
A l’approche de l’anniversaire des 50 ans de sa sortie, on a revu pour vous Les Dents de la mer, l’occasion pour nous de nous replonger dans ce film culte, qui a marqué toute une génération.
Alors que la saison estivale s’apprête à commencer à la petite station balnéaire d’Amity, un corps mutilé est retrouvé sur la plage. Pour Martin Brody, chef de la police, il n’y a pas l’ombre d’un doute : elle a été victime d’un requin. Il décide alors d’interdire l’accès à la plage, décision qui ne plaît pas au maire. En effet pour ce dernier, cette décision serait une catastrophe pour l’économie de la ville. À la suite d’autres attaques, Brody décide de prendre les choses en main, et part lui-même à la recherche du squale avec une équipe pour l’épauler : Hooper (scientifique) et Quint (chasseur de requins) .
Les Dents de la mer a été réalisé par Steven Spielberg et produit par Universal et Zanuck production. Le scénario, écrit par Carl Gottlieb et Peter Benchley d’après le roman de ce dernier. Fort de son précédent succès Duel, Steven Spielberg confirme ici son statut de réalisateur d’exception en nous livrant un long métrage osé, risqué, mais sacrément efficace.
ATTENTION SPOILERS !!
Suggérer la menace
Lors du tournage, Spielberg avait vu les choses en grand, peut-être en trop grand. Soucieux d’avoir un requin crédible à l’écran, il choisit de construire une animatronique du requin, capable donc d’effectuer quelques mouvements simples, sur commande. Manque de chance, une fois sur le tournage, ce dernier ne fonctionne pas correctement, et décision est prise de limiter ses apparitions. Décision qui sera bénéfique pour le film comme on va le voir.
En effet, le film est particulièrement intelligent dans sa manière de faire monter la tension, de créer la peur dans le sens qu’on ne voit que très peu le requin. Ce dernier n’apparait qu’à 1h21 minutes, pour un film d’une durée de 2h04. Dès lors, dans les premières scènes du film, le requin, absent, nous est seulement suggéré. La première scène en est un exemple parlant. Le premier plan est en prise de vue subjective sous l’eau, et on comprend assez vite que l’on voit les choses depuis le point de vue du requin. Le simple fait de le réaliser, rend la scène proprement terrifiante. On est comme coincé tout proche d’un danger de mort, forcé de l’accompagner, d’être à côté de ses yeux et surtout de sa mâchoire.
Cette prise de vue subjective est utilisée lors de chaque attaque. Lorsque la caméra en contre plongée, monte vers un baigneur à la surface. Ces scènes sont accompagnées d’une bande son signée John Williams. Celle ci vient sublimer ici l’horreur et la panique par la célèbre musique devenue culte. Cette dernière a été reprise de nombreuses fois tant elle est parlante pour évoquer un danger de plus en plus imminent. En somme, le spectateur en vient à projeter ses angoisses car le cerveau n’aime pas le vide. Il va alors combler le vide par l’image que chacun pourrait se faire du requin et donc projeter sa pire version possible, ce qui décuple l’aspect horrifique de la scène.
Des personnages marquants
Au dela de l’aspect horrifique, Les Dents de la mer est une histoire humaine riche, mettant en scène différents personnages. Ces derniers sont plein de nuances et de différents milieux sociaux. On peut par exemple penser à Martin Brody, chef de la police, terrifié par l’eau suite à un accident dans sa jeunesse. Pourtant, ce dernier n’hésitera pas à partir en mer affronter le squale. Il incarne alors une figure presque héroïque mais loin d’être infaillible, ses peurs refaisant surface. Comme par exemple lors du fameux travelling compensé sur la plage lorsqu’il est témoin d’une attaque. Le travelling vient ici illustrer les frissons et les sueurs froides qu’il ressent alors qu’il est tétanisé de peur et incapable d’agir.
Sous lecture
Le requin peut bien sûr n’être vu que comme une menace naturelle, mais il est possible d’y voir d’autres symboliques. Par exemple, le requin est souvent considéré comme symbolisant tout ce qui ne dépend pas de nous, le chaos, l’entropie. Alors le film serait l’histoire d’un père de famille tentant de protéger sa famille des dangers aléatoires du monde extérieur. De plus, le refus de la part du maire de reconnaître ce problème viendrait ici illustrer le déni dans lequel s’enferme la plupart des gens. Le plus souvent les responsables politiques quand ils sont confrontés à un danger. Ce dernier point est d’autant plus pertinent aujourd’hui, à une époque où la crise climatique est plus urgente que jamais.
Ce film est une pépite, on ne peut que vous recommander de le voir, et ce dans les meilleures conditions. Préparez donc votre meilleur pot de popcorns et pas mal de sang-froid (mais il en vaut le coup).