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On débriefe pour vous… Mindhunter (saison 2), un peu plus loin dans l’horreur

Toujours intense et terrifiante, Mindhunter s’enfonce encore un peu plus dans la tête des tueurs en série… et des agents qui les profilent.

C’est quoi, Mindhunter (saison 2) ? Avec un nouveau responsable et davantage de moyens, les agents du département des sciences du comportement du FBI poursuivent leur étude en s’entretenant avec des tueurs en série incarcérés. Holden Ford (Jonathan Groff) doit apprendre à gérer les attaques de panique dont il souffre après une rencontre avec Ed Kemper (Cameron Britton), et une tragédie familiale est sur le point de bouleverser la vie de Bill Tench (Holt McCallany)…  Avec le Dr Wendy Carr (Anna Torv) et l’agent Greg Smith (Joe Tuttle), le duo affine ses analyses en rencontrant de nouveaux criminels ; ils vont aussi collaborer à l’enquête sur une série de disparitions et de meurtres d’enfants à Atlanta, confrontant leurs théories à la pratique. 

En 2017, Mindhunter s’inspirait du livre des agents John E. Douglas et Mark Olshaker pour raconter la naissance du département des sciences du comportement du FBI et les entretiens menés par ses héros face à des tueurs en série. Deux ans plus tard, la série créée par Joe Penhall et coproduite par David Fincher revient avec une deuxième saison encore plus sombre et plus intense, et nous replonge dans ce récit angoissant et choquant qui dissèque la psychologie des pires criminels.

A lire aussi : On a vu pour vous … le premier épisode de Mindhunter, la série de David Fincher

Mindhunter reste fidèle à son style. La patte de Fincher est toujours présente (même s’il n’a réalisé que les trois premiers épisodes) : comme Zodiac par exemple, la série reproduit méticuleusement l’atmosphère des années 70 et prend à la gorge avec son ambiance sombre et suffocante. Le sujet, la photographie, la bande son, la lenteur calculée font de cette deuxième saison une spirale d’horreur et de tension constante, jamais aussi angoissante que lorsqu’elle suggère l’horreur au lieu de la montrer. Le récit est  plus complexe dans sa construction, avec des axes narratifs qui se nourrissent mutuellement: les entretiens menés par les agents, la traque du tueur d’Atlanta et la vie privée des héros s’entremêlent et éclairent non seulement la psychologie des tueurs mais aussi celle des enquêteurs. 

Les agents de Mindhunter, de retour dans la tête des tueurs

On découvre d’abord à quel point ce travail les affecte – Holden et Tench en particulier. Le premier est submergé par des crises de panique et obsédé par les dossiers qu’il traite ; le second est rattrapé par une tragédie personnelle dévastatrice lorsque son fils de huit ans est impliqué dans une sordide affaire ; Carr peine à concilier vie professionnelle et vie amoureuse.  

Élément essentiel de Mindhunter, les entretiens menés par les protagonistes face à des tueurs incarcérés sont toujours aussi passionnants et dérangeants. Les binômes Tench / Holden et Carr / Smith interrogent d’autres criminels, qui enrichissent leur étude et la galerie de portraits dressés par Mindhunter. Parmi eux, David Berkowitz dit « le fils de Sam » ;  William « Junior » Pierce ;  Paul Bateson ;  Charles Manson (exceptionnel Damon Herriman… qui interprète aussi Manson dans Once Upon a Time à Hollywood de Tarantino)  et son « disciple » Charles Denton Watson – pour ne citer que les plus tristement célèbres.  

Ces échanges constituent une descente aux enfers, au cœur des perversions les plus sombres de l’âme humaine. Pour autant, Mindhunter ne cède pas à la facilité et ne fait pas de ces tueurs des monstres. Elle est au contraire beaucoup plus perturbante en soulignant qu’il n’y a rien d’inhumain chez eux, que la démence n’est parfois qu’une stratégie judiciaire et que ce qui a fait d’eux ce qu’ils sont, ce sont des traumatismes d’enfance, des frustrations sexuelles, des pulsions de violence ou un désir de pouvoir. Et en creux se dévoilent aussi les héros, dont les expériences et le vécu trouvent une résonance dans les paroles des criminels qu’ils interrogent (l’entretien entre Wendy Carr et Bateson, et surtout entre Tench et Manson, ce dernier percevant avec une acuité glaçante quelque chose de la détresse de l’agent.)

Ford et Tench face à Charles Manson.

Cette saison marque aussi un tournant : nos agents ne se contentent pas d’étudier les tueurs en série déjà condamnés, ils vont tenter d’en arrêter un. Un changement radical mais cohérent par rapport à la saison précédente, leurs travaux théoriques servant désormais à profiler un tueur en activité. En l’occurrence, il s’agit d’enquêter sur une série de meurtres et de disparitions d’enfants afro-américains survenus à Atlanta. 

Contacté par la mère d’une des victimes, Ford est obsédé par l’affaire ; lorsque le FBI intervient officiellement, Tench et lui prennent conscience de la difficulté d’appliquer leurs théories comportementalistes sur le terrain, mais sont aussi confrontés à des tensions politiques, sociales et raciales. Face à la presse, aux autorités et à la pression de l’opinion publique qui accuse le Klu Klux Klan d’être responsable des meurtres, les deux agents tâtonnent pour élaborer une stratégie, tentent de convaincre la police locale, remettent en question l’idée d’une même appartenance ethnique du tueur et de ses victimes.  Avec, au final, une demi-résolution douce-amère et loin d’être satisfaisante… Et on repense à cette phrase de Ed Kemper, qui soulignait quelques épisodes auparavant que toutes les connaissances rassemblées par les agents provenaient uniquement de tueurs en série qui s’étaient faits prendre. Qu’en est-il des autres ? 

A écouter aussi : Tueurs en séries télé avec Stéphane Bourgoin | La loi des séries #170

En mêlant analyse soignée et enquête de terrain, Mindhunter monte d’un cran dans l’horreur pour nous replonger dans son univers malsain et dans la tête des pires criminels des États-Unis. Et ce n’est pas terminé : nous savons que la prochaine saison suivra notamment la traque de BTK, un homme apparemment banal dont plusieurs séquences (dont la toute dernière scène) nous ont laissé entrevoir l’étendue de la perversité. A en croire les rumeurs, Ted Bundy et William H. Gacy pourraient lui succéder, David Fincher envisageant un total de cinq saisons pour Mindhunter. De quoi faire encore de nombreux cauchemars…

Mindhunter (Netflix)
Saison 2 – 9 épisodes de 50′ à 70′ minutes environ.

About author

Traductrice et chroniqueuse, fille spirituelle de Tony Soprano et de Gemma Teller, Fanny Lombard Allegra a développé une addiction quasi-pathologique aux séries. Maîtrisant le maniement du glaive (grâce à Rome), capable de diagnostiquer un lupus (merci Dr House) et de combattre toutes les créatures surnaturelles (vive les frères Winchester), elle n'a toujours rien compris à la fin de Lost et souffre d'un syndrome de stress post-Breaking Bad
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