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Royaume-Uni : la guerre contre le e-porn est déclarée

Lors d’une intervention télévisée donnée ce lundi, le Premier ministre britannique a demandé aux géants de la recherche Internet Google, Bing et Yahoo! d’agir contre la pédopornographie en ligne en bloquant des résultats de recherches selon la nature des mots clés. Si des efforts ne sont pas fait d’ici octobre, des mesures législatives  seront prises.

«Certaines recherches sont si abjectes, ne laissant aucun doute sur l’intention malade et malveillante de l’internaute, qu’il ne devrait pas y avoir de réponse du tout», a déclaré David Cameron dans un discours rendu public hier. Les contenus pornographiques pourraient bien être bloqués par défaut d’ici 2014. Ce discours du Premier ministre fait suite à de trop nombreux faits-divers qui ont choqué les Britanniques. Parmi ces drames, celui d’une jeune fille tuée par le compagnon de sa grand-mère en mai dernier. Celui-ci fréquentait des sites pornographiques violents. Alors pour David Cameron, le défi est double : « Le premier est d’ordre criminel : il s’agit de la prolifération des images pédopornographiques sur Internet. Le second est culturel : le fait que de nombreux enfants visionnent de la pornographie en ligne et d’autres contenus dommageables, très jeunes, et que la nature de cette pornographie soit tellement extrême que cela puisse fausser leur vision du sexe et des relations ».

Un véritable business qu’il faut contrôler

Aujourd’hui, la pédopornographie n’est pas traitée avec suffisamment d’intérêt, de précaution. Pourtant c’est l’activité criminelle sur Internet qui connaît le développement le plus rapide, générant jusqu’à 20 milliards de dollars, selon une étude de l’ONU. Et si David Cameron ne se contente pas des mesures actuelles en Grande-Bretagne, c’est qu’il sait qu’ailleurs, on peut mieux faire. De nombreux pays réglementent strictement la publication des œuvres pornographiques. Ils contrôlent l’âge minimum, les lieux d’accès ou le type d’images en ligne qui peuvent être représentées. Celles d’un viol par exemple. Au Royaume-Uni, l’interdiction d’accès à des sites illégaux est déjà autorégulée par les fournisseurs d’accès à Internet. Pourtant, pour David Cameron, ce n’est pas suffisant. Il leur adresse « un message très clair. Vous avez un devoir d’agir et c’est un devoir moral ». Et si les efforts et la coopération des moteurs de recherche en la matière ne sont pas jugés suffisants d’ici octobre, le Premier ministre prévient que des mesures législatives seront prises : filtres parentaux conditionnant l’accès internet, interdiction de diffusion de certaines images (pornographie extrême), liste de termes bannis, etc.

Google, pourtant bon élève

Pour The Internet Watch Foundation (la fondation pour la surveillance d’Internet), la traque des pédophiles sur la toile est comparable au nettoyage des écuries d’Augias. Cette association, qui travaille en lien avec la police britannique et les fournisseurs d’accès, scrute jour minutieusement le web afin d’accélérer le retrait de photos et de vidéos pédopornographiques. Encouragé par David Cameron, Google propose sa contribution. L’idée n’est pas de filtrer les données personnelles des internautes, juste de capter les contenus illégaux. Selon le quotidien The Telegraph, la société californienne devrait verser une somme de 1,2 million d’euros sur quatre ans. Ces fonds serviront entre autres au recrutement de nouveaux « traqueurs » qui devront supprimer tous contenus illicites. Une autre partie servira au développement de nouveaux outils, plus efficaces, plus rapide. Google justement utilise depuis cinq ans une technologie de reconnaissance d’images qui lui permet de détecter les contenus pédophiles et les bannir de la toile. Des efforts salués mais qu’il devra accentuer pour l’automne prochain.

Et si l’on s’inspirait de la traque 2.0 …

Negobot. Voici peut-être le moyen le plus efficace à l’heure actuelle de faire face aux pédophiles sur Internet. Ce robot, mis au point par des chercheurs espagnols, et déjà utilisé par la police basque, est capable de piéger des prédateurs d’enfants en se faisant passer pour une adolescente de 14 ans. Elaboré à l’université de Deusto à Saint Sébastien, dans le Pays basque espagnol, ce logiciel d’intelligence artificielle peut converser avec un internaute en utilisant un vocabulaire argotique avec bien sûr des fautes d’orthographe et des abréviations, propres aux jeunes adolescents. Ainsi, pendant plusieurs jours, Negobot peut relancer son interlocuteur comme le ferai n’importe quelle adolescente. Le but est de tirer de cette conversation un maximum d’informations concernant l’interlocuteur afin de l’identifier. Cependant, et même si ce robot n’est pas le premier et qu’il ne perçoit pas encore l’ironie, il est le seul à posséder une véritable personnalité, trompant plus facilement les prédateurs. Un robot qui pourrait faire des petits aux Royaume-Uni.

Juridiquement, que dit la France ?

 D’après l’article 227-24 du Code Pénal, « le fait soit de fabriquer, de transporter, de diffuser par quelque moyen que ce soit et quel qu’en soit le support, un message à caractère violent ou pornographique ou de nature à porter gravement atteinte à la dignité humaine, soit de faire commerce d’un tel message, est puni de trois ans d’emprisonnement et de 75 000 euros d’amende lorsque ce message est susceptible d’être vu ou perçu par un mineur ».

La consultation et la détention de contenu pédopornographique sont eux punissables de deux ans de prison et d’une amende pouvant atteindre 30 000 €. La loi LOPPSI 2 votée fin janvier par le Parlement permet désormais le blocage de sites internet pédopornographiques par les fournisseurs d’accès à internet à la demande du ministère de l’Intérieur sans l’intervention d’un juge. Rien à côté de ce qui peut se passer en Asie et en Chine par exemple, où la répression contre la pornographie est sévère. Là-bas, les peines encourues peuvent aller jusqu’à la réclusion à perpétuité.

 

 

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