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Svetlana Alexievitch‬, prix Nobel de littérature engagée

Svetlana Alexievitch, prix Nobel de littérature 2015

Le 8 octobre, Svetlana Alexievitch a reçu le prix Nobel de littérature décerné chaque année par l’Académie Suédoise. A la limite entre la littérature et le journalisme, l’écrivaine offre une « oeuvre polyphonique, mémorial de la souffrance et du courage à notre époque ».

Un Nobel pour un nouveau style littéraire

A 67 ans, l’auteur biélorusse était donnée favorite pour la réception du fameux Nobel. Elle succède ainsi au français Patrick Modiano qui avait joui d’un franc succès l’année passée. L’oeuvre de Svetlana Alexievitch est pourtant bien différente de celles qui sont généralement récompensées par le Nobel.

Deux critères principaux ont motivé cette nomination. D’une part, Svetlana Alexievitch a une œuvre profondément engagée dans la reconnaissance de la mémoire des grands traumatismes du XXe siècle. D’autre part, elle a inventé un genre littéraire nouveau qui emprunte à la fois aux mécanismes du reportage et à celui du roman.

Pour son livre La Fin de l’homme rouge, l’écrivaine déclare avoir passé près de 25 ans à réunir des témoignages dans le bloc de l’ex-URSS. Ensuite, parmi les 700 interviews réalisées, elle en a choisi quelques unes qu’elle a monté sur le mode du roman. Cette technique innovante sera sûrement amenée à se développer grâce à la reconnaissance de l’Académie Suédoise.

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« L’homo sovieticus » n’est pas mort!

Dans ses œuvres, Svetlana Alexievitch n’a pas peur de traiter des sujets sensibles de l’ex-URSS comme la sortie de la seconde guerre mondiale, la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, la guerre d’Afghanistan ou la chute du communisme.

Dans l’intégralité de son travail, l’écrivaine biélorusse travaille le concept d’homo sovieticus. Dans La Fin de l’homme rouge, sorti en 2013, elle rassemble les témoignages désenchantés des années 1990 d’ex-Soviétiques qui ont vu leurs rêves s’effondrer avec la chute de l’URSS.

Aujourd’hui encore, à l’heure des élections en République Démocratique de Biélorussie, Svetlana Alexievitch profite de l’incroyable visibilité que lui donne son prix Nobel dans les médias pour dénoncer les pratiques de l’actuel président du pays.

Alexandre Loukachenko serait selon elle un parfait représentant de l’homo sovieticus. Il dispose néanmoins d’un large appui populaire car selon toute vraisemblance, il sera de nouveau élu pour la 5e fois à la tête de son pays ce dimanche.

L’homo sovieticus n’est donc pas mort à la chute de l’URSS. Ce week-end, Svetlana Alexievitch a fait une intervention adressée aux dirigeants européens en affirmant : « La dictature stalinienne n’est pas le seul modèle de dictature, il y a beaucoup d’autres variantes ». Selon elle, la Biélorussie est embourbée dans ce qu’elle nomme une « dictature douce ».

« La situation en Russie et en Biélorussie va encore durer longtemps, nous sommes dans une étape intermédiaire après le socialisme (soviétique). Nous avions l’espoir naïf que la démocratie viendrait mais pour avoir la liberté il faut des hommes libres ».

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