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La Jean-Pol : Pendant ce temps à Paris on meurt de froid

Sur les places parisiennes fleurissent les sapins de Noël, finalement une doucereuse ambiance de fête qui s’installe.  Seulement au pied des sapins lumineux ce sont les reflets dorés des couvertures de survie  qui se confondent avec les faux papiers cadeaux. Et pendant que les uns attendent la neige avec joie, les autres la regardent tomber avec effroi : le manteau blanc et le vent glacé n’épargnent rien et surtout pas ceux qui pendant ce temps à Paris meurent de froid.

Un présent de Noël inattendu  que ces hommes et femmes emmitouflés, agrippés à une bouche d’aération de métro dans l’espoir d’un peu d’air chaud.  La main tremblotante, le corps frissonnant, il est loin d’être seul . À côté une mère et son enfant. Dans le métro 4 ou 5 sacs de couchage, on ne voit ni pieds ni tête.  Je n’en ai jamais vu autant, comme si subitement ils étaient à chaque fois plus nombreux. La crise, la crise, dira-t-on, peut-être…

Des dizaines de milliers d’hommes et de femmes poussés à la rue, dans le froid, et la crise ? La crise ? Quelle crise ? Celle du logement ? la crise économique ? la crise sociale ? le chômage ? On peut multiplier les accusations, les explications, mais dans cette entreprise de dédouanement national je ne sens que le risible d’une auto-justification.

Comment la crise ? Quelle crise serait assez puissante pour éliminer une part de notre humanité croissante ? Quelle crise parviendrait à supprimer le sourire d’humanité que nous devons à celles ou ceux qui souffrent ? Quelle crise nous empêche de prendre le temps de maintenir un contact qui peut sauver ?

Si crise, il y a, cette crise est humaine, cette crise est morale. Au XXIème siècle on meurt encore de froid ou de faim à Paris. Le reste est dérisoire. À Paris on trouve le temps d’installer un tapis de lumière au dessus des rues pour mieux éclairer l’image même de notre propre misère et comble du bonheur cette misère, on la nie car on la hait : elle nous rappelle nos échecs.
Alors on parle de compétitivité, je me demande ce que ces gens en pensent de la compétitivité, alors on parle de présidence de l’UMP, je me demande aussi ce que ces gens on en ont à foutre et puis je ne veux pas démultiplier les exemples.
On parle beaucoup d’amour ces jours-ci entre hommes, entre femmes, entre les deux genres  mais cet amour je ne le vois pas.
Je ne le vois pas, ni dans le regard de ces hommes bien habillés qui pressent le pas en regardant leurs souliers ni dans le sourire immonde d’un serveur fier de son méfait : un verre d’eau jeté sur une mendiante, sur une âme, comme une tâche qu’on s’efforcerait de nettoyer.

Alors je suis sceptique, j’ai de la peine le soir à m’endormir, et chaque matin c’est une part de moi qui fuit lorsque je vois ce qu’auparavant je m’efforçais de ne pas voir.  J’étais lâche, Ils étaient peu nombreux.Maintenant je m’attarde un peu, ils sont plus nombreux car je ne refuse plus de voir le reflet de mon échec :  La conviction profonde que ces gens qui dorment dehors, qu’on cache derrière un sigle, que ces gens là sont bien plus humains que la masse difforme qui les juge . La solidarité ils la vivent, entre eux, chaque jour quand chez nous elle meurt.
Et Noël et son euphorie éphémère ne suffiront pas à la ressusciter.

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