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« D’après des faits réels » : 5 true crime dramas, un genre qui nous fascine

Petite sélection de séries plus ou moins librement adaptées de faits divers, appartenant au genre étonnamment populaire du true crime drama. 

Dans la catégorie de la meilleure mini-série, quatre des cinq nominées aux Emmy Awards 2022 sont inspirées de faits réels. Exceptée The white lotus, les autres (Dopesick, Pam & Tommy, The Staircase et Inventing Anna) relatent plus ou moins librement de vraies affaires ; ce sont des true crime dramas, un genre qui rencontre indéniablement un vif succès. 

Le phénomène n’est pas nouveau :  de grands écrivains se sont inspirés de faits divers (Gustave Flaubert avec Madame Bovary, François Mauriac avec Thérèse Desqueyroux ou Truman Capote et son De sang froid.), le cinéma s’est emparé du sujet dès ses débuts (George Méliès en 1899 avec L’affaire Dreyfus ou le M le maudit de Fritz Lang inspiré du Vampire de Düsseldorf) et les séries ont naturellement emprunté le même chemin. 

Des gens plus intelligents que nous (psychologues, criminologues, etc.) cherchent à comprendre l’attrait qu’exerce le genre et avancent plusieurs explications : exutoire cathartique nous permettant de conjurer nos peurs à l’abri derrière notre écran ; illustration des angoisses et valeurs propres à notre société ; plongée dans les côtés plus sombres de l’humanité alors qu’on essaye de comprendre- même si parfois c’est incompréhensible – la motivation derrière ces actes. Plus prosaïquement, ce sont aussi souvent de bonnes histoires, capables de nous tenir en haleine. Nous avons déjà évoqué The girl from Plainville, Doctor Death, Landscapers ou encore Sur ordre de Dieu ; voici d’autres séries récentes, basées sur des faits réels.

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Tokyo vice (Prochainement sur MyCanal)

Au début des années 1990, l’Américain Jake Adelstein (Ansel Elgort) est le premier occidental embauché par le célèbre journal japonais Meicho Shimbun. Il découvre les bases du travail de journaliste, l’exigence du milieu professionnel au Japon, les relations avec la police…  Mais en enquêtant sur une mort mystérieuse, il entre dans le monde interlope des yakuzas. A mesure qu’il creuse son sujet, il se rapproche dangereusement d’un des chefs de l’organisation criminelle la plus puissante du Japon…

Librement inspirée de l’autobiographie du journaliste Jake Adelstein, adaptée par Michael Mann (qui réalise plusieurs épisodes), la série suit ce jeune journaliste américain qui découvre la société japonaise avec ses codes, ses exigences…et sa criminalité. Une plongée haletante dans l’univers du crime, des liens entre la presse et la police, dans le monde des clubs et de la prostitution, dans celui du crime organisé et des yakuzas. Malgré quelques défauts, c’est une excellente série, pleine de suspense et de tension. 

Black bird (Apple TV)

Condamné à dix ans de prison pour trafic de drogue, Jimmy Keene (Taron Egerton) est contacté par le FBI qui lui propose un marché : s’il veut être libéré, il devra être transféré dans une prison de sécurité maximale accueillant des criminels considérés comme mentalement dérangés, afin d’obtenir les aveux d’un tueur en série présumé, Larry D. Hall (époustouflant Paul Hauser) qui aurait assassiné une dizaine de jeunes filles.  Jimmy accepte et tente de se rapprocher de son codétenu, malgré le danger que représentent les autres prisonniers et le risque d’être découvert en tant qu’infiltré…  

Black Bird, signée du grand Dennis Lehane, est une série sombre, violente, dérangeante, portée par le duo Egerton / Hauser. Tout en suivant l’enquête menée par un  flic opiniâtre (Greg Kinnear) et une agente du FBI (Sepideh Moafi), on tremble en permanence pour Jimmy, enfermé dans cette prison pour détenus dangereux et qui tente de faire parler Larry, personnage misogyne, pervers et malsain (et tueur en série présumé.) La tension est permanente, étouffante et même parfois difficile à encaisser. Malgré quelques longueurs, Black Bird est une série forte à la Mindhunter, qui vous hante d’autant plus qu’elle est tirée d’une histoire vraie  (on vous rappelle que c’est le thème, hein…) .

Clark (Netflix)

Dans les années 1970, le criminel le plus célèbre de Suède s’appelle Clark Oloffson (Bill Skarsgård, aussi brillant que survolté). Petit délinquant abonné aux centres de détention pour mineurs, il va vite passer aux choses sérieuses avec des vols et des braquages. Charmeur, doté d’un ego surdimensionné et d’une incroyable capacité à  retomber sur ses pieds, il va mener une vie dangereuse, chaotique mais effrénée et exaltante…  entre deux séjours en prison, dont il parvient toujours à s’évader. 

La vie totalement folle de Clark Olofsson illustre à merveille la maxime selon laquelle la réalité dépasse la fiction.  Vols, braquages de banques, prises d’otage (il est à l’origine du célèbre « syndrome de Stockholm »), agressions, évasions, trafic de drogue… Dans la Suède des années 1970 à 1980, ce type s’est pourtant forgé une image presque glamour de héros populaire, grâce à son charisme et son humour. Pour illustrer la vie de celui qui se définit comme un mélange de « Fifi Brindacier et d’Al Capone », la série adopte un ton excentrique de comédie burlesque avec des séquences grotesques, une  mise en scène explosive, des scènes hilarantes voire surréalistes. Pour autant, le portrait évite de basculer dans l’hagiographie grâce à une conclusion extrêmement habile. Une série étonnante, qui vaut le détour. 

The thing about Pam (Salto)

Le 27 décembre 2011, Betsy Faria (Katy Mixon) est retrouvée à son domicile dans le Missouri, sauvagement poignardée de cinquante-cinq coups de couteau. Arrêté pour le meurtre, son mari Russ (Glenn Flesher) clame son innocence alors que tout l’accuse. A commencer par le témoignage de la meilleure amie de Betsy qui l’a raccompagnée chez elle le soir de sa mort : la gentille voisine Pam Hupp (Renée Zellweger). Gentille, vraiment ? Cette femme au foyer sans histoire et appréciée de tous cache peut-être bien son jeu…

The Thing About Pam s’empare d’un fait divers sordide et retrace l’enquête, les interrogatoires et le(s) procès tout en mettant en lumière les dysfonctionnements du système judiciaire qui ont failli mener au fiasco. La série  est suffisamment intrigante pour qu’on s’accroche malgré de grosses maladresses. En particulier, le choix de faire de cette sombre histoire une sorte de Desperate Housewives, mélangeant thriller, drame et comédie avec tous les codes de la série de Marc Cherry. A voir quand même, au moins pour une Renée Zellweger excellente dans le rôle de Pam.

Oussekine (Disney+)

Dans la nuit du 5 décembre 1986 à Paris, le jeune Malik Oussekine (Sayyid El Alami) rentre tranquillement chez lui. Mais alors que des manifestations d’étudiants dégénèrent dans le quartier, il est pris en chasse par des voltigeurs de la police qui le traquent jusque dans un hall d’immeuble et le battent à mort. Plongés dans la détresse et l’incompréhension, les membres de sa famille vont être emportés dans un tsunami médiatique, politique et judiciaire alors qu’ils se battent pour obtenir justice, pour Malik. 

Plus qu’un fait divers, c’est un drame qui a marqué la société française et dont les traces sont encore vivaces aujourd’hui. En quatre épisodes, Oussekine aborde cette affaire en se plaçant non pas du côté judiciaire, mais de celui de la famille. Elle délivre alors un récit intimiste bouleversant. Si on découvre les événements de la nuit fatidique (la scène est éprouvante), on suit avant tout le combat des Oussekine, déterminés à obtenir justice pour Malik. Mais on nous raconte aussi l’histoire et le parcours de la famille, entre l’Algérie et la France au moment de la décolonisation. En arrière-plan, c’est la France des années 80 avec son paysage politique, les manifestations étudiantes, les brutalités policières, le racisme ordinaire. Une histoire d’autant plus forte que, vingt-deux ans plus tard, la situation de l’époque résonne encore avec la nôtre.

About author

Traductrice et chroniqueuse, fille spirituelle de Tony Soprano et de Gemma Teller, Fanny Lombard Allegra a développé une addiction quasi-pathologique aux séries. Maîtrisant le maniement du glaive (grâce à Rome), capable de diagnostiquer un lupus (merci Dr House) et de combattre toutes les créatures surnaturelles (vive les frères Winchester), elle n'a toujours rien compris à la fin de Lost et souffre d'un syndrome de stress post-Breaking Bad
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