En début d’année 2025, TF1+ accueille de nouvelles fictions et proposent de redécouvrir des séries plus anciennes comme Falco avec Sagamore Stévenin.
C’est quoi Falco ? 16 mai 1991 : le jeune officier de police Alexandre Falco a l’avenir devant lui, une femme et une petite fille. Mais la vie en décide autrement : il prend une balle dans la tête qui le plonge dans le coma.
22 ans plus tard : Falco ouvre les yeux dans un monde qu’il ne reconnaît pas. Sa femme a refait sa vie, sa fille est adulte. Et son ancien équipier, aujourd’hui commissaire, lui propose la retraite. Mais Falco ne renonce pas. Flic à l’instinct hors pair, anticonformiste et tête brûlée, il réintègre la police et enquête avec le jeune et procédurier lieutenant Chevalier. En parallèle, Falco va tout faire pour récupérer sa vie. Après ce qu’il a vécu, rien ni personne ne peut plus l’arrêter.
Un format étranger
Falco est la libre adaptation d’une série allemande, Der letzte Bulle : « Nous avons conservé le concept de base mais nous nous sommes vraiment éloignés de la série originale en termes de ton, d’intrigues et de caractérisation des personnages. La série allemande est traitée sur le ton léger de la comédie. Or, nous avons choisi de privilégier le côté tragique de la vie de cet homme qui ne pourra jamais rattraper les vingt-deux années perdues durant son coma » (Clothilde Jamin, Directrice de collection).
Falco c’est l’histoire d’un homme qui tente de rattraper la vie qu’il n’a pas eu pendant 22 ans.
Il aimerait la reprendre là où il l’a laissé 22 ans auparavant mais elle a suivit son cours et les choses ont changé. Sa fille a grandit et sa femme a refait sa vie avec un autre homme. Une femme qui a appris durant ces dernières années à faire le deuil d’un homme qui n’était pas mort mais qui n’était plus là. Sa vie se retrouve donc, tout comme ses émotions, chamboulée par « le retour » de Falco.
Cet aspect est l’un des premiers points positifs de la série. Une vraie place est donnée aux personnages. La série est très bien articulée entre enquêtes policières et vie personnelle de Falco. Elle nous emmène ainsi dans la vie d’un flic hors norme car très contradictoire. De part les 22 années qu’il a passé dans le coma, Falco a une certaine naïveté sur le monde qui l’entoure. Il a toujours l’incroyable flair qui faisait de lui en 1991 un bon flic mais, dépassé par les évolutions que son métier et la société ont connu, il réagit sur le monde qui l’entoure avec une grande simplicité, naïveté.
Mais Falco est aussi habité par une autre part de lui. Une part plus sombre. Car on ne sort pas de 22 années de coma sans séquelles. Hanté par des cauchemars qui le renvoient au jour de sa tentative d’assassinat, Falco semble par moment perdre pied, réagissant à l’instinct à ce qui lui arrive: « Les téléspectateurs découvrent tout en même temps que lui, ils vivent les événements à travers son regard. Par exemple, juste avant qu’il tombe dans le coma, tout est montré comme il le perçoit. Les images sont floues, un peu surexposées car il est sonné. Puis vient une image noire lorsqu’il ferme les yeux. A son réveil, quelques secondes après, vingt-deux années se sont écoulées sans qu’il en ait conscience. Tout est allé très vite pour lui, comme pour les téléspectateurs » (Alexandre Laurent, réalisateur). Cette part sombre du personnage est vraiment très bien interprété par Sagamore Stévenin. Il parvient, rien que dans son visage (sourire/traits fermés), à donner cette ambivalence au personnage. Il faut reconnaître que la série est une belle rencontre entre un acteur et un rôle que celle entre Stévenin et Falco.
Dans son monde où tout semble partir en vrille, où tout ce qu’il pensait « acquis » sombre sous ses pieds, Falco peut compter sur un joli repère qui lui n’a pas bougé (façon de parler): sa fille Pauline. Les scènes entre Stévenin et la jolie Marie Béraud sont d’ailleurs très touchantes.
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Le retour du feuilletonnant
Autre partie de la série intéressante: elle « feuilletonne ».On se souvient d’une époque où, à TF1, on demandait aux scénaristes de RIS de lever le pied sur les intrigues « fil rouge » (comme dans les saisons 1 et 2 ndlr), où de La loi selon Bartoli (déjà avec Alexia Barlier), diffusée dans le désordre malgré une intrigue qui tournait autour du personnage campé par Stéphane Fress. Ici, la série « feuilletonne » et même à plus d’un niveau.
Tout d’abord en montrant la vie de Falco et la façon dont il tente de se la réapproprier (et donc les conséquences que cela a sur son entourage). Mais aussi autour de son état de santé. Hanté par ses cauchemars, incapable de stabiliser sa vie (Falco vie à l’hôtel et refuse l’argent qui lui permettrait de s’acheter un appartement), on se demande à quel moment il va perdre pied totalement. Il voit d’ailleurs une psy, condition principale à sa réintégration dans les forces de police. Sans bien entendu en révéler plus, la série prend un virage différent à mesure que les souvenirs (rêves?) de Falco s’éclaircissent. Il a assez vite la conviction que sa tentative de meurtre a été commanditée par quelqu’un. Mais a-t-il seulement raison? N’est ce pas juste une des conséquences de son coma?
La série, qui s’ouvre une premier épisode très réussi, se termine sur un cliffhanger, certes très prévisible, mais qui relance la série dans une direction intéressante pour la saison 2. Les révélations sont assez bien dosées en saison 1 pour nous tenir en haleine, et il n’y en a pas trop ce qui aurait donné l’impression, comme dans beaucoup de séries, de remplir et remplir de peur qu’il n’y ait pas de suite.
ici, quand la saison s’arrête, on a fait un pas vers la vérité mais on ne sait encore rien de ce qui est arrivé à Falco en 1991. On apprécie aussi beaucoup le fait que tous les enjeux narratifs posés dans le pilote ne sont pas réglés en fin de saison. Cela paraît évident mais dans beaucoup de séries, avec un personnage principal identique, on aurait fait en sorte qu’en fin de saison, il ait retrouvé sa famille et qu’il soit apaisé. Il n’en est rien ici.
Falco n’est pas sans défauts
La série a son lot de défauts au milieu des nombreuses qualités mentionnées. En premier lieu, la reconstitution des années 90 est très légère : « C’est essentiellement grâce aux changements physiques des personnages que l’on s’aperçoit du temps écoulé. Nous avons notamment rajeuni Sagamore Stévenin grâce à des prothèses et à une coupe de cheveux différente » (Alexandre Laurent, réalisateur).
Plus gênant en revanche est le sort réservé aux personnages secondaires. Dans une série qui fait autant la part belle aux personnages, il est vraiment dommage que les partenaires de Falco ne soient pas plus développés. Ce n’est pas compliqué, on ne sait quasiment rien sur eux. Juste une ou deux lignes de dialogues pour expliquer que Eva est lesbienne et c’est tout. C’est vraiment dommage car Alexia Barlier (Kali) et Clément Manuel (Ainsi soient-ils) sont de très bons comédiens mais à qui on ne donne pas assez à jouer. De même, on aurait aimé voir les scènes entre Falco et sa fille plus nombreuses et surtout plus longues car le duo fonctionne plutôt bien.