Ce jeudi 30 mai 2024, le Premier ministre Israélien, Benyamin Netanyahou fut l’invité « exceptionnel » dans un entretien exclusif de la chaîne du groupe TF1, LCI. Une interview que La France Insoumise a dénoncé. Un rassemblement a eu lieu dans la même soirée devant la tour du groupe de Martin Bouygues en opposition à cet entretien.
Il est quasiment 19h, lorsque des milliers de manifestants qui arborent fièrement leur drapeau aux couleurs de la Palestine se dirigent vers la tour de la chaîne TF1. Trois cortèges se dirigent à Boulogne-Billancourt, ville dans laquelle est situé le siège social du groupe. Selon, le Préfet de police, 2 500 manifestants se sont retrouvés pour défendre une même cause. Et dénoncer le choix de donner la parole au Premier ministre Israélien, dans un contexte tendu avec la Palestine.
« Tout le monde déteste Netanyahou »
Un choix qu’a notamment dénoncé, une jeune femme nommée Célia à nos confrères de Libération : « Comment on peut avoir d’un côté un mandat d’arrêt contre Netanyahou, et de l’autre la France, pays des droits de l’homme, qui l’invite dans l’une de ses plus grosses chaînes ? ». Pourtant les milliers de manifestants vont être « stoppés » dans leur volonté de se faire entendre. Le périmètre autour de la tour est bloqué. Bloqué par un important dispositif de sécurité mis en place par les forces de l’ordre. Il est important de rappeler que le mouvement s’est déroulé sans incident. Il a été plutôt « pacifiste », à ce niveau.
Au sein de la manifestation, il n’est pas rare d’entendre différents slogans en défaveur d’Israël. De part et d’autre, plusieurs personnes s’égosillent la voix : « Free Palestine » ou encore et en chœur : « Tout le monde déteste Netanyahou ». D’autres scandent « Israël assassin », dans une ambiance glaciale. Depuis le 7 octobre, c’est la première fois que le Premier ministre Israélien fait une interview pour un média Français.
« Sabotez cette émission »
Une volonté de manifester, lancée en partie sur X, par l’élue de la République, Rima Hassan de La France Insoumise : « Salariés et stagiaires du groupe TF1 prenez vos responsabilités ! Sabotez cette émission. » avant d’ajouter : « Il n’est pas question que la parole d’un criminel de guerre soit diffusée ce soir. », conclut-elle. Il y a tout de même plusieurs points à soulever. « Saboter » une émission « commandité » par une élue de la République n’est-ce pas une entrave à la liberté d’expression ? N’est-ce pas une entrave à la liberté de la presse ?
En France, la liberté de la presse est un vecteur fondamental. Les journalistes rapportent les informations peu importe l’interlocuteur en face. Le plus important n’est pas le fait de poser des questions à l’invité mais la manière avec laquelle on le reçoit. Si, poser des questions à un représentant politique avec lequel La France Insoumise est en désaccord c’est lui « déballer le tapis rouge »… Alors ils ne comprennent pas le rôle de la presse. Le travail du journaliste est aussi de devoir poser des questions. Faudrait-il inviter des personnalités qui ne sont qu’en accord avec LFI ? Faut-il dans ce cas réduire la liberté de la presse ?
Déballer le tapis rouge à Netanyahou ?
De plus, il a été reproché à Darius Rochebin de ne pas vraiment interrompre le Premier ministre Israélien. Mais aussi de lui laisser l’antenne pendant une trentaine de minutes. En réalité, il peut s’agir en partie d’une raison technique. Les deux interlocuteurs se parlent à distance et il y a un fort décalage entre eux. Il faut rajouter à cela les traductions. Forcément, si le journaliste lui avait plus coupé la parole, l’entretien serait devenu inaudible. Il ne peut pas lui couper la parole ou intervenir davantage comme lorsque l’invité est en face du journaliste.
Outre le fait qu’il y est aussi un protocole face à un Chef d’Etat, on ne mesure pas la qualité d’une interview au fait de couper la parole mais plutôt à la qualité de l’échange et des questions. Darius Rochebin qui n’a pas hésité à poser les questions à son interlocuteur, même les plus fâcheuses et ne l’a pas ménagé sur le fait que Gaza n’est pas un territoire Israélien lorsque le Premier ministre a comparé cette terre au « débarquement en Normandie avant l’attaque contre l’Allemagne » : « A la différence que ce n’est pas votre terre », a rétorqué le journaliste. Il ne lui a pas vraiment « déballé le tapis rouge ».
Sur CNEWS et Europe 1, à l’occasion du débat sur les Européennes, la tête de liste de La France Insoumise, Manon Aubry a critiqué l’interview accordée au Premier ministre Israélien sur LCI : « La place de ce dirigeant politique génocidaire n’est pas sur les plateaux télé, elle est sur le banc des accusés. ». Une intervention ayant été prononcée la veille du regroupement propalestinien devant la tour de la chaîne de télévision TF1.