Exceptionnellement, la case fiction arrive sur France 2 un samedi soir avec La vengeance sans visage qui réunit, notamment, Philippe Bas et Aurore Delplace.
C’est quoi La vengeance sans visage ? Marie est cadre dans un aéroport. À la faveur d’un rafting, elle rencontre Maxime, passionné de parachutisme et de wingsuit. Ce qu’elle ignore, c’est que lui et sa bande pillent des transports de fonds sur des aéroports et qu’ils préparent un braquage. Pour s’assurer du silence de Marie, Sofia – leader du gang – sabote son parachute lors d’une initiation. Marie fait une chute de 3 000 mètres et survit par miracle. Un an plus tard, handicapée, elle s’est réfugiée dans la maison de ses parents, à Gap, sa ville natale. Jusqu’au jour où Marie croise Sofia, qui la croit morte et ne la reconnaît pas. Marie décide de se venger en les attirant vers un nouveau braquage. Mais c’est compter sans Luc Ferraz, officier de la BRI à la recherche de la source qui informe le gang. Marie a le profil idéal. Alors Luc se fait passer auprès d’elle pour un auxiliaire de vie, afin de remonter aux braqueurs. Une infernale partie d’échecs va s’engager entre Luc qui la soupçonne et Marie qui se méfie de cet étranger bien trop parfait pour être innocent…
L’essentiel
La vengeance sans visage est la nouvelle fiction écrite et réalisée par un habitué du petit écran, Claude-Michel Rome, qui avait signé notamment Le temps est assassin et Zodiaque pour TF1, mais qui depuis quelques années s’illustre essentiellement sur des polars pour France Télévisions. Avec cet unitaire, il renoue avec un projet plus « hybride » à mi chemin entre le polar et le gros film d’action. Il réunit pour l’occasion devant l’écran Philippe Bas (qu’il a dirigé dans Mortelles Calanques) et Aurore Delplace (une des figures montantes d’Un si grand soleil). Cette vengeance s’inscrit davantage dans la filiation du Saut du diable 1 et 2 qui ont cartonné sur TF1, et qui ont au moins le mérite de proposer un genre plutôt absent en France à savoir le film d’action mais pour la télévision. Assurément, la proposition faite ici tranche avec les habituels polars de la 3 du samedi soir et devrait sans doute faire passer un bon moment aux spectateurs.
On aime
On est content de revoir Claude-Michel Rome à la tête d’un projet, un nom important en télévision, qui a eu ici peu de temps pour mettre en boîte (moins d’un mois) un projet qui nécessite de nombreuses scènes d’action. De même, avec Luc Ferraz, Philippe Bas s’inscrit dans un registre qui lui va pour le coup très bien – le héros du film d’action – et il lui donne sa force et son charisme, façon héros à l’ancienne auxquels Julien Séri assumait de rendre hommage sur TF1. Le comédien confirme sa stature et il tient pour le coup un genre dans lequel il est un peu seul à la télévision. A ses côtés, Aurore Delplace compose un personne à l’opposé de celui d’Un si grand soleil, où elle se met en danger en acceptant de jouer Marie-Alice, une femme brisée y compris physiquement par que qu’elle a vécu 1 an auparavant.
On aime moins
Le soucis de ce film tient justement dans le fait que Bas et Delplace sont un peu seul pour porter le projet et le maintenir à flot. Car en réalité, même si l’idée de départ aurait pu être réjouissante, le traitement l’est nettement moins. Comme si le simple fait d’affubler l’héroïne d’une cicatrice sur la joue et de la faire passer du brun au blond permettait de justifier que personne parmi celles et ceux qui ont essayé de la tuer ne la reconnaisse. Dans la saga La vengeance aux deux visages à qui cet unitaire emprunte le titre, Stéphanie Harper se retrouvait défigurée et changeait de visage. Purement et simplement. Ou dans le pilote de K2000, quand il arrive à peu près la même chose à Michael Long, là aussi l’astuce du changement de visage lui permet d’approcher ceux qui ont le tuer. D’ailleurs, l’astuce est ici tellement fine que bien que figurant dans le concept même du film, dans le pitch, elle est reconnue dès la moitié de l’histoire. Un comble ! Et tout est à peu près du même registre dans cette histoire qui a du mal à tenir la distance alors qu’elle contient en elle les germes de quelque chose de plus fun, si tant qu’on le traite bien. Là, encore une fois, on veut tellement faire vraisemblable que l’on se prive de ce qui pourrait divertir au maximum le spectateur.
De même, s’il est vraiment louable de faire venir l’action et les concepts d’ordinaire cantonnés au cinéma – l’action, les cascades – il faut comprendre que cela demande deux choses : du temps et des moyens. Même le meilleur des réalisateurs aura du mal à faire des miracles quand il doit monter un film AVEC des cascades en moins d’un mois. Dès lors, les incrustations se voient plus et les moments d’intensité raccourcis comme ici où le final est quand même très vite expédié malheureusement. Claude-Michel Rome maîtrise sans doute moins bien qu’un Julien Séri les codes du film d’action et est sans doute plus habitué à une réalisation plus traditionnelle (et qui n’en est pas moins efficace).
…Et je n’évoque pas non plus la toute dernière scène avant le générique, mignonette mais terriblement datée.