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Louis Vuitton x Yayoi Kusama, nouveau pas vers l’ « orientalisation » d’une maison française

Le 10 juillet dernier le directeur artistique de Louis Vuitton, Marc Jacobs, a infirmé un processus d’orientalisation de la maison française, marche stylistique vers les pays du Soleil Levant, en présentant une collection capsule dédiée au travail de l’artiste Yayoi Kusama,  « princesse au(x) petit(s) pois nippone ».

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Sa rencontre en 2006 avec l’artiste, dont les taches rouges sur fond blanc l’ont notamment fait connaître du grand public, aurait tout à fait pu être anodine si le designer n’avait pas perçu Kusama comme «une artiste créatrice d’un monde auquel il lui a été possible de se rattacher, et qu’il affectionne tout particulièrement ». Fort de l’intérêt porté au travail de l’artiste, Marc Jacobs soutiendra  quelques années plus tard l’œuvre de la « princesse au(x) petit(s) pois nippone » à l’occasion de la première rétrospective française dédiée à Yayoi Kusama au Centre George Pompidou. Son amour pour les pois ne sachant s’essouffler, c’est donc par la grande porte siglée LV que le directeur artistique décide de célébrer laquelle collaboration, et l’ouverture cet été de sept boutiques éphémères uniquement dédiées à la collection Louis Vuitton x Yayoi Kusama.

Ainsi  notre œil va être attiré par certaines pièces incontournables telles que le sac classique monogrammé tacheté à la Kusama, les foulards mêlant le psychédélisme de l’imprimé circulaire à l’élitisme du monogramme LV, ainsi que bien sûr une ligne de vêtements et de bijoux … Autant de produits que la touche japonaise d’une artiste excentrique vient moderniser, revisiter, à l’image des nombreuses collaborations qu’aura connu la marque française sous l’égide de Marc Jacobs.

Le designer a effectivement su témoigner d’un attrait pour l’art contemporain, au gré des collaborations avec des artistes de milieux très divers : Stephen Sprouse et son aura new-yorkaise en 2001, Richard Prince et ses tags en 2008, et surtout Takashi Murakami en 2003, qui viendrait donc préfigurer la collection Kusama dans l’héritage d’une coproduction franco-japonaise. C’est l’univers kawaï, manga, de l’artiste japonais qui avait séduit Marc Jacobs, et considérablement dépoussiéré la malle traditionnelle française.

L’évolution stylistique de la maison française vieille de plus de 157 ans s’inscrit ainsi dans cette japonisation, ou plutôt « orientalisation », comme le confirmait par ailleurs la mise sur pied d’un flagship LV considérable à Singapour,  première boutique en Asie du Sud-Est, inaugurée le 17 septembre 2011. Le bâtiment est signé Peter Marino, et constitue en lui-même une véritable île artificielle dans Marina Bay Sands.

Vocation stylistique à adopter les traits de culture asiatique, ou nécessité économique dans un marché en crise ? Le développement de la maison de luxe la plus française permet de nous demander quel en est le véritable enjeu, et si la multiplication de telles collaborations ne doit pas répondre à l’indispensable adhésion d’un public de l’Est, toujours plus demandeur que chez nous, à l’Ouest.

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