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Bilan de la saison ATP 2020 : un resserrement derrière un hydre à trois têtes

2 vainqueurs de GC parmi les 3 disputés cette saison (crédits : eurosport.de)

Après une saison particulière et coupée en deux par la crise du COVID-19, il est l’heure de tirer le bilan d’une saison acharnée. Pour la première fois depuis 6 ans, aucun joueur n’a dominé les autres sur le bilan des titres en Grand Chelem. L’un des nombreux témoins du resserrement entre le duo Djokovic-Nadal et les autres. En plusieurs points, nous faisons donc le tour sur les moments marquants de cette année 2020 de tennis masculin. Avant de se projeter sur 2021.

Les félicitations du Jury : Djokovic, Nadal, Thiem

En préambule, à ce bilan de la saison, il est important de tirer un grand coup de chapeau à l’ATP, qui a réussi à reconstruire un calendrier digne de ce nom en 3 mois. Malgré les polémiques, l’essentiel fut préservé, US Open, Roland Garros, 2 Masters 1000 de préparation, sans oublier la saison indoor. Si l’on rajoute cela à la tournée australienne, il y a de quoi tirer un bilan efficace et de garder des grands moments de l’année 2020 de tennis.

De ce bilan ressort un trio indiscutable, vainqueur des 3 Grands Chelems de la saison et qui a participé aux plus grands matchs de la saison. Novak Djokovic sacré n°1 mondial de 2020, pour la 6e fois de sa carrière (record de Pete Sampras égalé), Rafael Nadal vainqueur d’une treizième coupe des Mousquetaires, lui permettant de rejoindre Roger Federer et ses 20 titres majeurs. Enfin Dominic Thiem, l’Autrichien de 27 ans, qui après une finale épique a remporté l’US Open en Septembre. C’est lui qui avec un titre, une finale et un quart de finale dispose du meilleur bilan en Grand Chelem cette saison. Ces 3 hommes-là ont creusé un écart significatif avec le reste des meilleurs joueurs du monde. Leur intensité physique, leur capacité à ne jamais donner la même balle, et leur intelligence tactique ont fait la différence tout au long de la saison. Il n’est d’ailleurs pas surprenant de constater que les meilleurs matchs de la saison concernent forcément l’un de ces 3 hommes. Que ce soit Thiem-Gaston, Thiem-Schwartzman, Thiem-Nadal à l’Open d’Australie et au Masters ou encore Nadal-Medvedev, tous ont constitué des grands moments de la saison.

Un Quart de finale aux allures de combat de titans (7-6, 7-6, 4-6, 7-6) – (crédits : Australian Open TV)

Le tableau d’honneur : Medvedev, Tsitsipas, Zverev

Derrière les trois mousquetaires, un trio s’est également détaché. Un trio que l’on est pas surpris de retrouver à ce niveau, puisqu’il s’agit de la « Next-Gen ». On a ici des joueurs qui ont réussi à progresser cette saison, malgré les difficultés, malgré une certaine irrégularité et un niveau de jeu parfois chancelant. Le cas de Daniil Medvedev est le plus symptomatique. Après sa fin de saison 2019 ahurissante, ponctuée par deux titres en Masters 1000, une finale de l’US Open perdue après 4h51 de jeu contre Nadal, et 6 finales d’affilée en 3 mois, le redémarrage en 2020 a été plus compliqué. Une défaite rapide à l’Open d’Australie en huitièmes de finale, un premier tour seulement à Roland Garros, contre seulement une demi-finale âpre perdue à l’US Open face au futur vainqueur. Des résultats en demi-teinte, sans finale mais en se maintenant malgré tout à un niveau assez élevé. L’intéressé était cependant déçu de sa saison comme il le déclarait à Bercy justement. « Avant Bercy, je me plaignais à ma femme en disant : ‘Oh mon Dieu, je n’ai pas le niveau. Je n’ai même pas joué une finale cette année.» Mais à Paris justement, le Russe se libère d’un poids en atteignant la finale et en renversant Alexander Zverev. A Londres, lors du Masters, il bat le n°1 mondial, le n°2 mais également le n°3 en finale, pour devenir le « maître ». Un doublé réalisé par les plus grands seulement (Djokovic, Federer…etc).

Pour Tsitsipas, le fond mais aussi le sommet de son année ont été touchés en seulement quelques semaines. A l’US Open, le Grec subit une défaite improbable contre Borna Coric au 3e tour. Il s’incline après avoir eu 6 balles de match (7-6, 4-6, 6-4, 5-7, 6-7). Beaucoup reviennent alors sur la faiblesse de son mental. Mais celui-ci a su réagir parfaitement à Roland-Garros, en atteignant sur terre battue, sa surface la plus faible sur le papier, une demi-finale. Mieux même il a su pousser Novak Djokovic au cinquième set (6-3, 6-2, 5-7, 4-6, 6-1), et qui sait si sans sa blessure à la cuisse, il n’aurait pas pu atteindre plus haut. Quant à Alexander Zverev, il a difficilement convaincu au niveau du jeu, cette saison. Notamment à cause d’un service erratique et d’un manque de réflexion tactique la plupart du temps dans les gros matchs. Mais pourtant indéniablement, l’Allemand a franchi un cap mental. En deux temps. Tout d’abord début janvier à l’Open d’Australie en atteignant sa première demi-finale en Grand Chelem et éliminant Stan Wawrinka. Puis ensuite à l’US Open, ou malgré des matchs terriblement ennuyeux (son quart de finale face à Coric est un exemple en la matière), il fût capable de remonter un score de 2 sets à 0 face à Carreno-Busta en demi-finale. Certes ensuite, il s’effondra de la même manière en finale face à Dominic Thiem. Mais à 23 ans, pour sa première finale majeure, il est difficile de lui demander la lune et sa belle entame de finale prouve malgré tout qu’il avait aussi du plomb dans la tête

Un premier plateau de finaliste de Grand Chelem en attendant peut-être mieux ? (crédits : t-online.de)

Les coups de cœurs : Sinner, Humbert et Gaston

Ces trois hommes resteront nos coups de cœurs de la saison. Ils se sont révélés aux yeux du public international ou aux yeux du public français. Et ils se sont affirmés peut-être comme des hommes de demain. Le plus évident, est l’Italien Jannik Sinner qui à 19 ans, est déjà installé à la 37e place mondiale et a atteint à Roland-Garros son premier quart de finale en Grand Chelem, ne butant que sur le maître des lieux, Rafael Nadal. Surtout, il a décroché il y a peu à Sofia son premier titre ATP. Ceci a confirmé ses progrès fulgurants, pour celui qui mesure 1m88, et qui semble capable par sa puissance de marcher sur ses adversaires, comme il l’a fait contre Alexander Zverev en huitièmes de finale Porte d’Auteuil. Incontestablement la révélation internationale de l’année. Les deux autres coups de cœurs ici choisis sont Ugo Humbert, le jeune français qui abordera l’Open d’Australie pour la première fois en tant que tête de série, ayant terminé la saison à la 30e place, son meilleur classement en carrière. Il entre dans le top 3 des meilleurs français, le tout en remportant ses deux premiers titres, à Auckland en début d’année puis à Anvers. Mieux même à Bercy, il va signer la plus belle victoire de sa saison en battant Stefanos Tsitsipas (7-6, 6-7, 7-6). Seul Milos Raonic le stoppera en quart de finale, après avoir vu le Français se procurer une balle de match. Malgré une grosse déception à Roland Garros avec l’élimination dès le premier tour, ceci montre que le Messin a désormais la capacité de rivaliser avec quelques uns des meilleurs joueurs du monde.

Enfin comment ne pas évoquer, Hugo Gaston, le jeune français de 22 ans totalement inconnu avant Roland-Garros et qui a offert, des grands moments de frissons et d’émotions au public français. Par son jeu atypique truffé d’amortis parfaitement sentis, il a réussi à user Stan Wawrinka sur le Court Suzanne-Lenglen. Mieux même, le Français a failli réussir l’impossible face à Dominic Thiem n°3 Mondial. Revenant de 2 sets 0, à 2 sets partout. Avant de craquer. Mais il a ému et touché plus de 5 millions de téléspectateurs. Progressant jusqu’aux alentours de la 160e place mondiale, c’est désormais une nouvelle route qui s’ouvre à lui dont l’objectif est d’entrer rapidement dans le top 100. Avec son mental d’acier, sa fraicheur dans l’attitude et dans le jeu, il aura su en tout cas réconcilier les Français avec le tennis, au moins l’espace de 15 jours. Désormais, nous avons hâte de suivre sa progression au fil des challengers. En tout cas il ne pouvait pas ne pas figurer dans les moments marquants de cette année 2020.

Gaston-Thiem, un moment fort en émotions (crédits : fft.fr)

Les grandes inconnues : Federer et le calendrier 2021

Si l’année tennis de 2020 a été marquée par de nombreuses surprises, bonnes ou mauvaises, et par des moments forts en émotions, tout comme ses huis clos tristes, 2021 comporte deux inconnues majeures. La première concerne Roger Federer. Le Suisse va fêter ses 40 ans, le 8 août prochain. Encore performant à Melbourne avec une demi-finale, malgré des douleurs au dos, le Bâlois va revenir sur le circuit l’année prochaine après 1 an d’inactivité. La question est de savoir si il sera encore dans le coup pour être performant sur dur, et sur gazon avec cet espoir de triompher à Wimbledon, et enfin aller chercher une médaille d’or olympique en simple. Tout repose dans son physique. Alors que le jeu demande de plus en plus d’intensité, il est légitime de se demander si il sera capable de tenir la route, quand lui-même confia, durant sa pause, ressentir des douleurs aux genoux lui causant 2 opérations, et ne lui permettant de revenir à l’entraînement avant septembre. Protégé par son classement de n°5 mondial en ce contexte particulier, il devrait avoir la chance de pouvoir reprendre un rythme progressif à l’Open d’Australie.

Cet Open d’Australie justement, censé être le premier grand rendez-vous de l’année 2021, voit sa tenue être de plus en plus menacée. L’Australie interdit en effet l’arrivée de voyageurs étrangers avant le 1er Janvier 2021. Ceci ajouté à une quarantaine obligatoire de 14 jours une fois arrivée aux Antipodes, complique sérieusement la tenue aux dates prévues du Grand Chelem australien (18 janvier-1er février). Un report est envisagé de quelques semaines. Une incertitude qui va planer sur le calendrier ATP, comme tout le reste de l’année 2021. Comme en 2020, il faudra faire preuve d’adaptation, face à la crise du COVID-19. Le tout sur le fond d’enjeux politiques importants entre joueurs divisés (Djokovic a crée son propre syndicat avant de se raviser), et d’enjeux financiers (obtenir une meilleure répartition des gains financiers en fonction des tournois et en essayant de léser le moins de joueurs possibles). Après une année 2020 marquée par les huis clos, les surprises, les émotions et un resserrement de la hiérarchie, on peut donc s’attendre à une année 2021 totalement folle marquée en plus par les Jeux Olympiques, et qui risque de commencer dans un grand flou sur tous les plans. L’excitation n’en est que plus grande…

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