Selon une enquête de l’Ifop, l’Hexagone n’échappe pas au phénomène de « sex recession ». Le taux de natalité en France baisse et l’activité sexuelle des Français semble en être la cause. Mais alors, qu’elle est la raison de cette baisse ?
La France connaît un faible taux de natalité et pour les démographes de l’INED, l’activité sexuelle et la fréquence des rapports ont toujours joué un rôle « dans la détermination du niveau de la fertilité des couples ». Le groupe Ifop a alors mené son enquête. L’appétit sexuel des français aurait baissé, laissant place au phénomène de « récession sexuelle » (« sex recession »).
Une « sex recession » chez les jeunes
La proportion de Français(es) ayant eu un rapport au cours des 12 derniers mois n’a jamais été aussi faible en cinquante ans : 76% en moyenne, soit une baisse de 15 points depuis 2006 (étude CSF). Le taux d’activité sexuelle annuelle tombe ainsi à un niveau encore plus faible qu’en 1970.
La jeunesse est la catégorie la plus touchée par cette montée de l’inactivité sexuelle. Selon l’enquête, plus d’un quart des jeunes de 18 à 24 ans initiés sexuellement (28%) admettent ne pas avoir eu de rapport en un an. C’est cinq fois plus qu’en 2006 (5%). Ce constat n’est pas exclusif à la France. Selon la International Academy of Sex Research, 28 % des jeunes Américains n’auraient pas eu de rapports sexuels en 2021. Ce chiffre en hausse de 4 points par rapport à 2011.
En France, ils ne sont plus que 43% à reconnaître avoir, en moyenne, un rapport sexuel par semaine. En 2009, ils étaient 58%. Et cet indicateur montre lui aussi que les jeunes ont une activité sexuelle relativement faible par rapport aux autres générations : 52% seulement des jeunes (initiés) de moins de 25 ans ont en moyenne un rapport sexuel par semaine, ce qui est nettement en décallage des personnes âgées de 25 à 50 ans.
Comment expliquer ce phénomène ?
Les loisirs numériques sont pointés du doigt et expliquerait ce phénomène. En effet, les jeunes de moins de 35 ans vivant en couple sous le même toit, reconnaissent avoir déjà évité un rapport sexuel pour regarder un série/films à la télévision (ex : Netflix, OCS…). Selon l’étude, la moitié des hommes (50%), contre 42% des femmes privilégient leur temps devant un écran à l’instar d’avoir un rapport sexuel.
Les jeux vidéos sont préférés au sexe pour 53% des hommes de moins de 35 ans vivant en couple. Les réseaux sociaux ont également leur part de responsabilité. Aujourd’hui, 48% des hommes de moins de 35 ans vivant en couple préfère se rendre sur les réseaux pour partager des photos ou vidéos plutôt que le sexe.
Les femmes, plus hostiles aux rapports sexuels ?
Après des années d’hypersexualisation de la société, les décennies 2010/2020 marquent bien l’amorce d’un nouveau cycle où la contrainte à avoir une vie sexuelle pour faire « plaisir » ou « comme tout le monde » se fait moins forte. La révolution du rapport au consentement joue également un rôle essentiel dans les rapports sexuels des Françaises.
L’étude montre que les Françaises acceptent beaucoup moins de se forcer à faire l’amour qu’il y a 40 ans. L’enquête montre que 52% des femmes âgées de 18 à 49 ans déclarent qu’il leur arrive de faire l’amour sans en avoir envie, contre 76% en 1981. Il y a aussi cette notion d’indépendance qui ressort, nombreuses sont les femmes qui ne souhaitent plus vivre le schéma de « vie parfaite » imposé par la société avec un(e) partenaire pour fonder une famille. Pour les femmes étant dans une relation, plus de la moitié des femmes adultes (54%, contre 42% des hommes) déclarent qu’elles pourraient continuer à vivre avec quelqu’un dans une relation purement platonique, soit une proportion en nette hausse sur une quarantaine d’années chez les femmes de moins de 50 ans (+ 14 points par rapport à 1981).
De part ces facteurs qui influencent la « sex recession », la place qu’occupe aujourd’hui le sexe dans la vie des femmes est beaucoup moins grande qu’il y a une trentaine d’années. 62% des Françaises accordent aujourd’hui de l’importance à la sexualité dans leur vie, contre 82% en 1996.
* Étude Ifop pour LELO réalisée par questionnaire auto-administré en ligne du 29 décembre 2023 au 2 janvier 2024 auprès d’un échantillon de 2 012 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.