Alors que de nombreux pays ont rouvert les salles obscures, le cinéma européen s’inquiète désormais de la viabilité de cette réouverture si les blockbusters américains continuent d’être repoussés.
Depuis la mi-juin, les salles de cinéma rouvrent doucement à travers l’Europe. Et si, après un départ timide, la fréquentation augmente doucement dans les salles obscures, les exploitants, eux, sont assez pessimistes sur la viabilité de cette réouverture. Et pour cause : après avoir mis à l’affiche des films sortis avant le confinement ou prévus pendant, l’afflux risque rapidement de s’essouffler s’il n’y a pas un bon gros blockbuster américain à se mettre sous la dent. Sauf que de ce côté, les retards accumulés de Tenet de Warner Bros (initialement prévu le 17 juillet, puis le 31, puis le 12 août, et désormais repoussé à une date inconnue) et de Mulan de Disney (prévu le 25 mars, puis le 22 juillet, et enfin le 19 août, pour l’instant) font justement…grincer des dents. Ajoutés au flop du dernier film Bob L’éponge de Paramount, la situation inquiète grandement le cinéma européen.
Une dépendance aux Etats-Unis
Car si le « rendement » de l’industrie cinématographique européenne est tout à fait louable, les films holywoodiens ont la fâcheuse tendance de représenter la majeure partie du box-office estival. En France selon la société d’analyse publicitaire américaine Comscore, la part de marché des films américains peut atteindre au moins 70 % pendant la saison. Si la première semaine de réouverture avait été marquée par un afflux majeur sous l’impulsion de La Bonne Epouse ou de De Gaulle, le box-office dépasse difficilement un tiers de sa moyenne habituelle sur le mois de juillet, et cela s’explique très certainement par ce manque d’affiches hollywoodiennes. Un nouveau retard de Mulan et Tenet représenterait une « catastrophe » pour Jocelyn Bouyssy, directeur général de CGR Cinemas, alors que Nathanaël Karmitz, PDG de MK2, estime que cette situation révèle une « dangereuse dépendance » au contenu américain, et le besoin crucial d’un cinéma européen fort.
Une chance pour le cinéma local ?
Lorsque l’ogre américain laisse une place aussi importante au cinéma local de se développer, il faut la saisir. Et pour l’instant, cela n’a pas l’air d’être le cas. L’Office national du film français avait lancé fin juin une incitation financière pour encourager les distributeurs et producteurs locaux à sortir leurs films au plus vite, avant le 30 août. Une initiative qui n’a pas eu l’effet escompté puisque très peu de distributeurs ont joué le jeu à part Gaumont et Pathé. Et si la plupart des films made in France ont particulièrement bien fonctionné depuis la réouverture des cinémas, les distributeurs semblent malheureusement unanimes : l’initiative locale ne suffira pas à faire venir massivement les gens dans les salles de cinéma.