrer l’autre. Mais John et moi n’étions pas un couple normal, pas vrai ? Tout le monde pensait que c’était une étrange association. En fait, je pense que ça a vraiment fonctionné. Le personnage de John… John est un acteur merveilleux, vraiment talentueux. Et m’associer avec John, c’était un coup de génie. Et ça a fini par payer, vous savez.

L‘autre grande idée de Côte Ouest, c’était Laura et Greg Sumner. William Devane est un acteur très, très intéressant. La première fois que vous avez lu le scénario et découvert que Laura était amoureuse de Greg Sumner, qu’avez-vous pensé ? 

L’ironie, c’est que le monde est petit. Bill Devane avait dirigé mon mari. Vous savez qui est Harry Chapin ? Un chanteur, auteur-compositeur américain, mort très jeune – il avait 38 ans. Il y a eu une comédie musicale sur Harry, un spectacle de cabaret à Hollywood, que Bill Devane a dirigé, et mon mari était dedans. Et je ne connaissais ni l’un ni l’autre. Je venais d’emménager à Los Angeles. Donc Bill dirige mon mari Sam, et je finis par épouser Sam un an plus tard. Et cinq ans plus tard, Bill Devane devient mon mari dans Côte Ouest. Donc je connaissais déjà Bill. Je ne le connaissais pas bien, mais je le connaissais déjà grâce à mon mari. D’ailleurs, on voit Bill le mois prochain, mon mari joue au golf avec lui. C’est super parce qu’ils se connaissent maintenant depuis, oh mon Dieu, depuis 45 ans. Depuis que mon mari me connaît. Bill et John Pleshette étaient  très amis à New York. C’est très ironique qu’il y ait  toutes ces connexions hors écran. 

C’est un bon souvenir, le couple de Laura et Greg ?

J’ai adoré travailler avec Bill. Nous avions une merveilleuse connexion, nos énergies correspondaient l’une à l’autre, on était  vraiment compatibles, on parlait le même langage en tant qu’acteurs. Bill est un acteur extraordinaire, et évidemment il a eu un énorme succès, une très longue carrière qui a débuté à New York. C’est une star. Avoir l’opportunité de travailler avec lui fait de vous un meilleur acteur. Je pense que Bill m’a rendue meilleure actrice.. Et John aussi. J’ai travaillé avec Julie Harris, Ava Gardner, Bill Devane, John Pleshette. Est-ce qu’on peut faire mieux que ça ? Don Murray, Karen… Tous ces gens. Michelle Lee, Donna Mills, Joan Van Ark… Joan est entrée à la Yale Drama School après le lycée, comme Julie Harris. J’ai travaillé avec ces acteurs incroyables, et quand on travaille avec de bons acteurs, ça vous rend meilleur. Donc travailler avec Bill était vraiment formidable. Je ne savais pas que j’allais mourir d’une tumeur au cerveau, mais je suppose que je ne l’aurais pas su dans la vraie vie non plus.

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En tant que femme, quand vous regardez tous les épisodes de Côte Ouest dans lesquels vous avez joué, quel est votre sentiment sur la façon dont la série traite de l’évolution des femmes dans la société américaine ? 

Je ne sais pas ce qui s’est passé après mon départ, je n’ai aucune idée de la trajectoire qu’a pris la série. Mais pour Laura en particulier, je pense qu’elle a commencé comme une femme au foyer qui pensait n’avoir aucune compétence, mariée à un homme un peu brutal et plutôt condescendant. Et en tous cas, ce n’était certainement pas un couple équilibré. Je pense que les auteurs, qui ont été merveilleux, lui ont donné l’opportunité d’évoluer, de passer d’une femme qui n’avait pas voix au chapitre à une femme qui a trouvé sa voix et l’a utilisée avec succès, non seulement dans sa vie professionnelle, mais dans sa vie personnelle. Elle est passée du statut de quelqu’un qui acceptait n’importe quoi à quelqu’un qui savait dire merde. C’était une évolution importante et les spectatrices ont apprécié. La façon dont elle part du point A jusqu’au point B était incroyable. Et je suis reconnaissante aux scénaristes de lui avoir donné ces opportunités parce que de toute évidence, ii y avait le potentiel. 

Et, plus légèrement, quel est votre sentiment sur l’évolution de la coupe de cheveux de Laura  (rires) ? Vous avez porté beaucoup de vêtements différents, beaucoup de coupes de cheveux différentes...

Mes cheveux ! Je le jure devant Dieu, les années 80 n’étaient pas une jolie période, mon cher. Les choucroutes et les grosses épaulettes, ce n’étaient pas beau, même si on pensait le contraire. Il y avait une gouverneure du Texas, Ann Richardson, une femme extraordinaire. Ann Richardson ou Richards ? C’est peut-être Ann Richards. Elle disait : plus les cheveux sont volumineux, plus on est proche du Ciel. Et je pense qu’il y a une part de vérité là-dedans ! Les cheveux, la coupe mulet… Oh mon Dieu, qui a pensé que la coupe mulet, ça serait joli ?  C’était une grosse, grosse, grosse erreur. Mais à l’époque, c’était le pays aux mille coiffures, et  ça nous paraissait très bien. Vous savez, c’est drôle : quand j’ai eu mon premier enfant il y a 40 ans – il jouait le rôle de mon fils dans la série, et c’était vraiment fantastique – on m’a conseillée : quand tu as un bébé, ne prends jamais de grandes ou de petites décisions à la légère, même celle de te couper les cheveux. Et vous savez  quoi? Je crois que je me suis coupé les cheveux après avoir eu mon fils et c’était probablement une erreur. Mais de toute façon, ça repousse. Écoutez Alex, si les gens regardent trop votre coupe de cheveux quand vous jouez, alors ça craint.

C’était une période difficile pour vous, en tant qu’actrice, quand vous avez découvert que vous alliez quitter la série ? Si je ne me trompe pas, ce n’était pas votre décision.

Vous savez  quoi  ? Je veux avoir une tumeur au cerveau et laisser tomber des milliers de dollars de cachet ! Voilà ce que je veux faire ! Non, ce n’était pas ma décision. Il fallait faire des économies, alors on s’est débarrassé de plusieurs personnes. Mais vous savez, c’est le show business. Donc qu’est ce que je pouvais faire ? 

C’est aussi la raison pour laquelle Julie Harris a quitté la série. 

Et je pense que c’est le moment pour Doug Sheehan (Ben) aussi. C’était pareil. Mon mari a dirigé Doug dans un pilote pour la télévision. C’est un homme formidable. Et je ne l’ai pas vu depuis très, très longtemps. Mais c’était agréable de travailler avec lui et sa présence était vraiment agréable sur la série. Et malheureusement, il a également été remercié à peu près au même moment. Il fallait faire des économies, vous voyez ? Que dire ? C’est comme ça que ça marche, on vire quelqu’un. 

Est-ce que vous étiez devant le 200ème épisode ? Les acteurs ont beaucoup improvisé pour ce 200ème épisode… 

Je n’y ai jamais pensé. Je ne sais même pas ce que ça représente. Je ne suis pas sûre de ce qui s’est passé dans cet épisode. Je ne sais pas si vous allez me croire, mais je ne l’ai jamais vu. Il faudra que je regarde un jour avant de mourir.  Je suis  sûre que c’est très divertissant. Je fais mes adieux à tout le monde, alors que je meurs ? Quelque chose comme ça, non ? C’est de ça que vous parlez ? 

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C’est très intéressant pour les acteurs, mais je peux comprendre que pour vous, c’était très difficile. Et vous n’avez aucune raison de regarder l’épisode. 

Non, j’ai fait l’enregistrement audio, je ne l’ai pas vu après. Je pense qu’ils ont improvisé, non ? Ils sont allés chez David et ils ont improvisé ou quelque chose comme ça ? 

Si je vous dis que pour moi, Laura Avery, Karen, Valene et les autres personnages de Côte Ouest sont en quelques sortes les ancêtres de Desperate Housewives, est-ce que vous seriez d’accord ? 

Vous dites que c’est un précurseur de Desperate Housewives, c’est ça ? J’ai vu Nicolette récemment. Je l’ai vue il y a un an et demi, c’est ironique que Nicolette ait tourné dans cette série et dans Côte Ouest. Mais je ne sais pas. Je ne connais pas très bien Desperate Housewives. Vraiment, je ne peux pas vous dire. Je n’ai pas assez d’informations, je ne suis pas sûre du ton de cette série. Je pense que Côte Ouest se prenait au sérieux, du moins quand j’y étais, je ne sais pas comment c’était après mon départ. Je pense qu’ils prenaient le contenu et les personnages au sérieux. Ils respectaient les personnages. Je n’ai jamais vu Desperate Housewives donc je ne suis pas sûre. Je ne peux vraiment pas vous dire. 

Mais quand on joue un personnage comme Laura pendant sept ans, est-ce que c’était difficile après avoir quitté la série, de jouer dans d’autres séries. Est-ce que les scénaristes ou le producteur vous  imaginaient dans la peau de Laura ? 

J’ai fait une autre série intitulée Brooklyn Bridge et nous avons gagné un Golden Globe. Et elle a été annulée ! Alors voilà. C’est comme ça que ça marche. Je ne sais pas. Peut-être que vous avez raison. Je suppose qu’ils veulent vous embaucher parce qu’ils vous ont aimé dans un certain type de rôle. Mais, vous savez, j’ai débuté dans l’improvisation. J’étais dans une troupe à Los Angeles, The Groundlings, certains sont passés au Saturday Night Live bien, bien longtemps avant que vous soyez né. Et j’avais fait beaucoup de comédies. J’avais une troupe d’improvisation à New York, à Los Angeles. Et le fait que je me sois retrouvée dans un soap en prime time, c’était en quelque sorte un adieu, pour moi. Même si je pensais qu’il y avait des moments amusants quand on improvisait. Peut-être que je suis la seule à le penser.

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Vous avez également joué dans Family Ties avec Michael J. Fox, si je ne me trompe pas.  Est-ce que c’est un bon souvenir, cette sitcom ?

Mon mari a réalisé Family Ties pendant sept ans. J’ai couché pour obtenir le rôle ! C’est une bonne blague : j’ai dû coucher avec le réalisateur pour obtenir le rôle. Non, ce n’est pas vrai. Je l’aurais eu de toute façon. Mais oui, j’ai fait cette série parce que j’avais évidemment un accès privilégié. Et Michael était génial. C’était une série merveilleuse. Michael était totalement inconnu à l’époque, il tournait Retour vers le futur en même temps. Il faisait les deux. Il avait un tel don, il était si talentueux. Mais tout le monde était bon. Michael Gross, qui jouait son père, venait du théâtre. Meredith Baxter avait beaucoup fait de télévision. Le casting était vraiment impressionnant. Le gars qui a créé la série, qui a créé Spin City et avec qui mon mari travaillait avec plusieurs autres projets, était très doué. Gary David Goldberg. Il était  tellement… Vous connaissez le mot mensch ? Mensch, c’est  une expression yiddish qui signifie : un gars vraiment bien. C’était vraiment un mec bien. Malheureusement, il est décédé, mais c’était un homme merveilleux. Il a créé Spin City pour Michael après la fin de Family Ties. 

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Pourquoi avez-vous décidé de changer de carrière et d’arrêter de jouer ? 

Parce que j’ai vieilli ! A part juge à la Cour suprême, comme Ruth Ginsburg, il n’y a pas de meilleure carrière, surtout pour une femme, que celle de psy. Devenir psychologue, c’est la meilleure chose à faire parce que je peux le faire jusqu’à ma mort. Et si je tombe raide morte dans mon fauteuil pendant que je suis avec un patient et qu’il continue de parler, il ne le saura même pas ! Je peux rester assise là et il continuera à parler de ses problèmes, tout ira bien et il ne le saura jamais. C’est la seule carrière que l’on puisse faire, du moins dans ce pays, où plus vous vieillissez, plus on pense que vous êtes sage et expérimenté. Espérons que ce soit vrai… mais ce n’est pas toujours le cas. Je pense que j’ai beaucoup de chance d’avoir trouvé une deuxième carrière que je peux faire jusqu’à mon départ au paradis ou en enfer. Ou peu importe où j’irai après. 

Alors vous ne regrettez pas de ne plus jouer ? 

Jouer, c’était génial. J’aurais aimé gagner autant en tant que psychothérapeute, ce serait super. Mais à moins d’être une des rares privilégiées comme Judi Dench ou Helen Mirren en Angleterre, quand on vieillit, on devient obsolète. Et ce, même s’il faut des gens de mon âge pour remplir certains rôles – parce qu’on existe toujours, même si certains voudraient qu’on disparaisse. C’est très, très difficile. Ceux qui ont beaucoup travaillé dans la vingtaine, la trentaine et la quarantaine sont probablement plus talentueux maintenant qu’ils ne l’ont jamais été, mais il n’y a pas de rôles. Quand je faisais Brooklyn Bridge, je suivais des études supérieures à temps partiel à Los Angeles parce que je savais que c’était écrit, Alex,  je savais que ça n’allait pas durer éternellement. Et c’est probablement l’une des choses les plus intelligentes que j’ai jamais faites parce que je suis un thérapeute très performante, à Boston. J’ai une liste d’attente, j’ai des clients formidables, j’ai des collègues formidables. Je travaille depuis chez moi  parce que quand le COVID est arrivé, j’ai arrêté d’aller à mon cabinet même si je paie toujours le loyer, malheureusement. Et je me spécialise dans les troubles de l’alimentation. Je vois des patients dès l’âge de 12 ans. Mes clients ont vingt, trente ans, ils vont à  l’université, au lycée. Beaucoup d’entre eux sont artistes, acteurs, musiciens, chanteurs, écrivains… C’est une bonne chose car je comprends leur mécanisme, ils le savent et ça les rend un peu plus à l’aise en thérapie parce qu’ils réalisent que leur thérapeute sait d’où ils viennent. 

Traduction : Fanny Lombard Allegra

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Rédacteur en chef du pôle séries, animateur de La loi des séries et spécialiste de la fiction française
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