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Hélas et les nymphes

Un tableau de la période préraphaélite,  représentant des femmes nues dans un lac, a été décroché du mur sur lequel il était exposé à la Manchester Art Gallery. La raison de ce retrait : son contenu jugé sexiste. Loin de faire l’unanimité, cette décision semble déchaîner les passions.

Le tableau en question est Hylas et les nymphes, peint au XIXème siècle par le peintre britannique John William Waterhouse. Depuis le 26 janvier, les visiteurs de la Manchester Art Gallery ne pourront plus se retrouver face aux nymphes nues se baignant. Interpellée par le mouvement #MeToo, la conservatrice, Clare Gannaway, a décidé de décrocher l’oeuvre afin « de créer le débat », tandis que certains crient à la censure. À la place de l’oeuvre, les visiteurs peuvent désormais trouver une feuille de papier expliquant sa disparition. Assumant ainsi son choix, la conservatrice invite les visiteurs à le discuter. 

« Cette galerie existe dans un monde traversé par des questions de genre, de race, de sexualité et de classe qui nous affectent tous. Comment les oeuvres d’art peuvent-elles nous parler d‘une façon plus contemporaine et pertinente ? »

Une initiative vivement critiquée

Si Clare Gannaway place ce retrait dans une dynamique d’incitation au débat, sa décision a été vivement critiquée. Une pétition a d’ailleurs été lancée afin que le tableau soit de nouveau exposé. Les principaux  détracteurs estiment que, loin de créer le débat, cette action le tue et avec lui la liberté de création. Parmi eux, Jonathan Jones, critique d’art du Guardian, s’insurge contre ce retrait qu’il juge puritain et autoritaire. S’il croit en la nécessité de créer le débat au sein des musées, le journaliste s’inquiète de la limite de cette démarche : devra-t-on bientôt enlever les innombrables nus de l’histoire de la peinture ? Botticelli, Goya, Degas, Braque, Picasso, et tant d’autres verront- ils eux aussi leurs oeuvres censurées ? La question que pause Jonathan Jones est de savoir si l’art peut être censuré sur des fonds politiques. Pour lui, la réponse est évidemment non.

Un retrait éphémère pour attirer l’attention

En déclarant que le tableau pourrait être à nouveau exposé dans « une contextualisation différente », la conservatrice fait comprendre qu’elle n’est pas fondamentalement contre ce type de peinture. Selon elle, il ne s’agit pas de censurer précisément cette oeuvre mais d’interroger le fonctionnement de la galerie dans son entièreté.

« Ce n’est pas seulement à propos de cette peinture là. Le problème vient du contexte, de la galerie en elle-même. (…) Nous voulions faire réagir maintenant car on a négligé ce débat trop longtemps. »

La salle dans laquelle était exposé le tableau, exclusivement dédiée aux peintures de nus, s’appelle « Recherche de la beauté ». Le problème, toujours selon Clara Gannaway, est qu’elle ne présenterait que des oeuvres d’hommes s’intéressant au corps des femmes. C’est ce contexte qu’elle entend questionner et, l’espère-t-elle, bousculer.

Loin d’être une simple censure répondant à un esprit puritain, le décrochage de ce tableau entre donc dans une démarche plus globale de mise en débat d’une certaine représentation de la femme. Le corps nu de celle-ci, exhibé soit comme objet de décoration soit comme objet du désir de l’homme, a donc sa place sur les murs d’un musée, mais doit pouvoir être mis en question et ainsi être l’objet de débat dans nos sociétés. C’est en tout cas ce que défend la Modern Art Gallery qui, que l’on soit pour ou contre la démarche, a atteint son objectif. Depuis un mois, les projecteurs sont braqués sur ces nymphes au corps dévoilé.

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