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Gérard Collomb, le ministre-symbole qui ne devait (surtout) pas vaciller

Gérard Collomb, le premier des Marcheurs, veut quitter l’exécutif. Une mauvaise nouvelle pour Emmanuel Macron car le premier flic de France ne devait (surtout) pas être le symbole qui vacille.

Gérard Collomb veut quitter le gouvernement et le dit haut et fort. Cet après-midi encore, dans un entretien au Figaro, le Ministre de l’Intérieur dit « maintenir sa proposition de démission » refusée hier soir par Emmanuel Macron. Depuis son interview à « L’Express » dans laquelle dit son envie de démissionner pour être candidat aux municipales à Lyon, le malaise de Gérard Collomb est palpable. Le locataire de la Place Beauvau, qui dit « ne pas être un kamikaze », estime avoir fait son job et veut rentrer entre Rhône et Saône. Surtout, il ne veut plus entendre les critiques dont il est la cible quotidiennement depuis cet été : « ministre à temps partiel » ou « homme le moins informé de France ». Une « campagne de dénigrement » de son ministère qu’il dit vouloir « protéger » en quittant l’exécutif. Une intention louable mais dont les conséquences politiques vont être importantes.

 

Gérard Collomb, le marcheur historique qui veut faire un break

Pour Emmanuel Macron, le départ annoncé et désiré de l’ex-Sénateur Maire de Lyon du gouvernement est une très mauvaise nouvelle. En effet, Gérard Collomb fait partie des premiers grands élus à avoir cru en Emmanuel Macron dès 2015. A cette époque, le social-réformiste est étriqué au sein de l’aile droite du PS. Mais sa rencontre avec Emmanuel Macron le 27 août 2015 – lors de l’université d’été de l’aile droite des socialistes – est une révélation. « Il nous a fait un discours extraordinaire sur la façon dont le monde était en train de changer » se souvient Gérard Collomb. Il décide de s’engager, à ses risques et périls. A l’époque, ils ne sont qu’une poignée, En Marche n’existe pas et le futur candidat est encore Ministre.

En avril 2017, dans Le Point, Gérard Collomb vantait sa discrétion : « Ce qu’il me dit reste entre nous […] Je suis une tombe ». Mais après un an d’exercice et un été compliqué, Gérard Collomb semble avoir ouvert sa tombe sur les vestiges de l’affaire Benalla, dans laquelle il reproche au Président « de ne pas être monté au créneau plus tôt ». Une affaire que le Ministre à du mal à digérer et pour cause. D’abord, car elle a bloqué la réforme constitutionnelle à laquelle il tenait tant. Ensuite, car elle a mise à mal sa réputation en se faisant taxer « d’homme le moins informé de France ». Aujourd’hui, Gérard Collomb ne veut plus tanguer à Paris mais revenir à Lyon où il est respecté aussi bien dans la majorité que dans l’opposition. Emmanuel Macron tente de tout faire pour le garder au gouvernement au risque voir le subtil équilibre du macronisme s’effondrer. Un scénario catastrophe bien enclenché.

Gérard Collomb (déjà en campagne) tacle Emmanuel Macron

Rien n’y fait, Gérard Collomb a décidé de partir et le montre en sortant de sa réserve habituelle depuis plusieurs semaines. Sur BFMTV, il s’est d’abord épanché sur « le manque d’humilité » d’Emmanuel Macron. Malgré un dîner d’explications entre les deux hommes, Gérard Collomb ne retient plus ses coups. Quelques jours plus tard, il affirme « ne pas être nombreux à pouvoir encore lui parler » et incendie son patron dans La Dépêche du Midi : « les provinciaux – et j’en suis – ne se reconnaissent pas dans la nouvelle grammaire de la politique et dans la start-up nation ».

En réalité, il pensait que l’annonce de sa candidature à Lyon allait décider Emmanuel Macron à se séparer de lui. Mais le chef de l’Etat s’est simplement contenté de noter « une bonne nouvelle ». Mais Gérard Collomb, qui se montre impatient, continue de critiquer son patron pour montrer aux lyonnais qu’il n’est pas « béa » et éviter un « come-back » raté qui serait une humiliation. Un ministre en campagne et qui veut de la « clarté pour les Français et les lyonnais » : son interview au Figaro sonne comme un ultimatum à la suite duquel le Président de la République dit « attendre les propositions du Premier Ministre » pour le remplacer.

 

Avec le départ de Collomb, les européennes 2019 mal engagées

« Je n’ai pas une vocation de kamikaze » lâchait le Ministre de l’Intérieur devant une journaliste le 6 septembre dernier. Comme si l’annonce de sa démission était déjà écrite. D’abord prudent, il disait vouloir partir après les européennes et puis ce sera probablement plus tôt. Rien d’étonnant car les signes avant-coureurs étaient nombreux. Outre les critiques récurrentes, le départ de son directeur de cabinet le lyonnais Jean-Marie Girier (décidé par l’Elysée) pour rejoindre Richard Ferrand à l’Assemblée Nationale a mis un coup au moral de Gérard Collomb car ils travaillaient ensemble depuis 2007. Si le principal interessé « dément toute corrélation » difficile de ne pas s’interroger sur le timing. Dans le même temps, Jonathan Guémas, son conseiller “stratégie, prospective et discours” quitte lui aussi quitter l’Intérieur pour rejoindre l’Élysée, selon le JDD. Les départs en cascade de ses proches lui donnent peut-être envie de retrouver sa liberté alors que « 80% de son agenda est dicté par l’Elysée » selon des proches.

Si la valse des conseillers a débuté, celle des Ministres ne semblait pas d’actualité, encore moins pour Gérard Collomb. Cet homme de gauche, social-réformiste qui a toujours dirigé sa métropole en dépassant le clivage gauche/droite, était très précieux en vue des européennes. Son départ annoncé est une fausse note importante, signe pour certains que quelque chose ne fonctionne pas tant la figure du « parrain » lyonnais était primordiale au sein gouvernement. Néanoins, celui va devoir affronter les européennes – premier grand test électoral pour En Marche – avec ou sans Gérard Collomb en son sein et lui trouver rapidement un remplaçant à la hauteur. En attendant, « le futur ex-Ministre » reçoit le G6 européen des Ministres de l’Intérieur les 8 et 9 octobre prochain… à Lyon. L’occasion de prendre un grand bol d’air frais. 

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