Aujourd’hui, la ministre de la Ville Najat Vallaud Belkacem a dévoilé la nouvelle carte de la pauvreté en France. Soit une liste des 1300 quartiers dans 700 communes qui pourront bénéficier d’aides spécifiques de l’Etat.
Sans surprise, le Nord et la banlieue parisienne sont toujours sur cette carte de la pauvreté française. Mais la nouveauté c’est que la région de Dax, celle de Villeneuve-sur-Lot ou encore celle de Villers-Cotterêts –récemment passé sous mandat municipal FN– font leur apparition. « C’est la réalité de la pauvreté en France, loin d’être cantonnée aux territoires périphériques des grandes villes, qui apparaît ainsi au grand jour », a analysé la ministre de la Ville dans la presse régionale. Même si le Pas-de-Calais compte toujours 49 communes sur les 700 plus pauvres, le Nord 46 et l’Ile-de-France plus de 150.
Les ruraux également touchés
Lancée il y a un an et demi par le gouvernement afin de mettre un terme à la répartition dispendieuse et un peu faite à l’aveuglette des aides étatiques, la politique de la Ville vise à apporter un soutien financier aux zones urbaines les plus fragiles économiquement. Mais pour éviter d’être taxé de favoritisme, le gouvernement s’appuie sur un critère de sélection inscrit depuis février dans la loi : le revenu des habitants. Peuvent ainsi bénéficier de ces subventions les zones où plus de la moitié de la population vit avec moins 11 250 euros par an, soit 60% du revenu médian national. Avec, toutefois, une nuance selon le niveau de vie dans l’agglomération. D’où le plus fort taux de pauvreté dans les grande agglomérations, où les prix (de l’immobilier notamment) explosent. Néanmoins, les milieux ruraux se retrouvent également touchés. Les raisons principales : la crise bien sûr, mais aussi l’extension progressive des villes vers la campagne.
D’ailleurs, dans l’optique de permettre à ces dernières de faire des économies, le président François Hollande a entrepris un redécoupage des régions, passant de 22 à 14, au lendemain des élections européennes du 25 mai 2014. Une réforme qui devrait faire économiser presque 10 milliards d’euros d’ici cinq ans aux 3900 collectivités qui constituent l’indémêlable maillage administratif français. Malheureusement, ces prévisions semblent utopistes –même l’agence de notation Moody’s le dit : « les mesures envisagées ne font que redistribuer les coûts vers d’autres organes de l’Etat » (Le Monde, 9 juin 2014)– tant que ces aides publiques de seront pas réinjecter dans des projets d’importance majeure.
A quoi servent ces aides ?
Car ce petit coup de pouce a un coût : un peu plus de 300 millions d’euros. Une somme à première vue importante mais qui, finalement ne s’élève qu’à une dizaine d’euros par habitants –pour exemple, en Seine-Saint-Denis, cela correspond à 31 euros. Ce montant servirait aux villes à financer de nouveaux crédits ayant pour but de renforcer les actions de soutien scolaire, d’accès à la culture ou au sport. Des bonnes volontés qui ne parviennent cependant pas à faire oublier que les gaspillages d’argent public sont légion en France.
Toutefois, figurer sur la liste des zones précaires offre aussi la possibilité d’entrer dans le programme de rénovation urbaine doté, lui, de moyens plus importants. En effet, les fonds alloués par le PNRU (Programme National de Rénovation Urbaine) auraient mobilisé 12 milliards d’euros de financement public sur une période de 10 ans, selon le site de l’ANRU. Arrivé à échéance en 2013, l’Etat doit lancer à l’automne un second programme de rénovation urbaine de 5 milliards d’euros puisés dans les fonds publics. Et 200 quartiers figurant sur la nouvelle carte de la pauvreté et qui présentant les « dysfonctionnements urbains les plus importants » pourront y prétendre.
Alors que la pauvreté gagne du terrain, l’Etat, lui, peine à trouver les 60 milliards d’économies requis pour financer ses aides. Et augmente les impôts : +55,5 milliards d’euros depuis 2009, selon Le Monde. La dépense publique française représente, elle, 56,4% du PIB. Soit une augmentation de 11,6% depuis 35 ans.