Alors que la censure de la part des gouvernements est très forte dans beaucoup de pays, l’ONG Reporters sans frontières a dès 2020, trouvé une parade.
Transcender les frontières et les barrières
Il y a toujours eu de la censure de la part des gouvernements, et bien que le monde ait progressé en terme de liberté d’expression, certains pays continuent de réprimer d’une main de fer toute tentative de la part du peuple de s’exprimer. C’est le cas par exemple en Arabie saoudite, où depuis 2017, le nombre de journalistes ou d’activistes en prison a plus que triplé! En effet, le régime, dirigé par le prince héritier Mohammed ben Salmane, a durci les restrictions entourant ce que peuvent dire les journalistes.
Mais aussi en Russie, où de la même manière les journalistes sont persécutés, accusés de trahison et envoyés en prison après un simulacre de procès. Pas plus tard que le 18 juin 2025, un journaliste, Artiom Friger, a été arrêté et accusé d’éxtrémisme pour avoir travaillé pour l’organisation d’Alexeï Navalny. Il y a une véritable chasse aux sorcières, qui fait régner un climat de terreur.
Ce ne sont ici que deux exemple, hors cette situation conçerne au moins une centaine de pays et la majorité de la population mondiale.
Carte faisant état de la liberté de la presse dans le monde en 2023
Pourtant, à la fin du XXème siècle, tout semblait indiquer que le monde était à l’aube d’un âge d’or pour la liberté de la presse. En effet à l’époque, on vit la desintégration de l’URSS et la fin du joug totalitaire de cette dernière sur des centaines de millions d’âmes. On observe depuis, une tendance mondial à un durcissement des législations entourant la liberté de la presse et une intolérance envers les opinions différentes.
La bibliothèque
C’est dans ce climat qu’est crée la Bibliothèque sans censure, ou « The Uncensored library » en anglais, par Reporters sans frontières en mars 2020. Cette dernière est construite en 3 mois par 24 joueurs de 16 pays différents sur le jeu vidéo bac à sable Minecraft. Elle contient dans des livres, des centaines d’articles censurés dans certains pays. L’intérêt est de permettre aux joueurs d’accéder à des articles censurés dans leur pays. Bien que la presse soit muselée, les jeux vidéos ne le sont pas forcément, et Minecraft n’avait aucune raison de l’être. Raison pour laquelle, l’ONG a pu « cacher » ces articles et contourner la censure.
La bibliothèque non censurée est un lieu où sont conservés des articles provenant des coins les plus dangereux du monde, où la liberté d’expression est attaquée », a déclaré Christian Mihr, directeur général de RSF Allemagne.
On y retrouve 6 pièces dédiées chacune à un pays: la Russie, le Vietnam, l’Egypte, le mexique et l’Arabie Saoudite. La dernière est dédiée à Reporters sans frontières, ses missions et ses valeurs. Dans le hall central se trouve une carte de la Terre illustrant quels pays censurent leurs journalistes (deuxième image). Puis tout autour de cette carte se trouve 200 drapeaux, associés à un livre, dans lequel est écrit un état des lieux de la liberté de la presse dans le pays en question.
« La bibliothèque non censurée est une utilisation audacieuse de Minecraft et incarne vraiment tout ce qui est formidable dans ce jeu et dans la communauté qu’il a créée », James Delaney, directeur général de BlockWorks.
Véritable petit oasis dans un désert de propagande, la bibliothèque est une opportunité pour celles et ceux vivant dans des pays autoritaires, de sortir un peu la tête de l’eau. Mieux encore, son caractère ludique lui confère une plus grande attractivité, notamment envers les plus jeunes, ceux que le pouvoir n’a pas forcément encore complètement endoctriné. C’est donc une opportunité en or que de leur donner un outil pour s’émanciper intellectuellement et peut être qui sait, changer les choses dans leur pays.