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Comment les détenus radicalisés sont-ils traités en prison ?

Lundi après-midi, sept surveillants étaient agressés au centre pénitentiaire de Mont-de-Marsan (Landes). Le détenu en cause était particulièrement suivi pour des risques de « radicalisation ». Cet évènement intervient dans un contexte de mouvement national de blocage de prisons lancé à la suite de l’agression de trois surveillants par un islamiste dans l’établissement de Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais). Ces occurrences viennent questionner la problématique du traitement des détenus « radicalisés ».

Programme sur mesure

Sur les 70.000 détenus contenus dans les prisons françaises,  un peu plus de 500 sont incarcérés (prévenues ou condamnées) pour des faits de terrorisme et environ 1150 sont considérées comme radicalisées. 3000 à 4000 détenus en voie de radicalisation sont également suivis.

Quatre prisons sont dotées de quartiers d’évaluation de la radicalisation où les détenus extrémistes restent quatre mois maximum. Un programme a été établi sur mesure pour les accompagner avec surveillants, médecins, psychologues, éducateurs et personnels religieux. Jean-François Forget, secrétaire général du syndicat pénitentiaire UFAP-UNSA, détaille ce programme : « ils ont plus d’activités que d’autres détenus, il y a plus de personnels de façon pluridisciplinaire qui les observent, qui ont des entretiens avec eux. Derrière, ils font des comptes-rendus sur l’analyse de leurs comportements et de leurs radicalisations ». Cette approche pluri-disciplinaire va permettre d’appréhender dans sa globalité la complexité d’une personne comme savoir si elle ment ou pas.

L’encadrement est basé « sur l’individualisation« , raconte la directrice du quartier d’évaluation de la radicalisation de Fleury-Mérogis . « Quand ils parlent d’eux, les radicalisés disent « nous », ils parlent de groupe. On doit les ramener au «je », à l’humain. Et quand on y arrive, ils deviennent complètement différents. »

Depuis un peu plus d’un an, 20 places sont disponibles dans le quartier d’évaluation de la radicalisation de Fleury-Mérogis / Crédits Eric Feferberg. AFP

Détentions en cellule individuelle

Au bout de quatre mois et selon leur profil, détenu prosélyte ou détenu sous influence, ils sont répartis dans une cinquantaine de prisons en France. Pour les prisonniers les plus radicalisés et prosélytes, il existe un quartier spécifique pour les détenus violents à Lille. Sinon, en fonction de leur comportement, ils changent régulièrement de secteur ou de prison. Certains sont placés à l’isolement tandis que d’autres peuvent rester parmi les autres détenus et bénéficient d’un suivi adapté. S’ajoute à cela une surveillance discrète par les services pénitentiaires. Cette surveillance est utile pour prévenir le prosélytisme, détecter les replis identitaires ou la radicalisation et échanger avec les services de sécurité intérieure.

Dans ces prisons, on retrouve des éducateurs, psychologues et surveillants spécifiquement formés. Ces personnes travaillent avec les détenus sur ce que l’administration pénitentiaire appelle le « désengagement de la violence ». Conscient qu’il est difficile qu’un détenu abandonne son idéologie, le personnel pénitentiaire cherche à ce que celle-ci ne s’exprime pas par la violence. De plus, ces prisons sont équipées de dispositifs de sécurité poussés pour prévenir toute tentative d’évasion.

À court terme, l’administration pénitentiaire espère pouvoir disséminer les détenus dans plus de prisons réparties dans toute la France pour éviter tout phénomène de regroupement. Ce ne sera pas chose aisé, 80% des détenus terroristes sont en attentes de leurs jugements en région Île-de-France pour rester à la disposition du parquet antiterroriste.

L’année dernière, le précédent garde des sceaux, Jean-Jacques Urvoas, avait mis un terme aux unités dédiées aux détenus radicalisés qui regroupaient tous ces détenus dans un quartier de la prison. Conçu pour prévenir le prosélytisme en prison, il avait été démontré que ces unités causaient plus d’inconvénients que d’avantages. Face aux blocages lundi de 139 des 188 centres pénitentiaires de France, Emmanuel Macron, a annoncé « un plan pénitentiaire global » d’ici à la fin du mois de février.

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