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On débriefe pour vous … Dying For Sex, la petite mort avant la grande

Dans Dying for sex, une jeune femme condamnée par un cancer décide de passer ses derniers mois de vie à la recherche de l’épanouissement sexuel.  

C’est quoi, Dying for sex ? Molly (Michelle Williams) et Steve (Jay Duplass) traversent une crise de couple. En rémission d’un cancer du sein et après une mammoplastie, elle veut à nouveau avoir des relations sexuelles avec son mari ; il a pour elle beaucoup d’amour et de tendresse mais aucune libido. Lorsque Molly apprend que son cancer est revenu et a métastasé, la condamnant à plus ou moins brève échéance, elle prend conscience qu’elle ne veut pas mourir avant d’avoir connu le plaisir. Elle quitte Steve et, avec le soutien de sa meilleure amie Nikki (Jenny Slate), elle décide de laisser libre cours à ses désirs et ses pulsions. Avec des inconnus croisés au hasard, des hommes contactés via des appli de rencontres, voire un voisin très agaçant (Rob Delaney), Molly explore tout le spectre de sa sexualité, avant qu’il ne soit trop tard.

Une histoire insolite mais vraie

Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le sexe (et le cancer) sans jamais avoir osé le demander : on pourrait résumer Dying For Sex en paraphrasant Woody Allen. Disponible sur Disney+, la série avec en vedette Michelle Williams raconte l’histoire – vraie bien que surprenante – de Molly Kochan, qui a parlé de son expérience dans un podcast intitulé Wondery, publié après sa mort, créé avec sa meilleure amie. Kim Rosenstock. Elizabeth Meriwether (New Girl, The Dropout) l’ont adapté en une série de huit épisodes d’une demi-heure. Une pure dramédie, et pour cause, le sujet s’y prête parfaitement : une femme atteinte d’un cancer en phase terminale décide de passer ses derniers mois de vie à la recherche de l’épanouissement sexuel.  

Sur le papier, c’est une série casse-gu…. Avec cette histoire aussi insolite que subversive, la juxtaposition du cancer, de la mort et du sexe, on pourrait basculer à tout moment dans le pathos et / ou le ridicule. Or, Dying for Sex évite habilement ces écueils, en livrant un récit brut et honnête, à la fois drôle et bouleversant, parfois inconfortable mais qui sait toujours jusqu’où pousser les curseurs. 

Le sexe, la vie, la mort

Le titre est limpide : dans Dying for sex, on parle… de sexe. Et on le montre. De manière très graphique, avec un  langage cru et des scènes explicites (nudité frontale, par exemple). Rien de pornographique toutefois, et même rien d’érotique. Un peu à la manière de Sex & the city ou Girls, le sujet est traité de façon organique, sans sentiment (ce n’est pas ce que cherche Molly) et les séquences appartiennent au registre de la comédie.

Pour Molly, c’est Sex & the Big C

L’humour vient des situations gênantes dans lesquelles se retrouve Molly, des quiproquos, des moments d’embarras au lit. Une succession de rencontres hilarantes ou déconcertantes, montrées sans aucun jugement, avec des questions aussi diverses que : comment expliquer à un coup d’un soir ce qu’on a envie qu’il vous fasse ? Comment gérer les effets secondaires des traitements comme la ménopause et la sécheresse vaginale (réponse : avec un bidon de lubrifiant qui prend la moitié du lit) ? Comment insulter correctement le voisin maso ? Comment réagir face à un pénis qu’on dirait sorti d’une statue de Raphaël ? Quel vibromasseur tester ? 

Ce sont des sujets qui peuvent sembler frivoles mais qui ici, en raison de la situation de notre héroïne, prennent une autre dimension. Car il y a aussi la mort.  Molly se laisse emporter dans une frénésie de sexe et de plaisir motivée par une urgence à jouir. Parce qu’elle n’a pas le temps, elle a une deadline – au sens propre. Cinq ans d’espérance de vie, cinq ans pour enfin découvrir ce qu’est le plaisir, elle qui n’a jamais eu d’orgasme. Et le sexe est aussi un moyen pour Molly de tenter de débloquer et de résoudre les traumatismes de son passé, une fois pour toutes.

Dans ce contexte, Dying for Sex parvient à s’appuyer sur le sexe pour aborder d’autres sujets. La sexualité de Molly n’est qu’un point de départ pour évoquer la maternité, le sentiment de culpabilité, les difficultés de couple, les regrets, la façon d’affronter la mort, la façon dont la maladie affecte toutes les relations. 

Pas de miracle mais pas de pathos

Aux côtés de Jenny Slate, des frères Duplass, de Rob Delaney ou de Sissy Spacek, Michelle Williams est formidable dans le rôle principal. Avec elle, Molly ne suscite jamais la pitié, presque pas l’empathie du spectateur ; en revanche, on l’admire et on la respecte.  Au lieu de se résigner face à la mort, Molly choisit un ultime acte de rébellion : le  sexe pour reprendre le contrôle de son corps, de ses émotions et de son histoire et être autre chose qu’une femme malade. C’est simple, et en même temps outrageusement transgressif.

Molly et sa meilleure amie font face à la maladie

Entre deux rencontres sexuelles et interludes comiques, Dying For Sex porte un regard décalé, ironique et brutalement honnête sur le cancer et le sexe, et le lien entre les deux thèmes n’est pas aussi incongru qu’on pourrait le penser. Ici, pas de musique émouvante ni de longs discours sur la vie et la mort. Malgré un final sans concession, la maladie n’est pas un prétexte au sentimentalisme ou au pathos, mais un cadre propice à l’exploration de soi-même avec l’honnêteté brutale induite par le manque de temps. Avec une idée élémentaire sous-jacente : vivre ses désirs pour mourir dans la dignité. 

Dying for Sex n’est pas une comédie typique, ni un drame classique. C’est une série inconfortable, audacieuse, où l’on passe du rire aux larmes. Profondément humaine et, parfois, dévastatrice. Son mérite ne réside pas seulement dans ce qu’elle raconte, mais dans la manière dont elle le fait : sans hésitation, sans concessions, avec courage et sans tabou. A l’image d’une héroïne, magnifiquement interprétée par Michelle Williams : une femme qui n’a rien à perdre. 

Dying for sex
8 X 30′ environ
Disponible sur Disney+.

About author

Traductrice et chroniqueuse, fille spirituelle de Tony Soprano et de Gemma Teller, Fanny Lombard Allegra a développé une addiction quasi-pathologique aux séries. Maîtrisant le maniement du glaive (grâce à Rome), capable de diagnostiquer un lupus (merci Dr House) et de combattre toutes les créatures surnaturelles (vive les frères Winchester), elle n'a toujours rien compris à la fin de Lost et souffre d'un syndrome de stress post-Breaking Bad
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