
Le 13 mars dernier, une commission d’enquête a été mise en place au sein de l’Assemblée nationale afin d’étudier les risques psychologiques liés à la plateforme Tiktok pour les mineurs. Cette dernière est présidée par Arthur Delaporte et prévoit d’entendre plusieurs créateurs de contenu comme Nasdas ou le couple Tanti.
6 mois pour trancher
La commission d’enquête a été ouverte il y a deux mois et prévoit d’analyser et d’appréhender les risques du réseau social Tiktok sur les mineurs essentiellement, dans un contexte où la plateforme est fortement remise en cause. En effet, le réseau chinois interdit dans son propre pays est connu pour son côté addictif ainsi que pour la diffusion de contenu problématiques en ce qui concerne la santé mentale ou les fake news. Le site de l’assemblée nationale parle de discussions concernant la menace que représente l’application en terme « de pensées et de comportements suicidaires, et sur les relations sociales intrafamiliales et extrafamiliales. »
L’apparition du « skinnytok » (ensemble de vidéos faisant l’éloge de la minceur à tout prix), l’avalanche de contenus relevant du masculinisme sur l’application (on pense à Andrew Tate ou AD Laurent), ou encore la montée de la désinformation sont des facteurs qui expliquent les inquiétudes liées au réseau et la volonté de le réglementer.
Une plainte avait par ailleurs été déposée en novembre par 7 familles différentes accusant le réseau de pousser ses utilisateurs au suicide.
De l’écran au palais Bourbon
Les commissions d’enquête ont l’habitude d’auditionner un large champ de personnalités en lien avec la problématique appréhendée, et la commission sur Tiktok ne manque pas de diversité concernant ses intervenants. Médecins, psychiatres, députés de la commission culturelle, l’Arcom, associations et collectifs…plus de 80 personnes ont déjà été entendues, et ce n’est pas tout. La commission désire également entendre des créateurs de contenu français s’exprimer eux-mêmes sur l’application qu’ils alimentent, et ce sont notamment des personnalités considérées comme « problématiques » qui seront entendues.
En effet, suite à une grande consultation citoyenne ayant eu lieu en mars, plusieurs dizaines de milliers de français et notamment des lycéens se sont prononcés sur les influenceurs qu’ils considéraient les plus controversés sur Tiktok. Sont ainsi remontés AD Laurent, Julien et Manon Tanti ou encore Nasdas, maintenant convoqués à l’Assemblée nationale. Ils sont respectivement blâmés pour hypersexualisation des femmes, publicités à un jeune public et gestion dangereuse des données bancaires des internautes. Il ne s’agit absolument pas d’un jugement, mais d’une tentative de compréhension du réseau et de ses dérives.
Les réseaux, une opportunité ou un danger ?
Ce mardi 3 juin ont aussi été entendus des influenceurs jugés « vertueux », mettant en exergue l’accès à l’information, à la culture et à l’éducation scolaire via l’application : Hugo Décrypte (une des premières sources d’information chez les jeunes), La Grande Bavardeuse (activiste humanitaire) et Monsieur Morgan le Chat (professeur de chimie partageant ses connaissances sur Tiktok). De quoi s’affranchir d’une vision figée des réseaux comme étant nuisible à la communauté.
De son vrai nom Hugo Travers, Hugo Décrypte s’est dit « pas super à l’aise avec l’idée » d’interdire l’accès aux réseaux aux moins de 15 ans, pour des raisons pratiques comme techniques. Lors de sa convocation en commission, les questions de l’algorithme, de la monétisation et de l’audience ont également été évoquées : « quand on accède aux statistiques sur Tiktok, la tranche d’âge de mineurs n’est pas indiquée » précise le journaliste.