Andréa Kotarac, élu régional LFI d’Auvergne-Rhône-Alpes, quitte le parti de Jean-Luc Mélenchon pour soutenir Marine Le Pen aux prochaines européennes. Voulant faire barrage à Emmanuel Macron, il provoque sidération et déception chez ses anciens ami(e)s.
C’est une annonce inédite parue dans la revue Éléments et réaffirmée hier sur BFMTV. Le conseiller régional Auvergne-Rhône-Alpes de « La France Insoumise« , Andréa Kotarac, annonce qu’il votera pour la liste « Rassemblement National » de Jordan Bardella et Marine Le Pen lors des européennes. Cependant, il précise qu’il n’adhère pas au RN.
A 15 jours des élections européennes, l’élu régional estime que la liste conduite par Jordan Bardella est « la seule liste souverainiste qui met en avant l’indépendance de la France et qui est la mieux à même de faire barrage à Emmanuel Macron ». Dans la soirée, Andréa Kotarac a fait savoir qu’il allait rendre son mandat de conseiller régional obtenu sur les listes de la gauche, « conformément à son éthique ».
Jean-Luc Mélenchon ne « défend plus les intérêts du peuple »
Andréa Kotarac, 30 ans, est une figure montante de la gauche en Auvergne-Rhône-Alpes. Jeune conseiller régional, il avait été membre de l’équipe de campagne de Jean-Luc Mélenchon en 2017. Le leader Insoumis estimait qu’Andréa Kotarac était « l’un des principaux cadres à venir du parti ». « Ému » par la récente de vague de départs, l’élu régional estime que Jean-Luc Mélenchon « ne défend plus les intérêts du peuple mais ceux de la gauche » car « la pensée » de l’ancien candidat à la présidentielle est « minoritaire au sein de LFI ».
En réalité, Andréa Kotarac veut s’engager pour « faire baisser le plus bas possible le score de LREM, au niveau du charisme de Nathalie Loiseau ». Il a précisé avoir rencontré Marine Le Pen qui l’aurait « rassuré » sur les questions sociales. Le RN a salué « le courage et la lucidité » de l’élu, qui « a compris que la dynamique du RN était la seule capable de stopper la politique d’Emmanuel Macron et avec elle, la soumission de la France à la politique néfaste de l’Union européenne ».
« Une boule puante » : les proches de Kotarac sidérés par sa décision
Sur son compte Twitter, Jean-Luc Mélenchon a dénoncé « un coup monté ». Il s’en est pris violemment à son ancien élu qu’il qualifie de « boule puante de fin de campagne ». « Elu contre le FN », le député des Bouches-du-Rhône demande à Andréa Kotarac de « démissionner de ses mandats pour respecter ses électeurs ». Le leader de « La France Insoumise », en campagne pour les européennes, estime que « le soutien d’un tel traître à ses amis déshonore ceux qui compteraient en profiter ». De son côté, Alexis Corbière s’est dit « sidéré et dégoûté » dans Le Figaro.
A Lyon, les proches d’Andrea Kotarac sont tout aussi sidérés. L’adjoint du 1er arrondissement de Lyon et cadre de « La France Insoumise » Elliott Aubin se dit « abasourdi ». « Je n’en reviens pas. Je ne savais rien » écrit-il sur Facebook. Il décrit « un énorme choc personnel » et « une cynique trahison politique », avant de conclure : « Jamais l’extrême droite ne sera une solution ». Jordan Ruynat, militant insoumis qui a travaillé avec Kotarac pendant la présidentielle 2017, a « l’impression d’apprendre le décès de quelqu’un ». « Pour 10 minutes de « gloire » et une semaine de buzz, il balaie des années de luttes ». Et de tacler : « Il devient l’idiot utile d’un mouvement d’opportunistes aux racines fascistes. Affligé ».