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On a vu pour vous : Les Médicis saison 2, l’ascension de Laurent le Magnifique

Après Cosimo de Médicis, la série suit le destin de son petit-fils Lorenzo avec en point d’orgue la fameuse Conjuration des Pazzi.

C’est quoi, Les Médicis (Saison 2) ? En 1469, Lorenzo de Médicis (Daniel Sharman) est contraint de prendre la suite de son père Piero à la tête de la banque familiale, qui se trouve en grande difficulté. Le jeune homme parvient à redresser la situation et rétablir la dynastie grâce à des tractations financières ou politiques et des alliances matrimoniales. C’est compter sans la famille rivale des Pazzi, emmenée par l’implacable Jacopo (Sean Bean) qui nourrit une haine féroce envers les Médicis. S’appuyant sur leurs nombreux ennemis et avec l’aide de ses neveux, il est prêt à tout pour les renverser et prendre le pouvoir à Florence.

Série internationale, portée par la Rai et notamment coproduite par Frank Spotnitz, Les Médicis avait raconté le parcours de Cosimo dans une première saison sous-titrée Masters of Florence, qui s’achevait alors qu’allait naître son petit-fils, baptisé Lorenzo. Alias le futur Laurent le Magnifique, représentant le plus illustre de la dynastie sur lequel se focalise la nouvelle salve de 8 épisodes, diffusée en France à partir du 18 Janvier sur RMC Story.

Cette deuxième saison s’ouvre par un flash-foward. : le 26 Avril 1478, Jacopo Pazzi s’approche de Lorenzo, un poignard à la main et se jette sur lui… Le récit revient alors en arrière, en 1469 , lorsque Lorenzo prend la direction de la banque familiale après que son vieux père a échappé à une tentative d’assassinat.  Il découvre alors que celui-ci, en contractant de nombreuses dettes et en refusant des prêts au peuple de Florence, a rendu la famille impopulaire et l’a conduite au bord de la faillite. Pour rétablir la dynastie, Lorenzo négocie avec ses créanciers, passe des accords avec les grandes familles italiennes, renonce à son amour pour Lucrezia Donati (Alessandra Mastronardi) et épouse une noble romaine, Clarice Orsini (Synnove Karlsen). De son côté, son frère cadet Giuliano (Bradley James) tombe amoureux de Simonetta Vespucci, noble mariée qui deviendra la muse d’un artiste soutenu par la famille – un certain Sandro Botticelli (Sebastian de Souza). S’il parvient à redonner aux Médicis un certain éclat, Lorenzo se heurte constamment à une vielle famille ennemie: les Pazzi. A sa tête, Jacopo est déterminé à anéantir politiquement et financièrement ses rivaux. Ses manipulations ayant échoué, il va ourdir la conjuration qui porte son nom pour renverser les Médicis et prendre le pouvoir à Florence.   

Lorenzo de Médicis, magnifique en devenir

Tout en restant dans la lignée de la précédente, cette nouvelle saison s’avère meilleure, bien que non exempte de défauts. Son principal travers réside dans une écriture qui force souvent le trait. Elle fait notamment de ses personnages de grands archétypes, avec Lorenzo en  héros romantique, Giuliano en libertin amoureux, Botticelli en artiste idéaliste et lunaire, et Jacopo Pazzi en antagoniste noir. Des dialogues parfois empathiques donnent aussi au triangle amoureux Lorenzo / Clarice / Lucrezia des allures de bluette un peu naïve.

Pour autant, l’ensemble fonctionne très bien. On y retrouve certains éléments déjà présents en première saison, tels que les flash-back (cette fois mieux maîtrisés car plus concis, notamment lorsqu’ils reviennent sur l’enfance de Lorenzo), le soin apporté aux costumes et aux décors, et l’excellent générique où la voix de la chanteuse Skin magnifie un thème mélangeant rock et chœurs à la Carmina Burana.

Cette saison s’appuie surtout sur une construction solide, où s’entremêlent des intrigues embrassant les enjeux politiques et financiers, mais aussi la vie personnelle des protagonistes. Le tout tendant inexorablement vers le dénouement, ébauché dans la première scène et auquel est entièrement consacré l’épisode final. Patiemment, la série pose le contexte et approfondit l’engrenage des événements qui conduiront à cette fameuse conjuration, en se reposant essentiellement sur la rivalité entre les Médicis et les Pazzi. Un moteur suffisamment puissant pour porter l’histoire et compenser l’interprétation un peu faiblarde de certains acteurs. Il faut avouer que, dans les rôles de Lorenzo et Giuliano, Daniel Sherman et Bradley James ne sont pas toujours convaincants (leur interprétation prête même à sourire, dans le dernier épisode.) En revanche, on peut saluer la performance de Sean Bean, excellent Jacopo Pazzi, ou celles de Raoul Bova (Le pape Sixte VI) et de Julian Sands (Piero de Médicis).  

Reste la question de la véracité des faits relatés, récurrente dès qu’on évoque une série historique. En Italie, Les Médicis fait l’objet de nombreuses critiques fustigeant les anachronismes et raccourcis du scénario. Alors certes, la série comporte sans doute des erreurs et s’accorde des libertés ; pour autant, celles-ci ne nuisent pas à la cohérence du récit et ne trahissent en rien le sens de l’Histoire. Par exemple, quelque chose se dessine derrière la lutte entre les Pazzi et les Médicis : les premiers représentent une noblesse médiévale réactionnaire opposée à l’influence croissante des seconds, nouveaux riches artisans de l’esprit d’une Renaissance portée par une forme d’élévation économique, philosophique et artistique. L’art, justement, court aussi en arrière-plan tout au long du récit, en particulier à travers la figure de Botticelli. S’inspirant de Giuliano et de Simonetta, le jeune peintre va donner naissance, dans la somptueuse scène qu clôt la saison, à l’une des œuvres emblématiques de la Renaissance : Le Printemps, sublime allégorie commandée par son mécène, Laurent le Magnifique.

Simonetta devant Vénus et Mars, autre chef-d’œuvre de Botticelli

Si elle manque sans doute de souffle épique, cette deuxième saison de Les Médicis reste une jolie réussite, aussi agréable qu’intéressante à suivre. Globalement bien mené et bien construit, le récit parvient à raconter un événement aussi marquant que la conjuration des Pazzi en l’insérant dans une époque belle et violente : celle d’une Renaissance qui, comme Florence, « est aussi composée de ruelles étroites, mauvaises et gothiques. ».  La phrase n’est pas de nous ; on la doit à un certain Hannibal Lecter.


Les Médicis : Laurent Le Magnifique – saison 2.
8 épisodes de 45′ environ.
A partir du 18 Janvier à 21H00 sur RMC Story.

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Rédacteur en chef du pôle séries, animateur de La loi des séries et spécialiste de la fiction française
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