Alors que le monde entier, les yeux rivés sur la France, s’attendait à une nouvelle attaque contre l’Europe, le terrorisme a frappé de l’autre côté de l’Atlantique.
Omar Mateen, américain d’origine afghane, a tiré sur la foule réunie dans un club gay de Orlando, en faisant 49 morts et une cinquantaine de blessés. L’attaque, la plus meurtrière dans l’histoire américaine récente après celui du 11 septembre, a été revendiquée par Daesh.
Le père du tueur a déclaré que son fils était « très énervé après avoir vu deux hommes s’embrasser dans la rue« .
Si l’Etat Islamique a toujours été très hostile aux homosexuels, qui ont souvent fait l’objet de persécutions et violences allant jusqu’à la condamnation à mort, ils n’ont jamais été la cible principale du califat. Cette sanglante fusillade est-elle le signe que la communauté homosexuelle est devenue une cible de premier poids dans la stratégie de Daesh ? Ou l’attaque était-elle plutôt un moyen de rappeler aux États-Unis que l’EI ne s’en prend pas seulement à l’Europe ?
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Omar Mateen : loup solitaire ou soldat bien entraîné ?
Le jeune américain d’origine afghane, actif dans des milieux salafites, avait déjà été soupçonné de radicalisation mais le dossier avait été classé sans suite. Quelques minutes avant de passer à l’action, Mateen a appelé le 911 pour déclarer son allégeance à Abou Bakr Al-Baghdadi, chef de l’Etat Islamique. Daesh a d’ailleurs rapidement revendiqué l’attentat à travers sa radio officielle.
Cependant, on ne peut encore vraiment savoir si l’attaque a été véritablement pilotée par Daesh ou s’il s’agit d’une simple revendication opportuniste. En effet, contrairement aux cas de Paris et Bruxelles qui étaient le fruit du travail minutieux d’une organisation terroriste, Mateen serait passé à l’acte seul.
Un impact remarquable sur les élections présidentielles
Le président Obama a parlé d’un « acte de haine » et a refusé d’employer le terme « islamisme », par souci d’éviter tout amalgame. La coopération de la communauté musulmane est d’ailleurs très importante pour le maintien de la cohésion nationale. Obama a encore declaré que « contre la haine et la violence, nous allons nous aimer. Nous ne devons pas ceder à la peur ou nous retourner les uns contre les autres« .
De son côté, Trump n’a pas tardé à tirer profit de ce massacre. Le candidat républicain à la Maison Blanche a déclaré : « j’avais annoncé que ça allait arriver, parce que nos leaders sont faibles. Et cela ira de pire en pire ». Le « politiquement correct » doit être banni du discours politique, afin de « sauver des vies et éviter d’autres attaques ».
La déclaration d’allégeance à l’Etat Islamique faite par le tueur quelques minutes avant l’attentat peut facilement être utilisée comme une justification supplémentaire de l’islamophobie. Un pays blessé, atteint dans ses valeurs fondamentales, profondément choqué par une attaque au cœur de la Floride est une victime facile du populisme et des extrémismes. Les propos de Trump sont susceptibles de fasciner de plus en plus d’américains.
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Les Etats-Unis, un pays blessé
Après le deuil, les messages de solidarité du monde entier, les hommages émus, le temps viendra pour les Etats-Unis de se poser plusieurs questions. L’utilisation massive des armes à feu, l’intégration des communautés musulmanes au sein de la société civile et les nombreux cas de radicalisation religieuse seront sans doute des points remis en cause.
Les Etats-Unis, où depuis les attentats de Boston en 2013 aucune attaque de matrice islamiste n’avait abouti, doivent-ils repenser leur stratégie de sécurité ? Est-il possible que les Etats-Unis doivent se préparer à faire face à une ambiance de peur généralisée et constante, comme ont dû le faire les français après le 13 novembre ?
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