Avant La Casa de Papel, Berlin rassemble une équipe de voleurs pour commettre un casse et tombe amoureux dans les rues de Paris.
C’est quoi, Berlin ? Des années avant les événements relatés dans La Casa de Papel, Berlin (Pedro Alonso) monte son propre casse : le vol de bijoux d’une valeur de 44 millions d’euros, conservés dans le coffre d’un hôtel des ventes à Paris. Il a réuni son équipe brillante, il a préparé un plan millimétré, rien n’est laissé au hasard. Mais l’amour a ses raisons que le braquage ne connaît point : lorsque Berlin tombe amoureux de Camille (Samantha Siquieros), l’épouse du directeur de l’hôtel des ventes qu’il compte dépouiller, il décide de tout mettre en œuvre pour la séduire. Quitte à compromettre toute sa belle opération.
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Dans la famille de La Casa de Papel, je demande Berlin. De son vrai nom Andrés de Fonollosa, le personnage est vite devenu l’un des favoris du public au point que le créateur et scénariste Álex Pina n’a pas hésité à le faire revenir dans des flash-back au cours des deux dernières saisons de la série. Il n’est donc pas étonnant de le retrouver cette fois dans son propre spin-off / prequel sur Netflix, logiquement intitulé Berlin.
Quelques années avant La Casa de Papel. Berlin vient de vivre un troisième divorce et il décide de se consoler en faisant ce qu’il fait de mieux : un casse. En l’occurrence, voler une collection de bijoux d’une valeur de 44 millions d’euros ou plus exactement la faire disparaître au nez et à la barbe des gardes de la salle des coffres d’un hôtel des ventes parisien. Il n’est pas seul, il compte sur sa bande de complices : Keila (Michelle Jenner), experte en codes informatiques timide et renfermée ; Damián (Tristán Ulloa), ingénieur, physicien, chimiste tête en l’air ; Bruce (Joel Sánchez) le touche-à-tout musclé ; Roi (Julio Peña) à qui aucune serrure ne résiste ; Cameron (Begoña Vargas), accro à l’adrénaline. L’opération est lancée. Mais alors que Berlin espionne le directeur de l’hôtel des ventes grâce à des caméras dissimulées dans son appartement, il tombe sous le charme de son épouse Camille. C’est sûr : c’est la femme de sa vie, ils sont destinés à vivre une grande et belle histoire. Sous une fausse identité, il se rapproche d’elle et lance son entreprise de séduction, tandis que ses complices poursuivent vaille que vaille le plan initial.
Outre les interventions ponctuelles du narrateur en voix off (Tokyo dans La Casa de Papel, Berlin ici), on trouve quelques points communs avec la série originale comme la dynamique et la construction. Un plan extravagant pensé jusqu’aux moindres détails, une équipe de voleurs chacun avec sa spécialité, la mise en œuvre du casse , la présentation de la théorie et les multiples grains de sable qui menacent d’enrayer la belle mécanique, des rebondissements spectaculaires pas toujours crédibles, des personnages suivis par petits groupes (deux par deux en général), un twist final à la fin de chaque épisode.
Pour autant Berlin s’écarte radicalement de La Casa de Papel. D’abord, le casse n’est qu’une partie de la série, dont une bonne moitié se concentre sur la fuite des voleurs. Ensuite, c’est une série plus lumineuse et moins oppressante, qui sort du huis-clos pour arpenter les rues d’un Paris de carte postale et qui mise moins sur les scènes de drama. Enfin et surtout, elle lorgne sans complexe vers la romance. Parmi les braqueurs, les couples se forment – avec plus ou moins de réussite, les dialogues frôlant parfois la collection Harlequin. Mais enfin, on se laisse quand même prendre au jeu si on est bon public.
Du côté de Berlin en revanche, la romance est plus perverse que… romantique. Manipulateur, jaloux, égocentrique et possessif, Berlin devient obsédé par Camille et tente de voler son cœur exactement comme il volerait une banque : un plan machiavélique, des mensonges et des faux-semblants, des manigances sophistiquées à la limite de l’insanité. C’est moins Berlin in Paris qu’un spin off de You, Joe Goldberg a sûrement refilé des tuyaux à Berlin. Le type semble plus amoureux de l’idée de l’Amour que de Camille mais c’est paradoxalement une idée brillante car totalement cohérente avec le Berlin que nous connaissons. Rappelons que dans la Casa de Papel, il est loin d’être un personnage recommandable : il menace de tuer une femme enceinte et viole une des otages. Pour le héros de romcom, on repassera. Derrière l’homme en souffrance qui se laisse à nouveau enivrer par l’Amour, Berlin est un homme toxique.
Et indéniablement, Pedro Alonso est la pièce maîtresse de la série. Avec son charisme et la théâtralité qui sied parfaitement au rôle, il joue avec toutes les nuances et la complexité d’un personnage successivement charismatique et charmant puis inquiétant et détestable, qu’il rend totalement crédible. Brillant de bout en bout, il « bouffe » toutes les scènes et éclipse en comparaison le reste du casting. A leur décharge, l’équipe de Berlin est beaucoup moins emblématique que celle qui accompagnait le Professeur ; par moments, on a même des réminiscences des héros de la Casa de Papel, par exemple avec Cameron qui rappelle beaucoup une certaine Nairobi. Et si la fin ouvre la porte à une éventuelle deuxième saison, on aimerait suggérer une autre option : des spin off centrés sur d’autres personnages comme Tokyo, le Professeur ou (au hasard) Alicia Sierra. Álex Pina, si tu nous lis…
Prequel de La Casa de Papel, Berlin ne laissera pas indifférent. Elle est loin d’être à la hauteur de la série originale mais elle est néanmoins divertissante. Les fans risquent d’être déçus et de regretter un manque de tension, des rebondissements parfois faciles et le comportement erratique de Berlin. Mais si on se prend au jeu, qu’on accepte les outrances du scénario et le changement de ton, c’est une série plaisante, avec une bonne dose de suspense mais aussi d’humour et de légèreté. Les premiers auront l’impression d’avoir été volés ; les autres laisseront Berlin leur dérober quelques heures devant leur écran.
Berlin
8 épisodes de 50′ environ.
Disponible sur Netflix.