Tadej Pogacar a crée la sensation en remportant le Tour de France à seulement 21 ans. Pendant trois semaines, le précoce Slovène a éclaboussé les routes françaises de son talent et de son insouciance pour s’adjuger la plus grande course du monde. Retour sur 5 éléments pour comprendre l’exploit monumental d’un jeune prince devenu roi de France.
1 / Le plus jeune vainqueur depuis 1904
Ce lundi 21 septembre, jour de ses 22 ans, Tadej Pogacar ne pouvait pas s’offrir un cadeau plus prestigieux qu’une victoire sur la plus grande course cycliste au monde. Le jeune Slovène a peut-être enfin réalisé son exploit au moment de gravir la première marche du podium à Paris, vêtu du maillot jaune, le drapeau de son pays entre les bras, sur la plus belle avenue du monde. Si son sacre est une véritable prouesse qu’on n’attendait pas, le gosse de 22 ans a crevé l’écran sur cette 107e édition du Tour de France et marqué l’histoire à tout jamais. En plus d’être le premier Slovène à remporter l’épreuve, Tadej Pogacar devient le plus le plus jeune lauréat depuis plus d’un siècle sur la Grande Boucle.
Le nouveau prodige du cyclisme mondial n’a pas de temps à perdre. Le leader de l’équipe UAE Team Emirates bat des records de précocité depuis son passage chez les professionnels, en janvier 2019. Cinq mois après ses débuts, il devient sur le Tour de Californie le plus jeune vainqueur de l’histoire d’une course World Tour, le plus haut niveau mondial, à seulement 20 ans. Il remporte également le Tour d’Algarve 2019 avant de se révéler définitivement sur la Vuelta avec trois étapes en poche et une 3e place. Un diamant brut qui vient de se polir en 2020 en renversant le Tour de France avec l’art et la manière.
2 / Seul comme un grand
Généralement sans une grosse équipe autour de soi, difficile de revenir sur les Champs-Elysée avec le maillot jaune sur les épaules. Pourtant, le crack Pogacar l’a fait. On ne peut pas dire que le Slovène ait pu vraiment compter sur ses équipiers. Face à l’armada Jumbo-Visma qui a emmené Primoz Rolgic dans un fauteuil pendant trois semaines, le gamin de 21 ans lui, a dû tout faire seul. Pogacar a très souvent pris ses responsabilités dès la première arrivée au sommet. Intronisé seul leader de formation après l’abandon de Fabio Aru, il a été confronté à lui-même dans les moments les plus compliqués du Tour. Si la Jumbo Visma a contrôlé le peloton d’une main de fer, à aucun moment UAE Emirates n’a pris les devants pour son leader, sûrement trop faible pour le faire. Esseulé à maintes reprises dans le groupe des favoris, Tadej Pogacar a donc vaincu à la pédale et souvent au feeling les monstres du peloton comme Rolgic, Dumoulin ou Richie Porte. Un prodige précoce.
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3 / Un contre-la-montre stratosphérique à La Planche des Belles Filles
L’impossible est devenu réalité lors de la 20e étape, la veille des Champs Elysée. C’est sur le contre-la montre de la Planche des Belles Filles que Tadej Pogacar a boulversé la hiérarchie. Avec 57’’ secondes de retard au classement général avant le départ, le chrono entre Lure et la Planche des Belles Filles aurait dû être dans les cordes de Rolgic étant un spécialiste dans le domaine. Il a pourtant été le point culminant de la victoire du génie Slovène de 21 ans en écrasant brutalement son compatriote au terme d’une ascension incroyable.
En affichant une forme optimale pendant le Tour de France, Primoz Roglic aurait sans doute pu le tuer bien avant mais le vainqueur de Vuelta a subi les foudres du TGV Pogacar en direction de la Planche des Belles Filles à une vitesse supersonique. Parti comme une furie, Pogacar a mis une pression sans équivoque sur Roglic qui comptait encore 21 secondes de marge sur son jeune rival et compatriote avant l’ascension finale. Mais le coureur de la Jumbo Visma n’a pas fait une montée si catastrophique, il est juste tombé sur une machine nommée Pogacar difficile à enrayer ce jour-là gravissant la Planche des Belles Filles (6,5 km à 8,5% de moyenne) en seulement 16’10″, ahurissant. En battant Roglic de plus d’une minute, il avait non seulement endossé le maillot jaune de leader pour la première fois avant l’arrivée à Paris, mais aussi remporté l’étape 1″21 devant Tom Dumoulin, le meilleur rouleur-grimpeur du monde. Vertigineux.
4 / Une audace à toute épreuve
Dès le début de la Grande Boucle, tous les regards étaient fixés sur Primoz Rolgic, le grandissime favori. Pourtant, dans l’ombre, Tadej Pogacar montre dans ses prises de parole qu’il saisira la moindre occasion pour attaquer. Quand on ne connaît pas Pogacar, on peut croire que ce sont des ambitions demeurées, mais tout ce qu’il a dit, il l’a fait. Les premières étapes avaient pourtant mal commencé pour le coureur de l’UAE Emirates, victime d’un coup de bordure d’Ineos, perdant « 1’21 » à l’arrivée. À ce moment-là, les chances de voir le Slovène en jaune s’affaiblissent. Mais le jeune homme plein d’insouciance, sûrement touché dans son orgueil a réagi dès le lendemain en attaquant dans le col de Peyresourde. Primoz Rolgic, alors focalisé sur Bernal ou Pinot n’imagine pas que les 40 secondes reprises par son compatriote seront très importantes.
Il n’a cessé de le répéter : quand « petit Pogi » se sent bien, « petit Pogi » attaque. Si Primoz Rolgic est resté tel un seigneur dans les roues de ses équipiers, Pogacar a été détonnant dans ce Tour de France. En plus du contre-la-montre, il a gagné au nez et à la barbe de Rolgic, deux belles étapes de montagne dans les Pyrénéens et les Alpes. S’il n’a jamais vraiment distancé son rival, il a affiché une grande résistance notamment sur les pentes hors normes du col de la Loze ne perdant que 16 secondes ce jour-là. Au final, la victoire de Pogacar est plus que méritée, façonnant son triomphe avec audace et une insouciance qu’il doit conserver à tout jamais.
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5 / Trois maillots distinctifs sur le dos
Si remporter un Tour de France à 21 ans est un exploit historique, Pogacar en a profité pour rallier les Champs-Elysée avec trois maillots distinctifs sur les épaules (jaune, pois du meilleur grimpeur, blanc du meilleur jeune). Une prouesse jamais réalisée depuis Eddy Merckx de 1969 à 1972. Une performance qui a éveillé des soupçons sur le coureur Slovène entouré de Mauro Gianetti, un patron au passé sulfureux en matière de dopage. Pour l’instant, le succès de Pogacar est immanquablement le plus bel exploit du cyclisme moderne et sans la moindre preuve, personne ne pourra lui enlever.
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