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On débriefe pour vous … Heartstopper, coup de cœur pour cette romance LGBT lumineuse

Heartstopper ou l’histoire d’amour entre Charlie et Nick offre un rayon de soleil et de légèreté, tout en abordant des thèmes délicats. 

C’est quoi, Heartstopper ? Charlie (Joe Locke), 15 ans, est élève dans un lycée pour garçons  où il a été victime de harcèlement l’année précédente après avoir fait son coming out. Timide et réservé, il entretient une relation amoureuse secrète avec Ben (Sebastian Croft) qui, lui, n’est pas sorti du placard et l’ignore en public. Lors d’un cours, il se voit attribuer comme binôme d’études Nick (Kit Connor), star de l’équipe de rugby hyper populaire et sûr de lui. Les deux garçons ne pourraient pas être plus différents et pourtant, ils deviennent  immédiatement des amis inséparables. Le problème, c’est que Charlie a le béguin pour Nick. Qui est hétéro. Incontestablement. Enfin, apparemment…

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En 2016, Alice Oseman créait le webcomic Heartstopper, dont elle tirerait un roman graphique deux ans plus tard. La saga, qui compte aujourd’hui quatre tomes (le cinquième est prévu en 2023), explore la relation romantique entre deux adolescents, Charlie et Nick. Et c’est Oseman qui s’est chargé de l’adaptation en série pour Netflix, avec une première saison de huit épisodes. Le résultat n’aurait pas pu être meilleur – de notre point de vue mais aussi de celui du public, la série semblant faire l’unanimité. La série a par ailleurs été reconduite pour deux saisons supplémentaires. 

La présence de Oseman en tant que scénariste et productrice exécutive n’est pas anecdotique. Elle a su maintenir l’essence de son histoire et élargir son univers en donnant davantage d’importance aux protagonistes secondaires. On retrouve la tendresse, l’innocence, l’amitié mais aussi les peurs et les insécurités de ses héros ; de plus, les acteurs ressemblent physiquement aux personnages, ce que les lecteurs apprécieront. Mais l’intérêt de Heartstopper réside moins dans la fidélité aux romans que dans les thèmes traités et la façon dont ils sont  abordés. 

Et s’il y avait plus que de l’amitié, entre Nick et Charlie ?

Charlie est un adolescent timide , encore fragile après les brimades qu’il a subies de la part de certains lycéens en raison de son homosexualité. Il fréquente le même établissement que Charlie, mais les deux garçons ne se sont jamais côtoyés, ils évoluent dans des cercles différents et ne pourraient pas être plus opposés. Un jour, associés en binôme de révision par un prof, ils se retrouvent assis l’un à côté de l’autre. La complicité est immédiate et ils deviennent des amis inséparables. Sauf que Charlie tombe follement amoureux de Nick, même s’il est persuadé qu’il n’a aucune chance : Nick est un athlète, il joue au rugby, les filles lui courent après, il est le parangon de l’hétérosexualité testostéronée. Mais le cœur a ses raisons que les clichés ignorent et à sa grande stupeur, Nick se sent sentimentalement attiré par Charlie. 

Ce qui frappe immédiatement, c’est l’alchimie parfaite entre les deux acteurs principaux. Chaque phrase est imprégnée de sentiments aussi bien dans les conversations profondes que dans les banalités quotidiennes, chaque regard ou chaque geste empreint de tendresse. Sans ce duo aussi opposé que complémentaire, la série ne fonctionnerait pas aussi bien. Si Nick est interprété par Kit Connor qui, à seulement 18 ans, a déjà une belle carrière derrière lui (il jouait le jeune Elton John dans Rocket Man et on l’a vu dans His Dark Materials), Joe Locke alias Charlie fait ses débuts à l’écran. Et cela profite étonnamment à la série, l’énergie nerveuse et maladroite de Locke fusionnant de manière géniale avec la confiance de Connor.

Au-delà des deux héros, Heartstopper est remplie d’une multitude de personnages secondaires adorables, qui s’éloignent progressivement des clichés pour occuper leur propre histoire. Notamment Elle (Yasmin Finney) , une adolescente transsexuelle qui commence sa scolarité dans un lycée pour filles ;  ses copines Tara et Darcy qui sortent ensemble ; Tao (William Gao), le meilleur ami de Charlie ; Imogen ( Rhea Norwood ) qui est amoureuse de Nick ; le professeur d’art bienveillant M. Ajayi (Fisayo Akinade), qui a peut-être vécu la même chose que Charlie… 

Les personnages de Heartstopper prennent vie sur Netflix.

Avec Heartstopper, on est loin de l’approche hyper-sexualisée et tapageuse de Euphoria ou Sex Education. C’est une histoire d’amour et de quête de soi faite de douceur, de sensibilité et d’innocence. Une série  rafraîchissante et lumineuse, pétillante lorsque de petites pastilles pop visuelles apparaissent à l’écran comme sorties d’un roman graphique pour accentuer les émotions des personnages. Ce qui ne l’empêche pas d’aborder des thèmes difficiles comme le harcèlement scolaire et ses conséquences psychologiques, l’homophobie autant dans ses manifestations violentes que dans sa banalité quotidienne, la transphobie, l’anxiété, les questionnements sur soi-même… Mais Heartstopper est si charmante et délicate qu’il est difficile d’y résister, même pour les plus cyniques. Une adorable romance teen, douce et plaisante. Oh, et bien sûr, c’est une romance LGBTI. 

A lire aussi : Love, Victor est bien plus qu’un teen drama LGBTQ

On entend déjà certaines voix s’élever, regretter que Heartstopper marche sur les pas d’une série comme Love, Victor ou Généra+ion en montrant une réalité où l’hétéro-normativité est un concept obsolète et étriqué. Tant pis pour eux, ils feront l’impasse sur cette jolie série qui offre une représentation gay, lesbienne, trans et bi avec une totale « normalité » , et surtout avec empathie, naturel, respect et sincérité. Peu importe leur genre, leur sexe ou leur attirance, les personnages déambulent dans Heartstopper sans avoir à demander la permission d’occuper l’espace qui leur est dû. 

C’est une série pour ados, c’est une romance gay. Mais au-delà de son public le plus évident – jeunes, LGTBI, fans de comédies romantiques – Heartstopper est avant tout une histoire charmante, peut-être la plus belle et la plus délicate que l’on ait vue depuis longtemps. Sans faire l’impasse sur les aspects les plus douloureux et les problèmes qui ponctuent la relation entre Nick et Charlie, c’est une série feel good qui donne la pêche et le sourire. Apprécier les beaux sentiments, les jolies histoires d’amour et d’amitié ne dépend pas de l’âge, du genre ou de l’orientation sexuelle ou romantique ; c’est juste une question d’attrait personnel pour le genre de la romcom et de sensibilité.   

Heartstopper
8 épisodes de 30′ environ.
Disponible sur Netflix

About author

Traductrice et chroniqueuse, fille spirituelle de Tony Soprano et de Gemma Teller, Fanny Lombard Allegra a développé une addiction quasi-pathologique aux séries. Maîtrisant le maniement du glaive (grâce à Rome), capable de diagnostiquer un lupus (merci Dr House) et de combattre toutes les créatures surnaturelles (vive les frères Winchester), elle n'a toujours rien compris à la fin de Lost et souffre d'un syndrome de stress post-Breaking Bad
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