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«Le Monde fantastique d’Oz», «40 ans, mode d’emploi», «Cloud Atlas» #1Mercredi3Films

Certains aléas du calendrier des sorties en salles peuvent laisser place à de belles confrontations. Avec le retour des réalisateurs de Matrix, Spider-Man période Tobey McGuire et d’En cloque : mode d’emploi, mercredi 13 Mars 2013 frappe très fort.

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«It’s the final tent-pole !»

En matière de production cinématographique, l’écart entre petits et grands budgets s’est creusé avec l’arrivée de la crise. Banqueroute réelle ou illusion à la mode, le fait est que les producteurs d’aujourd’hui prennent rarement des risques. On ne parle donc plus de blockbusters, mais de tent-poles («mât de tente»). Les tent-poles se distinguent par un budget astronomique et un plan communication option remboursement des frais dentaires. Bien évidemment, quand un tent-pole ne prend pas, les conséquences sont démultipliées. Le patron de Disney a par exemple donné sa démission après l’échec de John Carter en 2012. Evaluons les trois poulains de cette semaine, Oz produit par Disney, 40 ans : mode d’emploi par Universal et Cloud Atlas, électron libre distribué par Warner Bros.

OZ.2Le Monde fantastique d’Oz : un soupçon de super-héros chez Dorothy

Sam Raimi, à qui l’on doit la trilogie de Spider-Man (2002-2007) revient en 3D et avec James Franco en star d’une ode au classique du cinéma Américain, Le Magicien d’Oz (1939). Ce film est basé sur une histoire inédite, qui aurait eu lieu une vingtaine d’années avant l’arrivée de Dorothy. Les références au titre originel sont nombreuses et fournies, parfois subtiles (le début en 4/3 et noir et blanc, le parachute, la route en briques jaunes), parfois énormes (l’armée de singes volants, le transport en bulle de savon).

De son expérience chez Marvel, Raimi a ramené un sens du rythme avec un comique de l’enchaînement des registres, mais aussi son art de défense des méchants. Franco incarne d’ailleurs à merveille Oscar, un coureur de jupons prestidigitateur face à un casting féminin magnifique, certes, mais peut-être pas encore totalement engagé (sauf peut-être pour Rachel Weisz).

Certains reprocheront peut-être la surcharge des effets spéciaux et la saturation des couleurs, mais le point de vue explicatif sur la légende d’Oz permet de faire ressortir des problèmes bien plus profonds (le cinéma n’est-il qu’un enchaînement d’illusions ?) ou tacler les principes du puritanisme Américain (comment filmer une bataille sans une goutte de sang ?). D’ailleurs, dans cette version-ci, le héros ne se réveille pas d’un long somme dans sa réalité-sépia. Pas si conventionnel que cela, l’apologue.

40A.240 ans mode d’emploi : Judd Apatow, l’âge de raison

Depuis ses débuts en tant que réalisateur, Apatow est devenu la coqueluche du cinéma Américain hype. Il rassemble aujourd’hui les avis favorable des critiques et du public, en mélangeant soigneusement les éléments potaches d’un buddy movie et les piques acerbes d’une critique des moeurs à des dialogues bien sentis. Il a récemment lancé la carrière de Lena Dunham, jeune créatrice et héroïne de la série Girls qui croule sous les récompenses après seulement une quinzaine d’épisodes à son actif. Son dernier film en date, En cloque : mode d’emploi (2007), rassemblait tous les éléments d’une comédie à succès.

Pourquoi donc avoir créé un spin-off sur l’histoire de couple de Debbie (Leslie Mann) et Pete (Paul Rudd), qui approche de la quarantaine et ne pas avoir bifurqué sur une autre histoire ? Pourquoi avoir délibérément choisi de se baser sur un film à succès si les deux héros (Seth Rogen et Katherine Heigl) ne font pas d’apparition ? Peut-être une façon d’expliquer qu’avoir 40 ans, c’est aussi faire un point sur ce qu’on a été, et ce qu’on devrait être, mais aussi répéter ce qu’on a déjà vu en un sens. Debbie et Paul sont bien les seuls enfants dans ce film, enchaînant caprices sur caprices. Apatow réussit à infuser dans ses dialogues toujours le ton juste, à la limite entre absurde et réaliste. Et n’allez pas penser qu’il ne s’adresse qu’aux quarantenaires. La limite de l’âge, c’est dans la tête.

Le film commence d’ailleurs avec une scène de sexe vue depuis la buée d’une porte de douche. Ce que pourrait très bien faire un couple à 30 ans. Ou à 20. Le réalisateur semble peut-être pointer notre fâcheuse tendance à nous définir seulement par nos âges quand nous vieillissons. Encore une fois, le message est caché derrière des scènes hilarantes et des personnages plus névrosés les uns que les autres (mention à la grande sœur et son obsession pour la série Lost), des répliques cinglantes et une ribambelle de chutes grotesques. Ou comment arriver à faire une suite sans faire de réchauffé et avec un casting quatre étoiles.

Cloud Atlas : une ambitieuse fresque cinématographique

CA.1

Les temps n’ont pas été très cléments pour les Wachowski. Malgré le succès mondial de la trilogie Matrix (1999-2003) et de V pour Vendetta (2005, producteurs seulement), le coup dur de Speed Racer (2008) leur a fait perdre leur producteur Joel Silver. On préfère penser, du moins, que le changement de sexe de Larry en Lana Wachowski n’a pas de rapport avec cette sombre histoire. Trop-plein d’ambition, cinéma honteusement épique ? Qu’il en soit ainsi.

Grâce à l’aide de l’Allemand Tom Tykwer (co-réalisateur du projet, réalisateur, entre autres, de l’adaptation du Parfum de Süskind) et des réseaux indépendants, le frère et la soeur reviennent avec un projet au-delà de toute classification, une oeuvre forte, monumentale, qui décloisonne les limites du cinéma et réduit la 3D à un véritable gadget inutile. Il est bien impossible de résumer la trame, qui relie six époques différentes, séparées de plusieurs siècles. Elle analyse cependant les liens que les personnes peuvent créer entre elles, malgré la distance spatiale et temporelle. À chaque époque, un acteur peut avoir un rôle totalement différent. On peut ainsi trouver là Hugo Weaving en infirmière tyrannique, ici Jim Sturgess en rebelle aux yeux bridés. Le puzzle complexe se révèle au fur et à mesure des 2h51 de ce marathon émotionnel et visuel, violemment esthétique.

La richesse des images, des personnages et des lieux aurait pu nourrir facilement une série télévisée complète. Et il faudra peut-être visionner plusieurs fois cet opus pour ne rien manquer. Comme tous les bons réalisateurs de films indépendants, les Wachowski ont fait appel à une génération d’acteurs qui commençait à disparaître de nos écrans : Tom Hanks, Halle Berry ou bien encore Hugh Grant se défendent bien mieux que certains membres de la A-list d’Hollywood. Malgré la grandeur du projet, Cloud Atlas réussit à toucher au plus près de notre rapport avec la solidarité. Ce sentiment humain pur, intense, celui-là même qui était ridiculisé dans Matrix: Revolutions. Du final Christique maladroit à l’explosion du film-choral, il n’y avait donc qu’un pas. La morale est facile ? Cloud Atlas peut diviser, mais l’expérience est unique. Et elle en vaut largement le détour.

Crédits photos : Warner Bros, Disney, Universal Pictures

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