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68 ans après en Corée : des familles séparées réunies par la paix

200 familles se sont retrouvées aujourd’hui. Séparées depuis plusieurs décennies pour certaines, le contexte de détente des deux Corées leur offre l’opportunité de se revoir… pour mieux se dire « au revoir ».

Ils étaient 132.114 à s’être inscrits à la loterie des réunions familiales coréennes. 98.000 sont décédés jusqu’à ce jour. Pour la Croix rouge sud-coréenne, les chances d’être sélectionné pour revoir ses proches éloignés sont faibles : seulement 1 chance sur 569 de faire le voyage. C’est peu. Mais pour beaucoup de coréens, l’opportunité est à saisir. Certaines familles ne se sont pas revues depuis la guerre de Corée, conflit mondial qui a entériné la division de la péninsule coréenne.

Trois jours de retrouvailles

93 sud-coréens ont été tirés au sort pour participer à ce grand voyage qui réunit le temps de trois jours et onze heures, les deux Corées séparées. Après la poignée de main historique échangée entre les deux dirigeants coréens, la Corée du Sud s’apprête une nouvelle fois à s’unir avec le Nord. Alors que les deux zones n’envisagent pas la signature d’un traité de paix ou l’abandon total des hostilités, l’évènement résonne comme un nouvel acte dans le contexte de détente. Néanmoins, la rencontre entre plusieurs familles séparées par la guerre n’est pas inédite. Depuis 2000, une vingtaine de réunions avaient été planifiées par les deux Corées pour réunir des proches déchirés par l’Histoire. La communication civile étant proscrite entre le Nord et le Sud, cette opportunité apparaissait comme le seul moyen de reprendre contact avec ces êtres chers. Mais depuis trois ans, c’est la seule réunion qui eut lieu. La liste des candidatures était donc longue. Et parmi les heureux élus, beaucoup de déçus. 

Des heureux et des larmes…

AFP/YONHAP

Des reporters de l’AFP installés à la frontière ont pu apercevoir des brefs moments de retrouvaille. C’est dans la station de montagne nord-coréenne du mont Kumgang que les réunions eurent lieu. L’évènement était supervisé par des agents nords-coréens. 11 heures, c’est le temps consacré à tous ces individus, séparés de leurs proches depuis plusieurs décennies pour certains. C’est sûrement la dernière fois qu’ils se verront. Alors ils devront se dire adieu peu de temps après s’être retrouvés.

200 familles réunies et dans ce chiffre, Lee Keum-Seom âgée de 92 ans est l’une des rares personnes à retrouver un enfant de l’autre côté de la frontière. Leur dernier contact date de la guerre de Corée. Ils avaient essayé de fuir le conflit, main dans la main, mais avaient fini séparés par les autorités. La Corée du Sud avait accueilli la mère et le fils de trois ans, entamé sa vie dans le Nord. « Je suis sûre que je ne le reconnaîtrai pas. Il avait 3 ans, mais maintenant il en a 71. Et il ne me reconnaîtra pas non plus ! Je veux savoir comment il a vécu toutes ces années, si il a été élevé par une nouvelle mère ou si son père l’a élevé tout seul » déclare-t-elle à CNN.

Baïk Sung-Kyu, le doyen de cette année, est âgé de 101 ans. Aujourd’hui il s’apprêtait à rencontrer sa belle-fille et sa petite-fille. Dans ses bagages, des cadeaux dont des habits, des chaussures et autres présents pour cette nouvelle famille. « J’ai aussi pris 20 cuillères en inox. J’ai tout acheté parce que ce sera ma dernière fois » déclare-t-il.

… mais aussi des déçus.

Certaines retrouvailles sont heureuses. Mais d’autres constatent avec tristesse le fossé idéologique qui s’est installé. Ces personnes ont vécu et grandi dans des cultures différentes. Ils voulaient retrouver des proches mais bien souvent, des inconnus les attendaient de l’autre côté de la frontière. Et dans de telles situations, il est compliqué de recoller les morceaux et de réapprendre à se connaître.

Dans Libérationle quotidien nous partage l’histoire des retrouvailles de trois frères. Trois ans auparavant, Kim Seon-Gu est envoyé dans sa terre natale pour retrouver ses proches éloignés. Il aurait souhaité revoir ses parents et ceux qu’il avait bien connus. Mais en Corée du Nord, seuls ses deux petits-frères l’attendaient. « En fait, je n’ai rien ressenti de particulier pendant les retrouvailles. Tous les membres de ma famille étaient morts, il ne restait que mes jeunes frères qui avaient 4 et 7 ans la dernière fois que nous nous sommes vus. Nous avons discuté, j’étais quand même content de les voir, mais nous n’avions aucun souvenir commun », révèle-t-il.

A lire aussi : Corée du Sud : une épave qui contiendrait cent milliards de dollars découverte

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Etudiante en bicursus Droit et Histoire - Sorbonne et Assas
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