La mémoire, l’histoire et l’esprit critique, triptyque fondateur de la société moderne. Il permet d’avancer tout en ayant la sagesse de regarder en arrière. Encore faut-il en prendre le temps. Le Festival International du Film d’Histoire de Pessac (FIFHP) est là pour ça. Il est là pour rappeler à chacun d’entre nous de prendre le temps de comprendre. De prendre le temps d’analyser et de mettre de côté nos vérités personnelles.
Retour sur Festival International du Film d’Histoire de Pessac
En cette année charnière pour l’évènement, le public a répondu présent à hauteur de 39 000 entrées. Un nombre conséquent de spectateurs qui consacrent le travail effectué tant au niveau de la programmation que des thèmes abordés. Les portes du cinéma Jean-Eustache se referment doucement sur la 30ème édition du Festival International du Film d’Histoire de Pessac. L’occasion maintenant pour VL Média de revenir sur cette éblouissante édition un peu spéciale pour le FIFHP.
30 ans de cinéma et d’Histoire
Il y a trente ans, un écrivain et un jeune maire, souhaitent lancer un festival jouant entre la puissance de l’esprit et la poésie de l’image. Le but de cette manifestation culturelle est de faire perdurer la mémoire à travers l’art cinématographique. Et le public ne s’est pas trompé. Fidèle au rendez-vous annuel, il est venu en nombre pour échanger, écouter et apprendre dans ce rendez-vous culturel majeur qu’est le FIFHP .
« En 30 ans, le Festival International du Film d’Histoire est entré dans le cœur des Pessacaises et Pessacais. Chaque année, au mois de novembre, le « FIFHP » est l’événement culturel et cinématographique incontournable de la métropole et de la région Nouvelle-Aquitaine », lance Franck Raynal, maire de Pessac, pendant la cérémonie d’ouverture.
Une 30ème visant juste
Et en effet, le festival a de nouveau visé dans le mille pour cette édition. Quoi de mieux que de comprendre et revivre l’histoire d’un pays, d’un continent, d’une construction géographique, pour comprendre son présent et ses enjeux futurs. Le passé explique les cicatrices, l’histoire est là pour expliquer les veines ouvertes de l’Amérique Latine.
« Voilà bien longtemps qu’à Pessac nous aimons à voguer vers des terres lointaines, où les rudesses de l’Histoire s’entrelacent avec les extravagances du rêve. Notre chronique le rappelle, notre vocation le garantit. Il était donc grand temps que nous dirigions notre boussole vers l’Amérique Latine », dépeint Jean-Noël Jeannerey, président d’honneur du Festival.
Le FIFHP nous invite , durant une semaine, à parcourir l’histoire complexe de cette construction géographique et culturelle qu’est l’Amérique Latine. Cependant, par ses luttes, ses défaites, ainsi que ses enjeux, cet espace géographique se dessine néanmoins durant le festival. Il nous expose un large panel permettant d’aborder les enjeux de cette entité géographique. Néanmoins, un autre thème tout aussi fort se retrouve dans l’ADN de cette édition au fur et à mesure des projections et des débats. En témoigne le film de Karim Aïnouz, La Vie invisible d’Euridice Gusmão, grand vainqueur de la compétition. Et en effet, la question de la femme au sein de la société et de l’histoire est omniprésente tout le long de la manifestation culturelle. Ainsi, le festival se place comme un lieu d’échange et de construction citoyenne, qui a encore de très belles aventures à vivre. Le festival s’est donc retiré il y a quelques semaines, observant le monde avancer pour en extraire de nouvelles questions et un nouveau thème pour l’année 2020.
« Comme bien souvent, le thème 2019, « Amérique latine, terres de feu », choisi l’an dernier , fait malheureusement écho à une actualité brûlante. Le continent sud-américain semble être la proie d’un mauvais film-catastrophe », introduit Alain Rousset, président du festival.
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Palmarès
Compétition Fiction :
-Prix du Jury Professionnel : La Vie invisible d’Euridice Gusmão de Karim Aïnouz
– Prix Danielle-Le Roy du Jury Étudiant : La Vie invisible d’Euridice Gusmão de Karim Aïnouz
– Prix du Public : Official Secrets de Gavin Hoo
Compétition documentaire
Prix du Jury professionnel, Prix Bernard-Landier du jury Lycéen et Prix du Public : Les Orphelins de Sankara de Géraldine Berger
Panorama du documentaire
Prix du jury de la Ville de Pessac : Retour à Kigali, une affaire française de Jean-Christophe Klotz
Prix du livre d’histoire
Et Tati créa Monsieur Hulot de Jean-Claude Chemin, Locus Solus Éditions, 2019
Mention spéciale attribuée à Denis Rossano pour Un père sans enfant, Allary Editions.
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Conclusion
Finalement pleinement ancrée dans le système monde, l’Amérique Latine reste toutefois un espace de développement aux multiples facettes. Ainsi l’Amérique Latine occupe une place importante dans les débats publics et politiques. En outre l’espace géographique de l’Amérique connaît de forts bouleversements sur le plan économique, politique et social en rapport avec son rôle dans la mondialisation. Ses veines encore écarlates, autels d’un passé douloureux et réceptacle des différentes évolutions du sous-continent, n’ont pas fini de cicatriser. Elles sont les témoins d’un passé complexe, douloureux, fait de terre, de sueur, de sang et de corruption. Un passé biaisé par les différentes occupations extérieures ainsi que par une bourgeoisie locale et ancienne qui maintient par tous les moyens sa domination. Pour conclure, transmettre les histoires lointaines des pays pour les comprendre tel est le but du festival. Un but noble et salvateur à l’heure où l’Histoire des pays semble être remplacée par les vérités personnelles.