Une soixantaine d’artistes apportent leur soutien à Gérard Depardieu dans une tribune du « Figaro ». Cette publication controversée survient suite à la polémique politico-médiatique dont l’acteur est la cible.
La tribune dénonce le « lynchage » que subit « le dernier monstre sacré du cinéma« . Les signataires appellent au respect de « la présomption d’innocence » dans ce texte diffusé lundi 25 décembre. L’acteur est mis en examen pour viol depuis 2020. Suite à un numéro de Complément d’enquête, Gérard Depardieu fait face depuis quelques semaines à « un torrent de haine ».
Par les plus grands pour « le plus grand »
Les auteurs et artistes qui ont signé cette tribune proviennent tous du monde culturel. Parmi eux, figurent bon nombre d’acteurs français comme Gérard Darmon, Pierre Richard, Carole Bouquet ou encore de chanteuses, à l’image d’Afida Turner et Carla Bruni. Dans ce texte, ce sont les voix des grands noms du monde artistique français qui se sont élevées. La tribune est claire, « rappeler tout le bien que cet homme nous a fait » et surtout, elle appelle « à ne pas se substituer à la justice ».
L’acteur et chanteur Michel Fau est à l’origine de cette publication. Selon lui, « l’artiste doit rester extravagant, scandaleux, obscène et ingérable ». Il a ensuite confié l’écriture du premier jet à Yannis Ezziadi, éditorialiste du média Causeur. Et comme le raconte ce dernier sur BFMTV, « on ne peut pas laisser Gérard Depardieu le plus grand d’entre nous être traîné dans la boue comme c’est le cas en ce moment, au mépris de la présomption d’innocence ».
Néanmoins, un élément est commun à la plupart des 56 signataires de cette tribune. L’âge moyen de ces derniers est autour de 70 ans. La nouvelle génération du cinéma français est totalement absente de cette tribune. Yannis Ezziadi confirme, « J’ai contacté une dizaine de jeunes acteurs. Mais tous ont dit non, soit parce qu’ils sont très pro-MeToo, soit parce qu’ils ne veulent pas avoir de problèmes».
« La France lui doit tant »
La tribune fait état d’un homme, qui, selon eux « est probablement le plus grand des acteurs ». Elle glorifie l’œuvre de Gérard Depardieu. Il présente l’acteur comme un incontournable du cinéma français « Le cinéma et le théâtre ne peuvent se passer de sa personnalité unique et hors norme. Se priver de cet immense acteur serait un drame, une défaite. La mort de l’art. La nôtre. »
Les auteurs ne manquent pas de rappeler ces performances en tant qu’artiste. « Souvenons-nous combien il fut merveilleux, il y a seulement trois ans, de le voir entrer magistralement dans l’œuvre de Balzac sous la direction de Xavier Giannoli. Et, lorsqu’il a prêté sa profonde délicatesse aux chansons de Barbara… Nous le pensons du fond du cœur, nous ne pouvons et nous ne voulons pas nous passer de lui. » Énoncent-t-ils. Le texte place celui qui selon eux « participe au rayonnement artistique de notre pays » sur un piédestal et déclare « la France lui doit tant ».
Le président de la République, Emmanuel Macron avait pris la parole à ce sujet dans l’émission C à Vous. Il avait exprimé son profond « respect » pour l’acteur et dénonçait une « chasse à l’homme ».
Une tribune au cœur des controverses
Quelques heures après la publication de cette tribune, l’association Papillons n’a pas hésité à réagir. Cet organisme, engagé contre la maltraitance des enfants, a immédiatement cessé sa collaboration avec le célèbre acteur Pierre Richard. Le président de l’association, Laurent Boyet, a déclaré sur X, « Depuis 3 ans, Pierre Richard était à nos côtés. Mais parce que nous sommes et serons toujours du côté des victimes et parce que la tribune de soutien à Gérard Depardieu qu’il a signé est indécente, Pierre Richard n’est plus un des ambassadeurs de l’association Les Papillons».
Le public, lui aussi, n’a pas manqué de réagir. Sur X (Twitter), beaucoup ont répondu par un sketch de Blanche Gardin. Dans cette archive de la 29e nuit des Molières en 2017 la comédienne dénonce les accusés de violences sexuelles et plus particulièrement les artistes. À l’époque, c’était le réalisateur Roman Polanski qui était visé, mais même s’il n’est pas cité, les allusions sont explicites. Elle avait alors tourné en ridicule le débat de « Peut-on séparer l’homme de l’artiste ? « . L’humoriste déclarait : « C’est bizarre cette indulgence qui s’applique seulement aux artistes ? On ne dit pas d’un boulanger : ’oui c’est vrai, il viole un peu des gosses dans le fournil, mais bon, il fait une baguette extraordinaire’ ».
Mardi sur X, les posts reprenant ce sketch se sont multipliés. Tous faisant preuve de plus ou moins d’ironie par rapport aux positions prisent par les personnalités signataires de la tribune.
Dans le fond de cette tribune publié dans Le Figaro, la volonté de préserver « la présomption d’innocence » est au premier plan. Enfin, la tribune ne mentionnant à aucun moment les femmes victimes conclut par « Le reste, tout le reste, concerne la Justice ; que la Justice. Exclusivement ».