A deux jours du grand final de Game of Thrones, les passions se déchaînent quant à la qualité de cette saison 8. Et si en réalité ça n’avait que peu d’importance ?
Le moins que l’on puisse dire c’est que comme ce fut le cas depuis la première saison, Game of Thrones déchaîne les passions. Si avant, le monde se divisait en deux groupes – ceux qui adorent et ceux qui s’en moquent – aujourd’hui, la question tourne plutôt autour : est ce que cette dernière saison est complètement ratée ou pas ? Je vous arrête tout de suite, on ne cherchera pas à vous départager ici. Chacun a le droit d’aimer ou pas cette saison. Si tant est que l’on dépassionne un peu tout ça.
Si l’auteur de ces lignes a toujours trouvé démesuré la hype autour de la série que l’on qualifiait un peu vite de « série culte » ou de « série qui a changé la face de la télé à tout jamais« , il faut bien reconnaître qu’à une époque où on nous explique que la « bonne manière » de regarder une série c’est via une plate-forme sur son smartphone et à son rythme, Game of Thrones a prouvé que quand la télévision fait ce qu’il faut pour produire un bon programme, elle peut encore fédérer le public avec un rendez-vous hebdomadaire. Preuve que ce moyen n’est pas mort : les audiences explosent et les lives tweet aussi. Dès lors, le véritable héritage de Game of Thrones est déjà de montrer que le public est toujours en attente de se rassembler autour d’un programme (qui ne serait pas juste le sport!!). Cette sorte de communion autour de Game of Thrones – que l’on trouve ou pas qu’on en fait trop – ne peut que faire plaisir à l’amateur de séries. Cette communion s’est forgée saison après saison.
Pourquoi dès lors un tel déchaînement notamment sur cet épisode 5, tant de la part de certains journalistes que d’une partie du public ? Justement car il y a eu un réel investissement depuis le lancement de la série, que chacun s’est construit « sa fin idéale » et que cette appétit ne pourra jamais vraiment être totalement satisfait. Mais aussi car on a tous plaqué sur la série des choses qui nous sont plus au moins personnelles, des combats, des peurs, des envies et qu’assez fatalement, on ne peut qu’être plus ou moins déçu car Game of Thrones reste la vision de deux auteurs (alliés à George R.R Martin bien sûr) mais non pas celles de millions de gens. Regarder une série c’est accepter de rentrer dans l’univers de quelqu’un et qui ne sera pas forcément le sien. Dès lors, qu’on accepte, qu’on aime, qu’on refuse, ou qu’on déteste, rien ne changera ça. Et ça n’empêchera en rien les débats passionnés et très saints, si tant est qu’on ne bascule jamais dans une haine déraisonnée d’auteurs qui ont été au bout de leur travail.
C’est bien gentil tout ça mais est ce que cette fin de série est nulle ou pas ?
Comme on l’a dit plus haut, on s’en moque. On aura cette discussion à chaque fois qu’une série enflammera le public. Et la caisse de résonance offerte par les réseaux sociaux aujourd’hui ne fera que décupler un peu artificiellement ce sentiment. Souvenons nous de la fin de Lost par exemple qui déchaîna aussi les passions. Mais pas seulement Lost.
Au même titre qu’il est aujourd’hui assez prématurée de dire si Game of Thrones est une série culte, il est tout aussi prématuré de décréter que cette fin de série est ratée. Laissons GoT passer l’épreuve du temps. Et souvenons-nous d’une petite série légèrement passée à la postérité et dont le dernier épisode fut diffusé il y a bien longtemps déjà en 1968 : Le Prisonnier. Les réactions à la vision de ce dernier épisode ont été tellement énormes que son héros et créateur, Patrick McGoohan a quitté l’Angleterre pour les Etats-Unis. Aujourd’hui, le temps a passé et Le Prisonnier est devenue une oeuvre fondatrice de toute la culture sérielle. Loin de nous l’idée de comparer ces deux séries mais juste dire de laisser le temps faire son oeuvre. Laissons lui la possibilité de déterminer si la série aura ou pas cet impact, et si cette dernière saison trahit à ce point (ou pas) tout le travail effectué depuis le début.
Dans une époque où tout va vite et où tout doit aller vite, le temps est parfois un luxe qu’il convient de s’offrir.