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Alain Juppé, un dernier combat

Dans le cadre de la série de portraits que consacre Radio VL à chacun des candidats à la primaire de la droite et du centre, focus sur Alain Juppé, ancien premier ministre et favori des sondages. Le crédo de sa campagne : l’expérience comme gage de crédibilité.

Sa carrière politique en 5 dates clés

1983 : Proche conseiller de Jacques Chirac, le jeune Juppé rejoint son mentor en devenant adjoint aux finances à la mairie de Paris.

1988 : Élu député de la dix-huitième circonscription de Paris à quarante-et-un an à peine.

1995 : Nominé au poste de Premier ministre de Jacques Chirac. Le pays est paralysé par des grèves massives contre le plan de réforme de la sécurité sociale que son gouvernement porte. Alain Juppé est contraint à la démission deux ans plus tard.

2004 : Condamnation en première instance à 18 mois de prison avec sursis et dix ans d’inéligibilité dans l’affaire des emplois fictifs de la mairie de Paris. La peine est réduite à 14 mois de prison avec sursis et un an d’inéligibilité en appel. Alain Juppé est accusé d’avoir été au centre d’un système de financement occulte d’employés du RPR entre 1983 et 1995. Nicolas Sarkozy lui ravit la présidence de l’UMP qu’il détenait depuis 2002.

2014 : Réélu pour une troisième fois à la mairie de Bordeaux, il se déclare candidat à la primaire de la droite et du centre en vu de l’élection présidentielle de 2017.

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Ses forces : une expérience qui rassure, une popularité locale

Il a traversé de nombreux ministères (budget, écologie, défense, affaires étrangères) et bénéficie ainsi d’une expertise sur ces sujets-clés. Fort d’une popularité locale bâtie sur son action à la mairie de Bordeaux, il pointe en première position de nombreux sondages ayant trait à l’élection présidentielle. L’homme « droit dans ses bottes » a adouci les angles rugueux de sa réputation d’antan. De plus, il s’engage à n’effectuer qu’un seul mandat à la tête de l’Etat, de quoi rompre avec la tradition du président obnubilé par sa réélection.

Ses faiblesses : une impression de déjà-vu, le périmètre des électeurs de la primaire

Paradoxalement, la carrière d’Alain Juppé représente aussi l’une de ses principales faiblesses. À l’heure où le renouveau de la classe politique est vu comme un impératif chez de nombreux électeurs, le diplômé des plus grandes écoles (Sciences Po, ENA, ENS) a déjà traversé une bonne partie de la Cinquième République dans les hautes sphères du pouvoir. Alain Juppé, qui a reçu le soutien de François Bayrou, cajole la frange centriste de l’électorat dans ses discours. Mais au-delà du noyau dur de Les Républicains, les sympathisants du centre se déplaceront-ils en masse pour voter les 20 et 27 novembre ?

Alain Juppé et ses partisans, réunis à la Baule début septembre, lors de l'université d'été du parti Les Républicains (Crédits : Thibaut Godet).

Alain Juppé et ses partisans, réunis à la Baule début septembre, lors de l’université d’été du parti Les Républicains (Crédits : Thibaut Godet).

Ses principales propositions

Sur le front économique, il envisage environ 90 milliards de baisse de dépense publique, 300.000 fonctionnaires en moins « au moyen du non-remplacement ciblé de départs à la retraite », 6 milliards d’euros d’allègement de l’impôt sur le revenu, ainsi que la suppression de l’Impôt sur la fortune (ISF), des 35 heures et des régimes spéciaux. L’âge légal de départ à la retraite passerait de 63 à 65 ans.

Côté sociétal, il a l’ambition de donner à la France une « identité heureuse » contre le déclinisme et le repli sur soi. Il se déclare désormais « favorable à l’adoption par un couple de même sexe » mais penche pour un sytème de quotas concernant les flux migratoires, appelle à une limitation du droit du sol et au durcissement du regroupement familial. En matière de prévention du terrorisme, il souhaite assigner à résidence les individus fichés S (NDLR : pour « sûreté de l’État ») « jugés dangereux ».

Pour appliquer ces réformes et court-circuiter le temps parlementaire, il compte gouverner par ordonnances. Sur le plan du renouveau en politique, il est partisan du mandat présidentiel unique. Afin de conserver « des élus nationaux qui ne soient pas complètement hors sol », il propose d’examiner situation par situation le cumul des mandats qui deviendra impossible en 2017. Quant aux parlementaires, il veut réduire leur nombre – plus de 900 actuellement, « de moitié ».

Que peut-il espérer de cette primaire ?

Le favori des sondages, dans l’ombre de Jacques Chirac – dont il a assumé la politique et les déboires judiciaires, sent son heure venue au moment de prétendre accéder au poste suprême. Un trophée manquant à l’ancien premier ministre brillamment diplômé. Le septuagénaire entend miser sur son expérience politique hors-norme pour rassurer l’électorat de droite. Depuis des mois, le ministre des affaires étrangères de Nicolas Sarkozy se livre à un duel sans merci avec l’ex président. En privilégiant le rassemblement avec le centre à la séduction des électeurs partis au Front National. Ce sera-là, sans doute, son dernier combat.

Crédits photographiques : Thibaut Godet

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